**L’essor du canola en Afrique du Sud : un modèle de réussite agricole à suivre**
L’augmentation projetée de la superficie dédiée à la culture du canola en Afrique du Sud, atteignant 166 500 hectares pour la saison 2025-26, s’inscrit dans une dynamique de croissance remarquable de l’agriculture sud-africaine. Après avoir été introduit commercialement sur 17 000 hectares en 1998-99, le canola est devenu un pilier important de la production agricole, notamment grâce à une demande intérieure croissante en huiles et tourteaux, mais aussi en raison des opportunités d’exportation vers des pays comme l’Allemagne et la Belgique.
### Une dynamique de demande accrue
L’essor du canola est étroitement lié à la hausse de la demande, en particulier pour des produits alimentaires riches en protéines. Cette tendance s’observe également dans d’autres segments, comme celui du soja, dont la production est passée de 67 700 tonnes en 1993-94 à une prévision de 2,3 millions de tonnes en 2024-25. Ce véritable succès agricole pousse à s’interroger sur les déterminants derrière de tels résultats et leur pérennité.
L’une des raisons principales de l’essor du canola en Afrique du Sud repose sur le changement des cycles de culture, où des terres traditionnellement consacrées à la culture de blé hivernal et d’orge sont réorientées vers le canola en raison de sa compétitivité. Cette adaptation pourrait permettre aux agriculteurs de faire face à des défis économiques tout en répondant à la demande alimentaire croissante. Cependant, la dépendance aux conditions climatiques reste une variable clé, rappelant ainsi aux acteurs du secteur la fragilité inhérente à l’agriculture.
### Les défis de l’accès et de la gouvernance
Pour réaliser l’ambition d’une amélioration générale dans le secteur agricole, notamment dans les régions moins développées, des efforts concertés entre le gouvernement et les entreprises s’avèrent essentiels. Actuellement, des zones comme les anciennes régions de homelands, délaissées par le passé, requièrent une attention particulière. La mise en œuvre efficace de l’Agriculture et Agro-processing Master Plan, qui vise à déverrouiller les entraves dans les chaînes de valeur agricoles, pourrait jouer un rôle crucial dans cette transformation, à la condition qu’une synergie se développe entre les parties prenantes.
Une question demeure : en quoi une meilleure gouvernance foncière et une collaboration avec des associations de producteurs peuvent-elles faciliter l’accès aux ressources et technologies pour ces agriculteurs ? Les réponses à cette question pourraient orienter les décisions stratégiques à venir.
### Inspiration et pérennisation de l’industrie
Le succès du canola peut servir de modèle. Des initiatives pour stimuler d’autres cultures, fruits et même le secteur de l’élevage dans les régions marginalisées pourraient esquisser un tableau plus complet de la réalité agricole du pays. En effet, la disparité entre des zones d’agriculture florissante, comme le Western Cape, et d’autres faiblement productives soulève des interrogations sur l’équité des opportunités et des ressources disponibles.
Le livre de Wandile Sihlobo, *A Country of Two Agricultures*, évoque ces enjeux de manière détaillée. La valorisation des chaînes de valeur agricoles et la nécessité de solutions durables soulignent l’importance d’une approche réfléchie et inclusive pour l’avenir de l’agriculture sud-africaine.
### Vers des solutions conjuguées
En conclusion, l’émergence du canola comme success story agricole doit nous rappeler l’importance de la diversification et de l’adaptation dans le secteur. Toutefois, cette dynamique doit être accompagnée d’une stratégie claire pour intégrer les régions moins prospères, afin de s’assurer que le potentiel agricole national profite à l’ensemble de la population.
Le chemin à parcourir est encore long, mais les conditions d’optimisme et de coopération existent. En continuant à prêter attention aux modèles de réussite déjà en place et en s’engageant vers la mise en œuvre efficace des politiques agricoles, l’Afrique du Sud pourrait bien transformer ses défis en de nouvelles opportunités agricoles pour tous ses citoyens.