Pourquoi les poursuites judiciaires contre Franck Diongo et Stéphane Mukumadi pourraient-elles renforcer ou miner la quête de justice en RDC ?


**République Démocratique du Congo : L’ombre du M23 et la justice entre deux feux**

Kinshasa, 5 avril 2025 – L’actualité fait grand bruit en République Démocratique du Congo (RDC) alors que le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a récemment annoncé des poursuites judiciaires à l’encontre de deux figures politiques notables : Franck Diongo et Stéphane Mukumadi. La raison? Leur implication présumée dans les atrocités perpétrées par le mouvement terroriste AFC/M23 dans l’est du pays, une région déjà gravement touchée par des conflits longuement enracinés. Cette annonce soulève des questions profondes sur la nature des alliances politiques et le rôle de la justice dans un contexte marqué par la violence et l’insécurité.

### Une Justice sous haute tension

Le ministre Mutamba a évoqué des « crimes de guerre » et des « crimes contre l’humanité » dans son communiqué, des termes lourds de sens qui rappellent l’ombre des conflits armés qui ont dévasté le pays depuis des décennies. L’injonction de poursuites et la saisie des biens des deux hommes politiques marquent une volonté apparente de l’État congolais de rétablir la justice. Toutefois, cette démarche peut aussi être interprétée comme un geste politique dans un paysage où la loyauté et les affiliations sont souvent soumises à des accords de pouvoir : un royaume où la vérité et la moralité se heurtent à des enjeux bien plus complexes.

### Franck Diongo et Stéphane Mukumadi : Acteurs de l’ombre ou victimes d’un système ?

Pour mieux comprendre les enjeux derrière cette décision, il convient de retracer le parcours de Franck Diongo et Stéphane Mukumadi. Diongo, figure politique bien connue, a, au fil des années, flirté avec diverses coalitions, suscitant à la fois la ferveur et la controverse. Son récent contact avec Corneille Nangaa, le leader de l’Alliance du fleuve Congo (AFC), ainsi que le chef du M23 Bertrand Bisimwa, semble tout sauf anodin. Cela nous amène à nous interroger : ces rapprochements signifient-ils une réel implication dans les crimes attribués au M23 ou bien sont-ils des tentatives de survie politique dans un environnement instable ?

Stéphane Mukumadi, ancien gouverneur du Sankuru, quant à lui, a annoncé son adhésion à l’AFC juste avant les poursuites judiciaires. Cela souligne une dynamique de manipulation dans un cadre politique. Pour certains observateurs, la motivation derrière son adhésion pourrait être moins idéologique que stratégique, une façon de se positionner dans un jeu politique où les alliances peuvent changer du jour au lendemain.

### Les conséquences sur la population civile

En parallèle, les répercussions des actions du M23 sur la population civile ne peuvent être ignorées. Les massacres et les violences sexuelles qui jalonnent l’histoire récente de cette région ajoutent une couche d’urgence à la situation juridique. Ces crimes sont souvent discutés à travers le prisme des chiffres et des statistiques, mais derrière chaque nombre, il y a une histoire, une famille brisée, un espoir anéanti. Des rapports des Nations Unies estiment que des millions de Congolais ont été déplacés en raison des conflits, illustrant l’urgence d’une intervention à la fois juridique et humanitaire.

### La diplomatie et l’interaction régionale

Ce climat de tension ne peut se comprendre sans aborder le rôle controversé du Rwanda, souvent accusé de soutenir les groupes rebelles dans l’est de la RDC. Ce soutien, bien que nié par l’État rwandais, a alimenté les craintes d’une dépendance croissante du Congo vis-à-vis de son voisin. Un équilibre délicat à trouver alors que la communauté internationale regarde, inquétée mais souvent paralysée. Les relations diplomatiques étant au cœur de la solution durable à ce conflit, il est impératif de s’attaquer aux causes profondes des violences, plutôt que de se contenter de réprimer les conséquences.

### Conclusion : Une quête de justice ?

Les poursuites à l’encontre de Franck Diongo et Stéphane Mukumadi soulèvent des interrogations quant à la capacité de l’État congolais à véritablement faire face à la violence et à l’impunité. Si l’initiative de justice est louable, elle doit s’accompagner d’une réelle volonté politique de transformer les structures de pouvoir et d’engager un dialogue inclusif avec toutes les parties prenantes. La RDC est à un carrefour, entre le spectre d’une oppression continue et l’espoir d’une véritable réconciliation. Pour les Congolais, l’important sera de voir au-delà des procès et des procédures, mais de se projeter vers un avenir où règne la paix et où la dignité humaine est respectée.

Dans un monde où la vérité politique est souvent floue, il devient plus qu’essentiel pour la République Démocratique du Congo de choisir le chemin de la justice, non seulement pour les victimes d’hier, mais aussi pour les générations à venir.