Comment l’exposition Espace Observé au Manoir de la Sablière redéfinit-elle l’art en tant que vecteur de résilience en République Démocratique du Congo ?


**L’Exposition Espace Observé : Une Plongée Artistique au Cœur de la Résilience Congolaise**

Le 1er février 2025 restera dans les annales de l’art congolais comme une étape marquante du dialogue entre créativité et engagement sociopolitique. L’exposition Espace Observé, tenue au Manoir de la Sablière à N’sele, a attiré plus de 200 visiteurs en deux semaines. Les œuvres présentées par sept artistes congolais et leur engagement en faveur de la communauté locale témoignent d’une dynamique culturelle qui s’inscrit dans un mouvement plus vaste : celui de l’appropriation de l’art comme vecteur de résilience face aux adversités que rencontre le pays.

**Une Démocratisation des Arts à Kinshasa**

L’initiative de Rodrigo Gukwikila, en tant que curateur, a permis de rétablir une connexion entre les artistes et les habitants d’une région souvent négligée dans le paysage artistique du pays. Ce projet n’est pas seulement une exposition ; c’est une véritable introspection et un appel à l’action. En redéfinissant le Manoir comme un « Manoir des arts », Gukwikila ouvre un espace non seulement pour la consommation d’art, mais pour la création collective et l’éveil des consciences. En effet, une étude menée par l’Institut Congolais de Statistiques montre qu’une forte majorité de la population urbaine de Kinshasa, à peine 22%, a accès à des événements culturels. Cet événement s’avère crucial pour enrayer cette tendance.

**Art et Engagement Politique : Un Dialogue Nécessaire**

Au-delà de la célébration de la créativité, l’exposition a offert une plateforme unique pour témoigner des souffrances et des luttes de la population de la ville de Goma, mise à mal par les conflits armés. Le choix d’évoquer le général Mamadou Ndala symbolise la rencontre entre l’art et la mémoire collective. Alors qu’environ 8 millions de Congolais sont actuellement déplacés par la violence, l’utilisation de l’art comme moyen de sensibilisation prend une résonance particulière. L’exposition révèle une volonté d’inscrire ces tragédies dans le paysage culturel, transformant ainsi l’art en un outil de résilience. Il rappelle au public que l’art ne doit pas se cantonner à une élite mais doit aussi porter la voix des opprimés.

**Vers une Économie Artistique Émergente**

Le succès de l’Espace Observé soulève des questions cruciales sur l’avenir de la scène artistique congolaise et son potentiel économique. Selon le rapport de l’UNESCO sur le secteur culturel en Afrique, le marché de l’art africain est en pleine expansion, avec une croissance annuelle estimée à 30%. Avec des initiatives comme celle-ci, le Congo pourrait devenir un pôle d’attraction pour les investisseurs dans le secteur culturel. La collaboration entre artistes et communautés est essentielle pour créer non seulement un écosystème culturel dynamique, mais aussi une motivation pour les entrepreneurs locaux à s’engager dans l’artiste-industrie.

**Perspectives : Vers Une Élargissement des Horizons**

Gukwikila a annoncé que l’Espace Observé ne serait pas un événement isolé, mais qu’il se déploierait prochainement à Moanda, au Kongo Central. Cette démarche de décentralisation est extrêmement pertinente dans le contexte actuel, où il est primordial d’étendre l’accès à l’art et à la culture au-delà des grandes villes. Notons que la décentralisation de la culture contribue à une meilleure intégration des différentes régions dans le récit national, favorisant ainsi une cohésion sociale à travers des expériences partagées.

**Conclusion : Un Art au Service de la Société**

L’exposition Espace Observé représente plus qu’un simple événement artistique. Elle incarne un acte de résistance et de solidarité qui redéfinit le rôle de l’art dans la société. En insufflant un esprit d’optimisme et d’engagement, elle invite chacun à considérer l’art non seulement comme un produit de luxe, mais comme un enjeu fondamental de la dignité humaine et de la cohésion sociale. En définitive, cela prouve que l’art peut transformer des espaces de souffrance en scènes de créativité, rétablissant ainsi un équilibre fragile au cœur d’un pays en quête de paix et de prospérité. La voie de la résilience est pavée de couleurs, de formes, mais surtout de consciences éveillées.