### La Guinée à l’aube d’élections clés : entre promesses et préoccupations
Le 12 mai 2025, le Premier ministre guinéen Amadou Oury Bah a pris la parole lors de l’Africa CEO Forum à Abidjan pour dresser le tableau des enjeux politiques et économiques à venir pour la Guinée. Cette intervention a été marquée par l’annonce d’un calendrier électoral significatif, avec un référendum constitutionnel prévu pour le 21 septembre 2025, suivi d’élections présidentielle et législative en décembre de la même année. Cette dynamique soulève des questionnements sur la feuille de route du pays en vue de ces événements cruciaux.
### Annonce des échéances politiques
La précision du Premier ministre sur le calendrier électoral peut être perçue comme un geste de transparence envers les citoyens et les investisseurs. L’enrôlement de la population sur le fichier électoral annoncé par le gouvernement constitue une étape nécessaire à la régénération de la confiance dans le processus démocratique. Cependant, cette promesse s’inscrit dans un contexte politique délicat, où les tensions demeurent palpables, notamment en raison des disparitions non élucidées de figures de la société civile telles que Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah. L’absence d’informations sur ces cas pourrait interroger la réelle capacité du gouvernement à garantir les droits fondamentaux et à répondre aux préoccupations de ses concitoyens.
### Le projet Simandou : une lueur d’espoir économique
Un autre élément central du discours d’Amadou Oury Bah est le projet minier Simandou. L’arrivée prévue du premier train chargé de minerai au port de Morebaya, fin novembre, symbolise une avancée significative dans la relance économique de la Guinée. Le projet a souvent été présenté comme une opportunité pour le pays de générer des revenus substantiels et d’améliorer les infrastructures. Cependant, il convient de rester vigilant quant à la manière dont ces ressources seront gérées et réparties. L’expérience historique a montré que les richesses minières, si elles ne sont pas accompagnées d’une gouvernance claire et responsable, peuvent exacerber les inégalités et conduire à des conflits.
### Progresser vers l’autonomie énergétique
Le Premier ministre a également évoqué des objectifs ambitieux concernant la production énergétique, promettant notamment que la Guinée pourrait devenir un exportateur d’électricité sous douze mois, à condition que les industries locales n’absorbent pas l’intégralité de la production. Cette vision d’un pays énergétique fort est séduisante, mais elle devra être soutenue par des infrastructures adéquates et une politique claire de transition énergétique. Encore une fois, la question de la durabilité et de l’accès équitable à l’électricité pour l’ensemble de la population se pose.
### Les enjeux sous-jacents
Malgré ces annonces optimistes, la situation en Guinée reste préoccupante. Les tensions politiques, les préoccupations sur les droits de l’homme et les inégalités socio-économiques appellent à un débat équilibré et constructif. La voix de la société civile, si elle est étouffée ou ignorée, risque de compromettre les efforts de développement et de résolution des conflits.
Alors que le pays s’engage sur la voie de transformations majeures, il est crucial de maintenir un dialogue ouvert et inclusif. La définition d’une nouvelle constitution, ainsi que l’organisation d’élections libres et transparentes, pourraient représenter des étapes décisives pour la Guinée. Cependant, le succès de ces initiatives dépendra de la volonté du gouvernement de répondre aux attentes des citoyens et de garantir un espace de débat démocratique qui inclut toutes les parties prenantes.
### Conclusion
La Guinée se retrouve à un tournant significatif, avec une gouvernance promise sur la transparence et l’engagement auprès des investisseurs. Toutefois, un prisme critique doit être appliqué à ces annonces, surtout dans un contexte où les droits de l’homme et les conditions de vie demeurent un défi. Les échéances électorales à venir ne doivent pas seulement être considérées comme un horizon politique, mais aussi comme une opportunité essentielle de redéfinir les relations entre l’État et la société. La responsabilité pesant sur le gouvernement et les acteurs politiques est grande : celle de construire un avenir où la voix et les droits de chaque Guinéen sont non seulement entendus, mais aussi respectés et protégés.