Comment la création d’une commission ad hoc pourrait-elle transformer l’état dégradé de la voirie à Kinshasa ?

**Kinshasa : Les enjeux d’une voirie dégradée et d’un assainissement défaillant dans la capitale de la République Démocratique du Congo**

Kinshasa, une métropole vibrante, se trouve à un tournant critique. Lors de la 38ème réunion du Conseil des ministres, présidée par le Président Félix Tshisekedi, l’urgence de traiter la dégradation des infrastructures de la voirie et du système d’assainissement a été mise en lumière. Ce sujet, souvent considéré comme un problème technique ou administratif, est en réalité au cœur d’une question sociétale bien plus vaste : celle de la qualité de vie des habitants et de la durabilité d’une urbanisation mal maîtrisée.

**Le constat alarmant**

Historiquement, les infrastructures routières de Kinshasa souffrent d’un manque d’entretien et de planification urbaine. Selon des études récentes, moins de 30% des routes de la capitale sont en bon état, un chiffre qui baisse dramatiquement lors de la saison des pluies. Les inondations dues à un système d’assainissement obsolète aggravent cette situation, créant des conditions de vie précaires pour des millions de Kinois. De nombreux tronçons routiers, jadis essentiels pour la circulation, se sont transformés en véritable piège, mettant en danger la vie des piétons et des automobilistes.

Les répercussions de cette dégradation ne se limitent pas à des désagréments quotidiens. Les coûts sociaux, en termes de santé publique et d’accidents de la route, s’accumulent. La nécessité d’agir devient donc non seulement une priorité politique, mais un impératif moral.

**Une approche par le biais de la commission ad hoc**

La décision de créer une commission ad hoc, comprenant divers acteurs, va dans le sens d’une stratégie collaborative. Cependant, pour qu’elle soit efficace, il sera crucial d’insérer cette initiative dans un cadre plus large. Il est impératif que cette commission ne se contente pas de recommandations ponctuelles, mais qu’elle établisse un mécanisme de suivi permanent. Quelle structure pourrait être mise en place pour assurer une évaluation constante des progrès réalisés dans la voirie et l’assainissement ?

Il serait intéressant d’explorer le modèle de villes comme Dakar ou Nairobi qui ont récemment embrassé des transformations urbaines radicales. Dans ces métropoles, l’engagement communautaire et des technologies modernes, comme les applications de suivi des réparations routières ou les consultations publiques en ligne, ont permis de mobiliser les citoyens autour des questions d’infrastructures.

**Les défis financiers et institutionnels**

Au-delà des enjeux techniques, un autre aspect de cette problématique est financier. La collaboration entre le ministre d’État chargé des Infrastructures et le ministre des Finances, déjà soulignée durant les réunions précédentes, est cruciale. Une gestion transparente et efficace des ressources allouées pourrait transformer la situation. Quelles assurances peut-on fournir à la population quant à l’utilisation des fonds destinés à ces projets d’infrastructure ?

De plus, cette question oblige à s’interroger sur le cadre réglementaire régissant la construction et l’entretien des infrastructures. Le manque de régulations stricte a permis des constructions anarchiques, accentuant encore davantage le chaos urbain. Un partenariat avec le secteur privé, basé sur des PPP (partenariats public-privé), pourrait se révéler bénéfique. Cela permettrait d’alléger le fardeau financier de l’État tout en garantissant des normes de construction adaptées.

**Un appel à l’action collective**

La dégradation de la voirie et du système d’assainissement à Kinshasa est donc bien plus qu’une question d’infrastructures : c’est un reflet des priorités collectives de la société. Face à des pertes humaines potentielles, comme celles déjà survenues par le passé, il apparaît essentiel de mobiliser l’ensemble des acteurs : gouvernement, ONG, secteur privé, ainsi que les citoyens eux-mêmes.

Dans cette perspective, promouvoir des campagnes de sensibilisation sur l’importance de l’entretien des infrastructures, et organiser des nettoyages collectifs des rues, peuvent servir à stimuler la conscience civique des Kinois et à créer un sentiment d’appartenance collective. Paradoxalement, même si Kinshasa souffre de problèmes d’infrastructures, ces défis offrent aussi une occasion en or de réinventer la ville autour de nouvelles valeurs de solidarité et de durabilité.

**Conclusion : Une nécessité d’engagement global**

Il est de la responsabilité des dirigeants de prendre des décisions éclairées et déterminées. Félix Tshisekedi a lancé un appel à la mobilisation, mais il devra garantir que cet élan se traduise par des actions concrètes. Fonder les bases d’une capitale durable et vivable nécessitera une vision audacieuse et un dialogue ouvert sur les défis auxquels la ville fait face aujourd’hui.

Au-delà de Kinshasa, ces enjeux d’infrastructure sont représentatifs d’une problématique plus large qui concerne de nombreuses villes africaines. Le succès de ces initiatives pourrait non seulement transformer Kinshasa, mais aussi servir de modèle pour d’autres capitales du continent, engendrant une transformation urbaine positive à l’échelle régionale. C’est un rêve réalisable, mais il exige engagement, vision et action collective.