**Bunia : Une Mission de Protection des Personnes Déplacées Internes en Ituri**
Le 21 mai 2025, Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri en République Démocratique du Congo (RDC), accueillait une délégation nationale de la Commission nationale pour les Réfugiés (CNR). Conduite par Didier Wembolwa Okithata, directeur de la Direction, Réglementation et Compensation, cette visite est marquée par l’initiative d’une mission pilote d’enregistrement des personnes déplacées internes. Ce projet soulève des questions importantes sur les enjeux humanitaires, juridiques, et logistiques qui se posent dans ce contexte particulier.
La situation en Ituri est, en effet, marquée par des déplacements massifs de populations en raison de conflits armés et d’instabilités politiques qui perdurent depuis plusieurs années. Selon des rapports de l’ONU, plusieurs milliers de personnes continuent de fuir leurs foyers pour échapper à la violence ou à la précarité de leur condition de vie. La mission d’enregistrement dirigée par la CNR se donne donc comme principal objectif de cartographier et documenter ces personnes déplacées, avant de pouvoir envisager des solutions adaptées pour leur protection et leur assistance.
**Une Mission Pilotée par l’État congolais**
Didier Wembolwa Okithata souligne que cette initiative est pilotée par l’État, précisant que le Haut-Commissariat pour les Réfugiés (HCR) n’est pas impliqué à ce stade. Cette position se justifie par la nécessité de respecter les compétences régaliennes de l’État congolais en matière de gestion des déplacés internes. Toutefois, elle entraîne des interrogations sur la coordination entre les différentes parties prenantes. L’absence d’harmonisation des efforts entre organismes étatiques et agences internationales pourrait entraîner des lacunes dans l’assistance humanitaire fournie aux populations touchées.
L’approche choisie est de commencer par cibler quelques sites dans les territoires d’Irumu et de Mahagi, avec une durée d’opération pilotée limitée à 15 jours. Cette période relativement courte pourrait soulever des enjeux quant à la complétude et à la fiabilité des données recueillies, nécessaires pour une assistance adéquate. D’une part, la rapidité de la démarche pourrait permettre de collecter des informations cruciales; d’autre part, cette courte durée pourrait également compromettre la profondeur de l’analyse et l’exhaustivité des relevés nécessaires pour orienter efficacement l’aide humanitaire.
**Les Enjeux de l’Identification et de la Protection**
L’identification est en effet une étape cruciale, car elle détermine la capacité de l’État et des agences humanitaires à répondre aux besoins spécifiques de chaque groupe de déplacés internes. La connaissance précise des statistiques de population déplacée permettra de mieux orienter l’assistance humanitaire, comme l’a souligné M. Wembolwa. Cependant, cette démarche doit également s’accompagner d’une réflexion sur la manière dont ces données seront utilisées et protégées, afin d’éviter toute exploitation ou stigmatisation des personnes identifiées.
Un autre point important soulève des débats éthiques. La distinction entre réfugiés et déplacés internes est significative; les réfugiés sud-soudanais, bien qu’évoqués par le directeur de la CNR, n’entrent pas dans le périmètre de cette mission, mettant en lumière la nécessité de repenser l’approche globale envers les diverses catégories de personnes en situation de vulnérabilité. La Tension entre le besoin de protection immédiate et les considérations administratives peut parfois créer des interstices où les droits des individus sont négligés.
**Perspectives d’Avenir et Collaboration**
À travers cette mission, la CNR semble ouvrir la voie à une meilleure prise en charge des personnes déplacées, mais il est essentiel d’interroger la durabilité de ces efforts. Comment l’État et ses partenaires peuvent-ils garantir l’efficacité à long terme de l’assistance sans une collaboration continue et plurielle? Une intégration des efforts locaux, internationaux et communautaires pourrait renforcer la résilience des populations face à la crise.
Enfin, alors que la direction et les objectifs de cette mission se dessinent, il est crucial d’envisager les prochains défis à relever : l’alignement des réponses sur le terrain avec les réalités vécues par les déplacés, le renforcement des capacités locales, et la promotion d’un dialogue ouvert et inclusif sur la question des déplacements internes en RDC.
La situation actuelle à Bunia et en Ituri mérite notre attention, non seulement pour ses enjeux humanitaires, mais aussi pour la possibilité d’en tirer des leçons sur la gestion des crises et la protection des droits des personnes dans un contexte de conflit durable. Dans ce cadre, une telle initiative, bien encadrée et dotée de ressources suffisantes, serait une lueur d’espoir pour les milliers de personnes en quête de sécurité, de dignité et de soutien.