Pourquoi Justin Bitakwira exige-t-il une réforme urgente de la gouvernance pour faire face à la crise sécuritaire au Sud-Kivu ?


### La RDC face à l’incertitude : l’appel à l’intelligence pragmatique de Justin Bitakwira

Ce week-end, la province du Sud-Kivu a été le théâtre d’une déclaration franche et percutante du député national Justin Bitakwira, qui a interpellé le Président Félix Tshisekedi sur la situation sécuritaire préoccupante de la République Démocratique du Congo (RDC). En effet, à Uvira, ville emblématique des tensions qui secouent le pays, Bitakwira n’a pas hésité à tirer la sonnette d’alarme, exhortant le président à se méfier des flatteurs et à s’entourer d’experts compétents. Cette déclaration, au-delà de sa portée politique immédiate, souligne une réalité inquiétante qui mérite une analyse approfondie.

#### Le contexte alarmant du Sud-Kivu

La RDC est actuellement à un carrefour compliqué. La province du Sud-Kivu, en particulier, fait face à une recrudescence des violences, soulevant des interrogations sur les capacités et la volonté du gouvernement à sécuriser ses citoyens. Selon des données récentes de l’Institut de recherche en sécurité, plus de 400 cas de violences ont été documentés dans cette province ces derniers mois, faisant de la région l’une des plus dangereuses du pays.

Les mentions de Shabunda, Fizi, Uvira et Mwenga dans le discours de Bitakwira ne sont pas anodines. Ces territoires sont en proie à des affrontements entre différents groupes armés, héritages d’un passé tumultueux. Les conflits autour des ressources naturelles, de la terre, et de l’influence régionale exacerbent des tensions historiques. La situation est rendue plus complexe par le retour de figures controversées, comme Donat Kengwa Omar, dont le procès vient d’être ouvert. Ces éléments soulèvent une question fondamentale : la RDC peut-elle réellement espérer une paix durable sans une refonte complète de sa gouvernance et de sa stratégie sécuritaire ?

#### Une mise en garde contre l’illusion du statu quo

Dans son intervention, Bitakwira utilise la métaphore du « pilote distrait » pour illustrer son message, une image puissante qui évoque la nécessité d’une attention soutenue aux réalités du terrain. La figure du pilote qui pourrait provoquer un « crash » résonne profondément dans un contexte où les gouvernements ont souvent pris des décisions déconnectées des réalités vécues par leurs citoyens.

Cette analogie est d’autant plus pertinente à la lumière des statistiques alarmantes sur la pauvreté et l’insécurité alimentaire dans les zones touchées. Selon le Programme Alimentaire Mondial (PAM), près de 27 millions de Congolais se trouvent dans une situation d’insécurité alimentaire aiguë. Face à cette crise, il est essentiel que les dirigeants, et en particulier Félix Tshisekedi, s’entourent de conseillers éclairés et réalistes, capables de fournir des analyses fondées et des recommandations pragmatiques basées sur des données probantes.

#### Une question de gouvernance éclairée

L’appel de Bitakwira à engager des « hommes et femmes sages » souligne une dimension encore plus large : celle de l’expertise en gouvernance. Avec un taux de criminalité en hausse et des défis complexes tels que la corruption et l’insécurité, la RDC doit s’ouvrir à des approches novatrices. De nombreux pays à travers le monde, confrontés à des crises semblables, ont adopté des stratégies de gouvernance participative, impliquant la société civile et les experts en la matière.

En intégrant une approche inclusive de la gouvernance, la RDC pourrait non seulement améliorer la situation sécuritaire mais également renforcer la confiance des citoyens envers leurs institutions. Ce regard tourné vers l’intelligence collective pourrait s’avérer être la clé pour sortir de ce cycle de violence et d’instabilité.

#### Vers une transformation durable

Justin Bitakwira n’est pas seul dans son statut de député ayant osé briser le silence. D’autres voix s’élèvent, tant au sein de l’opposition que dans la société civile, appelant à une transformation des pratiques gouvernementales. La mise en œuvre d’une stratégie nationale de développement adaptée, centrée sur les besoins des citoyens et la réalité des provinces comme le Sud-Kivu, pourrait contribuer à stabiliser la région.

Une telle démarche nécessiterait une concertation entre le gouvernement, les acteurs locaux et la communauté internationale, pour identifier des solutions concrètes et adaptées. La coopération internationale, souvent perçue avec scepticisme dans des contextes de gouvernance contestée, pourrait également offrir des ressources en matière de soutiens logistiques et techniques.

### Conclusion

En somme, l’appel de Justin Bitakwira à Félix Tshisekedi et au gouvernement congolais n’est pas qu’une simple interpellation. Il s’agit d’un cri du cœur qui résonne avec la réalité amère de millions de Congolais vivant l’insécurité au quotidien. Pour garantir un avenir pacifique et prospère à la RDC, il devient impératif d’enclencher une véritable dynamique de réflexion autour de la gouvernance. En fuyant les flatteries et en confrontant la réalité, la RDC pourrait réussir à naviguer dans ces eaux troubles vers une destination plus sereine. Le chemin est semé d’embûches, mais avec une vision audacieuse et une volonté sincère de réformer, le pays pourrait sortir de sa zone de turbulence.