**République Démocratique du Congo : Entre rêves de partenariats et réalités du football**
Il est indéniable que le football joue un rôle fondamental dans la culture et l’identité de nombreux pays, la République Démocratique du Congo (RDC) n’échappant pas à cette règle. Pourtant, alors que le pays affiche des ambitions de partenariat avec un club prestigieux comme l’AS Monaco, une profonde analyse de la situation actuelle du football congolais soulève d’importantes questions quant à la pertinence et à l’efficacité de telles initiatives.
Le récent annonce par la ministre de la Culture sur un partenariat « structurant » entre la RDC et l’AS Monaco, bien que porté par l’enthousiasme du gouvernement congolais, est symptomatique d’une approche qui ne semble pas tenir compte des réalités sur le terrain. Alors que les infrastructures sportives se détériorent et que des stades emblématiques, tels que le Stade des Martyrs, sont en état d’abandon, le débat mérite d’être engagé sur les priorités et les véritables besoins de la jeunesse congolaise.
Dans un pays où le manque d’infrastructures sécurisées et sanitaires dans les espaces dédiés au sport est flagrant, la question s’impose : de quelle visibilité parle-t-on réellement ? Les conditions de jeu et les environnements autour des stades pèsent sur la participation des jeunes et des familles. Les actes de violence signalés autour des enceintes sportives, ainsi que le manque de commodités de base, créent un climat de méfiance qui juxtapose la passion des supporters avec la nécessité d’une intégrité physique préservée. Cette dichotomie pose la question des priorités des décideurs politiques face à un enjeu vital pour l’avenir du sport national.
Un autre aspect qui mérite d’être examiné est le paradoxe qui sous-tend le partenariat envisagé. D’une part, il est bien entendu que le football congolais dispose d’un réservoir de talents et d’une passion indéniable. D’autre part, les niveaux d’encadrement, d’entretien des infrastructures et de planification sont aujourd’hui en crise. Ainsi, un partenariat international pourrait-il distraire de l’urgence de réformer et d’investir dans les infrastructures sportives locales ? Le risque potentiel d’une fuite en avant, où l’apparence prend le pas sur le fond, doit nous inciter à réfléchir à la pérennité et à l’impact à long terme d’une telle initiative.
Il est également important d’aborder la vente de terrains réservés aux enfants et aux passionnés de football. Cela révèle une approche plus large des priorités économiques de la RDC et pose la question de l’engagement de l’État envers ses citoyens. La question se pose également de savoir comment la société civile réagit à cette situation et quelles actions pourraient être engagées pour garantir que le football, comme vecteur d’épanouissement et de cohésion sociale, retrouve sa place dans les quartiers populaires.
Le débat autour de ce partenariat avec l’AS Monaco pourrait ainsi servir de catalyseur pour une plus vaste réflexion sur la façon de revitaliser le football congolais. Pour aller au-delà des discours et des promesses, il serait judicieux d’envisager des investissements dans les infrastructures bétonnées, de créer des programmes de formation pour les jeunes, ainsi que d’adopter une approche plus inclusive et participative dans la gestion du sport.
Il est impératif que les décideurs politiques prennent conscience que le développement du sport dans le pays ne doit pas être uniquement une vitrine d’excellence à l’international, mais aussi un véritable droit d’accès pour chaque enfant et chaque jeune Congolais. La dignité des supporters, des athlètes, et la valorisation de la jeunesse ne doivent pas se perdre dans des écrins de communication qui masquent les véritables enjeux.
La RDC a un potentiel immense à exploiter, mais cela nécessite une volonté politique sincère, une vision à long terme et un engagement collectif pour s’attaquer aux problèmes systémiques qui minent le sport et limitent son développement. C’est peut-être là que réside la véritable « visibilité » que la RDC devrait rechercher, non pas à travers des partenariats, mais à travers une transformation profonde et durable de son paysage sportif.