### Goma : Une Nouvelle Escalade des Tensions Editées par Fatshimetrie
Le dimanche 26 janvier 2025 sera une date gravée dans les mémoires des habitants de Goma. Après quatre jours de combats incessants, les affrontements entre les forces armées congolaises (FARDC), soutenues par leurs alliés, et les rebelles du M23, accompagnés par l’armée rwandaise, atteignent un niveau de violence alarmant. Au-delà de la tragédie humaine que cela représente, cette situation est le reflet d’un conflit qui se complexifie davantage, influençant non seulement la région du Kivu, mais aussi les relations diplomatiques au sein de l’Afrique centrale.
#### Un Conflit Récurrent qui Évolue
Loin d’être un épisode isolé, les tensions autour de Goma s’inscrivent dans un contexte historique marqué par des décennies d’instabilité. La ville, et par extension la région, ont vu passer de nombreux groupes armés, souvent soutenus par des puissances étrangères. Le M23, en particulier, a gagné en notoriété depuis sa résurgence, devenant un acteur clé dans le grand jeu de pouvoir qui se joue aux frontières de la RDC.
Comparativement, il est intéressant de noter que depuis le dernier épisode majeur de conflit en 2013, où le M23 avait été défait, les dynamiques à la fois internes et externes ont radicalement changé. À cette époque, la MONUSCO, la mission de l’ONU en RDC, avait été critiquée pour son incapacité à garantir la sécurité. Aujourd’hui, avec l’implication des forces sud-africaines dans la force SAMI-RDC, nous assistons à une redéfinitions des alliances militaires, bien que le défi de la lutte contre les rébellions demeure encore.
#### Les Coûts Humains
Les pertes militaires, bien que significatives, ne sont qu’un aspect de la tragédie qui se joue sur le terrain. Les habitants de Munigi et de Kanyarutshinya, déjà traumatisés par des déplacements forcés, subissent la brutalité des combats. Les chiffres des déplacés internes, déjà alarmants – estimés à plus de 5 millions en 2024 selon le Rapport sur le développement humanitaire – ne cessent d’augmenter. Cet exode forcé des civils montre les graves conséquences d’un conflit qui, au-delà des pertes militaires, entraîne une crise humanitaire sans précédent.
Les conditions de vie des déplacés sont catastrophiques. Les camps sont souvent surpeuplés, avec un accès limités à la nourriture, à l’eau potable et aux soins de santé. Les agences humanitaires, déjà dépourvues de ressources, peinent à répondre à la demande croissante. Ce nouvel affrontement accentue les défis logistiques rencontrés pour apporter une aide au bon moment, car la sécurité des routes d’approvisionnement est mise à mal.
#### Une Dimension Diplomatique Compromise
Sur le plan diplomatique, la situation à Goma impacte directement les relations entre la RDC et le Rwanda. Les accusations réciproques entre Kinshasa et Kigali ont toujours été la norme dans cette région, mais la présente crise pourrait être le catalyseur d’un nouveau bras de fer sur la scène internationale. La communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) doit maintenant jouer un rôle proactif afin d’essayer d’établir un dialogue entre les parties.
Les récentes interventions militaires, et la volonté affichée de plusieurs États de s’impliquer, peuvent également être perçues comme un signal alarmant pour l’équilibre des puissances dans la région. Il serait judicieux de rappeler qu’un escalade militaire sans régulation diplomatique ne peut que mener à une spirale de violence, dont les civils, encore une fois, feront les frais.
#### Perspectives d’Avenir
À la lumière des événements récents, il est vital d’envisager des solutions sur le long terme. Cela pourrait inclure un renforcement des initiatives de désarmement, le soutien à des programmes de réintégration pour les anciens combattants, et l’instauration d’un dialogue intercommunautaire. Les acteurs internationaux, dont l’ONU et l’Union africaine, ont un rôle déterminant à jouer pour stabiliser la région. La mise en place d’un observatoire indépendant pour surveiller les violations des droits de l’homme et le respect des accords de paix pourrait également apporter un peu de transparence dans les négociations complexes qui sont à l’œuvre.
Au final, les confrontations de Goma cette semaine ne sont pas simplement une série de combats armés. Elles incarnent une crise humanitaire, une opportunité pour une nouvelle réflexion stratégique et un test de la volonté internationale à croire dans la paix et la justice pour une région qui souffre depuis trop longtemps. Pour les habitants de Goma, ce qui se joue au-delà des lignes de front est peut-être encore plus important que les fusillades qui résonnent à leurs portes. C’est une question d’espoir, de dignité et de survie.