**La fin d’une ère : Le retrait français d’Abeché et son écho dans les relations internationales**
Le 5 octobre 2023, la France a officiellement remis son camp militaire situé à Abeché, au nord du Tchad, aux forces armées tchadiennes. Cette cérémonie, qui a réuni des personnalités des deux pays, incarne un tournant significatif dans les relations entre la France et le Tchad, mais soulève aussi des questions sur l’avenir de la sécurité dans une région en proie à des crises multiples.
### Un retrait symbolique, mais chargé de significations
Le colonel Boris Pomirol, commandant des forces françaises au Sahel, a évoqué ces liens tissés au fil des ans, affirmant que « l’amitié unissant nos deux peuples perdurera » malgré la réduction de la présence militaire française. Ce propos renvoie à un héritage complexe de partenariat, mais également à une réalité géopolitique en constante évolution. Depuis le début des opérations françaises dans cette région tumultueuse, leur mission a évolué, intégrant des éléments de lutte contre le terrorisme au profit des populations locales.
À travers des décennies de présence militaire, la France a non seulement participé à des opérations de stabilisation, mais a également façonné son image en tant que partenaire francophone. Cependant, des manifestations contre la base française ont régulièrement ébranlé la quiétude de cette relation, révélant un sentiment ambivalent au sein de la population locale.
### Un calendrier inébranlable : La date du 31 janvier 2025
La déclaration du ministre de la Défense tchadien, Issaka Maroua Djamous, concernant la date de départ définitive des troupes françaises, fixée au 31 janvier 2025, est à la fois un rappel de la souveraineté tchadienne et un défi pour les autorités. Ce délai non négociable témoigne d’une volonté de prendre les rênes de la sécurité intérieure, mais cela survient aussi à un moment critique, où les menaces à la sécurité continuent d’évoluer, non seulement au Tchad, mais dans toute la région du Sahel.
Les enjeux de cette transition ne doivent pas être sous-estimés. Le Tchad se trouve à la croisée des chemins, confronté à des défis sécuritaires croissants, tels que le développement de groupes armés et les crises humanitaires exacerbées par des conflits ethniques. Les forces armées tchadiennes doivent ainsi renforcer leurs capacités si elles souhaitent pallier le vide que laissera le retrait de l’allié français.
### Des espoirs et des préoccupations pour l’avenir
Alors que la France prépare son retrait, le besoin d’un soutien international demeure crucial pour avertir des crises à venir. Qualifié de « rebond », ce transfert de pouvoir devrait s’accompagner d’une profonde réflexion sur la manière dont se matérialise l’engagement international dans la région. Selon les statistiques récentes de l’Institute for Security Studies, cinq pays du Sahel, y compris le Tchad, ont enregistré une augmentation de 25 % des attaques djihadistes au cours des deux dernières années. Cette situation interpelle quant à la viabilité d’un retrait sans une solide stratégie de sécurité régionale.
De plus, la dynamique géopolitique en Afrique centrale est en pleine mutation, notamment en raison de l’influence croissante de puissances non occidentales. La Russie, par exemple, intensifie ses efforts en matière de coopération militaire, notamment à travers des contrats d’armements avec des pays africains. Ce phénomène soulève des questions sur l’engagement futur des acteurs occidentaux dans une région où les enjeux économiques et sécuritaires sont de plus en plus contestés.
### Un regard vers l’horizon
Alors que le Tchad se prépare à une nouvelle ère, il est vital que les acteurs locaux, régionales et internationaux collaborent de manière proactive. Le rôle du Tchad, en tant que pivot au sein de l’Afrique centrale et en tant que partenaire de l’Union Africaine pour des missions de maintien de la paix, pourrait servir de modèle pour d’autres pays en transition.
Le départ de l’armée française d’Abeché pourrait être le début d’une redéfinition des engagements militaires internationaux en Afrique. Mais ce retrait pose aussi la question indicible : quelle est la prochaine étape pour des nations qui, historiquement, ont lutté pour leur souveraineté en évitant de devenir totalement dépendantes d’alliés extérieurs ?
La tension entre souveraineté et dépendance, tout en cherchant à établir une paix durable, sera au cœur des préoccupations tchadiennes et internationales dans les années à venir. Le chemin vers un Tchad autonomisé et pleinement sécurisé ne sera pas exempte de défis, mais la volonté affichée par ses dirigeants de respecter les délais et de prendre les rênes pourrait également être perçue comme une opportunité de renouveau.
Ainsi, la fin d’une présence militaire française à Abeché ne marque pas seulement un changement logistique, mais engage une réflexion plus profonde sur l’avenir des relations internationales en Afrique. Une ère se termine, mais un nouvel horizon se dessine — celui d’une nation aspirant à sa propre souveraineté et à un rôle de leader régional inspiré par des défis contemporains.