Pourquoi Abdel Fattah al-Sisi rejette-t-il la réinstallation des Palestiniens et quelle stratégie dessine-t-il pour la paix en Gaza ?


### L’Égypte face à la crise de Gaza : Un décryptage d’un discours audacieux

Le discours du président égyptien Abdel Fattah al-Sisi, lors de sa récente conférence de presse avec son homologue kenyan William Ruto, résonne comme un cri de ralliement pour la solidarité arabe et un refus catégorique de la réinstallation forcée des Palestiniens. Dans un contexte marqué par le conflit en cours à Gaza depuis le 7 octobre 2023, les paroles de Sisi soulignent l’importance stratégique et historique de l’Égypte dans la résolution du conflit israélo-palestinien.

### Un cadre historique et politique

L’Égypte, en tant que pays hôte d’une des premières conférences de paix sur le conflit israélo-palestinien avec les Accords de Camp David en 1978, a toujours eu une position géopolitique centrale. Le projet de paix proposé à l’époque a été marqué par des concessions territoriales significatives et un engagement en faveur de la sécurité régionale. Aujourd’hui, Sisi rappelle ces éléments non seulement pour ancrer son discours dans un passé glorieux, mais aussi pour rappeler aux Égyptiens et à la communauté internationale l’engagement inébranlable de l’Égypte envers la cause palestinienne.

### Les revendications et les droits historiques

Sisi évoque les « droits historiques » des Palestiniens sur des territoires pré-1967, un point de référence qui éveille des sentiments nationalistes et des aspirations à l’autodétermination. Son affirmation selon laquelle la création d’un État palestinien indépendant, avec Jérusalem-Est pour capitale, est non négociable résonne avec le sentiment populaire égyptien, qui voit en ces revendications une question de justice sociale et de dignité humaine. En soutenant ces idées, Sisi s’assure de l’appui populaire nécessaire à sa position, tout en restant fidèle à la narrative arabe traditionnelle sur ce dossier complexe.

### Un engagement contre la réinstallation forcée

Ce qui est frappant dans le discours de Sisi est son rejet explicite de la « transfert » ou de la « déplacement » des Palestiniens. En alignant cette question avec des références à la sécurité nationale égyptienne, Sisi se positionne non seulement comme un défenseur des droits des Palestiniens, mais aussi comme un garant de la stabilité régionale. Il se positionne ainsi en opposition à des voix émergentes dans la région qui envisagent la normalisation des relations avec Israël à tout prix, et qui pourraient voir dans la réinstallation des Palestiniens un moyen de résoudre le conflit.

### La nécessité d’une assistance humanitaire

Sisi insiste également sur l’importance d’une aide humanitaire immédiate à Gaza. Dans un monde où les humanitaires sont parfois pris en otage par des agendas politiques, cette position devient cruciale. En ce sens, le président égyptien met en avant le rôle historique de son pays en tant que médiateur, soulignant les efforts de l’Égypte pour faciliter le passage de l’aide humanitaire en collaboration avec le Qatar et les États-Unis. Cela peut ouvrir un débat sur l’efficacité de tels partenariats et leur impact sur la perception internationale de l’Égypte.

### Enjeux de perception

La manière dont Sisi se présente, en tant que leader cherchant à susciter un consensus populaire contre l’injustice, est stratégiquement calculée. À une époque où les régimes autoritaires sont souvent contestés pour leurs violations des droits humains, Sisi utilise une rhétorique presque populiste pour renforcer son autorité. Sa capacité à gérer la question palestinienne est également un moyen de détourner l’attention des problèmes internes, notamment du mécontentement socio-économique croissant en Égypte.

### Conclusion : Vers une dynamique renouvelée ?

Le discours de Sisi vise à galvaniser le soutien tout en réaffirmant la position géopolitique de l’Égypte dans un conflit arabe israélien dont les racines s’enfoncent profondément dans l’histoire. Il s’inscrit dans un contexte global où les notions de justice, de droits humains et d’autodétermination sont de plus en plus au centre des préoccupations internationales.

En réponse à une crise qui semble sans fin, la position égyptienne pourrait bien offrir une lueur d’espoir, mais elle soulève aussi des questions fondamentales sur le leadership, la paix durable et la nécessité d’une approche plus équitable envers toutes les parties concernées. Alors que le monde reste attentif aux développements à Gaza, la voix de l’Égypte sera sans doute un facteur central dans l’élaboration des solutions à venir.