Le député Tobie Kayumbi critique la mesure de circulation alternée proposée à Kinshasa en raison de l’absence d’alternatives viables pour les usagers.


### Circulation alternée à Kinshasa : Un débat crucial sur les enjeux de mobilité

**Kinshasa, le 19 mai 2025** – En ce matin ordinaire, les habitants de Kinshasa se retrouvent une fois de plus pris au piège dans les embouteillages qui caractérisent la capitale congolaise. Face à cette situation, les autorités provinciales ont proposé une mesure controversée : la circulation alternée basée sur les numéros de plaques d’immatriculation. Ce dispositif, déjà appliqué dans certaines grandes villes à travers le monde, suscite des réactions contrastées parmi les politiciens, les citoyens et les experts en mobilité urbaine.

Le député national Tobie Kayumbi, originaire de Mbuji-Mayi, s’est prononcé contre cette initiative, la qualifiant de « profondément injuste » et d’un « bricolage » inadapté à la réalité kinshasaise. Dans ses déclarations, relayées sur les réseaux sociaux, Kayumbi soulève un point essentiel : l’infrastructure de transport public dans la ville est presque inexistante, et la majorité des habitants ne possèdent qu’un véhicule. Ainsi, limiter l’accès à la circulation pourrait signifier une pénalisation supplémentaire des classes les plus défavorisées.

### Les implications d’une mesure controversée

La circulation alternée peut sembler, à première vue, une solution pragmatique pour désengorger les routes, mais il convient de se demander si les prérequis nécessaires à une telle mesure sont effectivement réunis. À Kinshasa, comme le souligne Kayumbi, il existe un manque criant de transports publics efficaces. La ville n’a pas encore réalisé certains projets qu’elle avait promis, tels que des bus publics ou des infrastructures réservées aux transports en commun. L’absence de ces alternatives interroge sur la légitimité d’une restriction sur la circulation.

En effet, comment une politique de circulation alternée peut-elle être envisagée sans offrir aux citoyens des alternatives viables ? Ce questionnement fait écho à des problématiques observées dans d’autres métropoles africaines et internationales, où l’absence de transports publics efficaces a conduit à des tensions sociales.

### Mobilité urbaine : un défi multidimensionnel

La situation à Kinshasa n’est pas unique. Dans de nombreuses villes en développement, l’urbanisation rapide a provoqué des infrastructures de transport souvent débordées ou inadéquates. Selon des études, environ 60 % de la population urbaine mondiale vit dans des villes où le transport public reste limité, ce qui exacerbe les problèmes de congestion et d’inefficacité économique.

Les retards liés aux embouteillages se traduisent non seulement par une perte de temps, mais aussi par un impact économique significatif. En effet, le coût économique des embouteillages à Kinshasa pourrait être mesuré en perte de productivité, mais aussi en termes de dégradation de la qualité de vie des habitants. Une question se pose alors : jusqu’à quel point la ville peut-elle continuer à fonctionner dans ces conditions avant que des mesures ne deviennent indispensables ?

### Vers une réforme structurante

Dans ce contexte, Kayumbi propose une réforme plus globale du code de la route et des mesures structurantes pour désengorger la ville de manière durable : « Gouverner, c’est anticiper. Pas punir ceux qui n’ont pas d’alternatives », a-t-il insisté. Cette vision soulève des pistes de réflexion sur la nécessité d’une approche intégrée de la mobilité urbaine, impliquant à la fois des investissements dans les infrastructures de transport, la promotion des modes de transport alternatifs comme le vélo, et la sensibilisation des citoyens à l’usage de transports publics une fois ces infrastructures mises en place.

### Conclusion : Les choix en matière de gouvernance

La situation de Kinshasa souligne un enjeu de gouvernance essentiel : la capacité des autorités à répondre aux besoins des citoyens tout en anticipant les problèmes qui se posent. La mise en œuvre d’une politique de circulation alternée pourrait être avérée nécessaire, mais cela doit s’accompagner de solutions pérennes et accessibles pour la population.

En ce sens, il convient de se demander quelles leçons peuvent être tirées des expériences d’autres villes face à des défis similaires. Est-ce que la rationalisation de l’espace urbain, une politique d’aménagement plus repensée, ou encore une collaboration accrue entre les acteurs publics et privés pourraient ouvrir des voies nouvelles vers une mobilité efficace et équitable à Kinshasa ?

Les débats en cours témoignent d’une volonté de réfléchir aux enjeux de mobilité, indispensable au développement durable de la ville. Dans ce cheminement, il faudra prendre en compte les voix des populations, car ce sont elles qui, au quotidien, ressentent les impacts des décisions prises. Trouver des solutions adaptées à Kinshasa pourrait bien nécessiter la réflexion collective, le partage d’expériences et l’engagement de l’ensemble des acteurs concernés.

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