Quelle est l’importance d’une police éthique pour renforcer la confiance des citoyens en RDC face à la militarisation des forces de sécurité ?


**La Mobilisation des Forces Policières face à l’Agression : Entre Devoir et Éthique**

Dans un contexte où la sécurité nationale est plus que jamais sous pression, le commissaire divisionnaire principal Philémon Patience Mushid Yav a convoqué une réunion d’urgence pour mobiliser les forces de l’Inspection générale de la Police nationale congolaise (PNC) dans la lutte contre les menaces pesant sur la République Démocratique du Congo (RDC), en particulier à Goma. Cette initiative, bien que nécessaire sur le plan de la défense, pose également des questions éthiques et stratégiques sur la nature même du rôle de la police dans un pays en proie à des conflits complexes et souvent dévastateurs.

### Mobilisation : Un Imperatif National, mais à quel Prix ?

La déclaration de M. Mushid incarne une réponse instinctive à des enjeux sécuritaires immédiats. L’appel à la bravoure et à la patriotisme résonne comme une nécessité, mais soulève également des interrogations sur la frontière entre la défense légitime des citoyens et l’engagement dans un conflit armé. Alors que les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) luttent contre les éléments du M23 soutenus par le Rwanda, le cercle de la sécurité se déplace vers une militarisation de la police. Ce virage n’est pas sans controverse. En effet, de nombreux experts s’interrogent sur la capacité des forces policières à jouer un double rôle – celui de gardien de la paix et de participant à un conflit armé.

Il est crucial de rappeler que dans des conflits similaires, le mélange des rôles a souvent conduit à une dérive des missions policières. Par exemple, en Egypte, après le déclenchement de la Révolution en 2011, les forces de police ont été mobilisées pour des opérations de répression qui ont sérieusement entaché leur image et leur légitimité auprès de la population. À l’inverse, en Allemagne, les autorités ont su maintenir une séparation claire entre les rôles de police et de l’armée, préservant ainsi la confiance de la population.

### Vers une Définition Élargie du Rôle Policier

La déclaration du commissaire insiste sur le devoir de solidarité entre les membres de la PNC, une notion qui, dans le feu de l’action, pourrait se traduire par une érosion des droits civils. La PNC est perçue par une partie de la population non seulement comme gardienne de l’ordre, mais aussi parfois comme un instrument de coercition. La remise en question de l’éthique au sein des forces de sécurité est plus que jamais d’actualité. La nécessité d’établir des lignes de conduite éthiques claires et de former les forces de police à ces valeurs devient alors centrale.

Il est primordial que cette mobilisation ne se traduise pas par des comportements inappropriés. La lutte contre les abus et les bavures policières doit coïncider avec l’initiative de mobilisation. À cet égard, une approche proactive consistant à instaurer une transparence au sein de la PNC, avec des mécanismes clairs de reddition de comptes, peut renforcer la confiance des citoyens tout en permettant à l’institution de se concentrer sur ses véritables missions.

### Un Impératif de Proximité et de Services

Au-delà de la mobilisation pour des conflits armés, se pose également la question d’un vrai partenariat avec les communautés locales. Les policiers doivent être présents sur le terrain, non pas seulement en tant que forces de répression, mais en tant que véritables partenaires dans la protection des droits des citoyens. L’appel de Mushid à imposer le respect des droits de chacun semble donc être un contrepoids nécessaire à la militarisation des opérations.

Des modèles internationaux, comme le programme Community Policing, existent pour transformer la manière dont la police interagit avec la société. Cette approche favorise une dynamique de confiance et de coopération entre la police et les communautés qu’elle sert. Cela pourrait permettre à la PNC non seulement de protéger, mais aussi de bâtir des ponts avec des citoyens parfois sceptiques face à la police.

### Conclusion : Un Appel au Choix Stratégique

Alors que la RDC se trouve à un carrefour, la question demeure : quelles priorités choisir pour construire une police respectée et légitime ? Mobiliser les forces de police pour soutenir l’effort militaire contre des menaces extérieures peut sembler une réaction instinctive et patriotique. Cependant, la véritable bravoure réside également dans la capacité à se projeter au-delà de l’urgence et à construire une police qui, tout en étant prête à défendre la nation, reste ancrée dans les valeurs de protection des droits de l’homme et d’un service public de qualité.

Alors que le pays se prépare à faire face aux instabilités persistantes, il devient crucial d’envisager un cadre qui intègre défense et respect des droits civiques. La PNC pourrait ainsi jouer un rôle exemplaire, nourrissant un véritable partenariat avec les citoyens, tout en agissant avec la détermination requise pour faire face aux menaces existantes. Ensemble, policiers et citoyens doivent co-inventer un avenir plus sécuritaire, où l’honneur, la déontologie et le service public priment sur la répression. L’apprentissage de cette coexistence harmonieuse sera sans doute la clé pour sortir de la spirale de violence et d’instabilité qui hante la RDC depuis tant d’années.