Comment l’élection de Bin Nassor à la présidence de la Chambre des Mines pourrait-elle redéfinir l’avenir de l’industrie minière en RDC ?


**L’Élection de Bin Nassor : Un Retour aux Sources pour la Chambre des Mines de la République Démocratique du Congo**

Le 3 avril 2025 sera gravé dans les annales de l’industrie minière en République Démocratique du Congo (RDC) comme le jour où Bin Nassor a été élu à la présidence de la Chambre des Mines, réaffirmant ainsi la position stratégique de Tenke Fungurume Mining (TFM) dans le paysage minier congolais. Ce retour s’accompagne d’une série de promesses et d’objectifs qui pourraient transformer non seulement la chambre, mais aussi l’ensemble du secteur minier du pays, avec des implications bien au-delà des frontières nationales.

### Un Bilan Historique et Économique des Mines de RDC

Avant d’aborder l’élection en elle-même, il est crucial de prendre en compte le contexte historique et économique de la RDC, qui, avec ses vastes ressources minérales, est souvent qualifiée de « trésor caché » des matières premières. La RDC possède des réserves significatives de cuivre, de cobalt, de diamant et d’or, faisant d’elle l’un des principaux acteurs mondiaux dans ces secteurs. Cependant, le paradoxe de la richesse minière congolaise demeure : malgré des ressources abondantes, le pays lutte contre la corruption, le manque d’infrastructures et la pauvreté persistante.

En 2020, la RDC a produit plus de 1,4 million de tonnes de cuivre et 95 000 tonnes de cobalt, plaçant le pays en tête des producteurs mondiaux de ces métaux critiques, essentiels pour la transition énergétique et la fabrication de technologies numériques. Cependant, cette situation n’a pas entraîné une prospérité équitable pour la population, soulevant des questions sur la gestion des ressources et les stratégies mises en place.

### Une Élection Potentiellement Historique

L’élection de Bin Nassor, qui représente le CMOC Group, est perçue comme un retour à l’ancien modèle dans un paysage qui a vu une rotation fréquente des dirigeants. La transition du leadership, avec le soutien inespéré de Cyril Mutombo de Kibali Gold, souligne non seulement un consensus politique, mais aussi une volonté collective d‘aligner les intérêts des différents acteurs de l’industrie sur un objectif commun.

L’importance du consensus établi lors de cette élection ne doit pas être sous-estimée. Dans une économie où les relations interentreprises et avec l’État sont délicates, ce rapprochement pourrait être le catalyseur de réformes tant attendues. En saluant la détermination de Cyril Mutombo à céder sa place, Bin Nassor a amorcé un climat de coopération qui pourrait donner lieu à des synergies inédites entre les différentes entreprises minières de la RDC.

### Une Vision pour l’Avenir

Dans son discours inaugural, Bin Nassor a esquissé des plans ambitieux en cinq points qui visent à revitaliser la Chambre des Mines et, par conséquent, le secteur minier. Ces propositions comprennent l’amélioration du climat des affaires, un engagement vers la transparence et la responsabilité, ainsi qu’une approche proactive envers la sécurité des sites miniers.

Cet engagement à améliorer le climat d’investissement est particulièrement crucial dans un pays où le risque opérationnel est souvent perçu comme élevé en raison de l’instabilité politique et de la méfiance envers les institutions. La transparence et une gestion rigoureuse des ressources sont susceptibles d’attirer de nouveaux investisseurs tout en renforçant la confiance des acteurs déjà établis.

### Comparaison avec les Autres Pays Miners

Pour mieux comprendre les enjeux de cette élection et les défis qui attendent Bin Nassor, une comparaison avec d’autres pays riches en ressources, comme le Chili et l’Australie, est instructive. Ces nations ont réussi à établir des cadres réglementaires stables qui favorisent l’investissement tout en garantissant des retombées économiques positives pour leurs populations. Par exemple, le Chili, avec son Code minier, a réussi à attirer des milliards d’euros d’investissements tout en assurant une redistribution des richesses à travers des programmes sociaux.

À l’inverse, la RDC doit naviguer dans un environnement où la transparence et la réglementation restent des défis majeurs. Les déboires passés de l’industrie minière ont souvent été teintés d’accusations de corruption et de mauvaise gestion. L’approche proactive de Bin Nassor pour établir une plateforme collaborative avec les autres opérateurs pourrait bien être la clé pour briser ce cycle.

### En Conclusion : Une Voie Semée d’Embûches, mais Prometteuse

L’élection de Bin Nassor peut être vue comme un tournant stratégique pour la Chambre des Mines de RDC. Entre promesses de réforme et aspirations à l’harmonie sectorielle, ce nouveau leadership porte l’espoir d’une revitalisation du secteur minier, clé de voûte pour l’économie du pays. Cependant, le chemin sera jalonné de défis, d’interrogations sur la mise en œuvre des réformes et de la capacité des acteurs à collaborer pour atteindre des objectifs communs.

Alors que la RDC se prépare à cette nouvelle ère, l’attention sera portées non seulement sur les résultats économiques, mais aussi sur la manière dont ces réformes toucheront la vie des populations locales. Si Bin Nassor et son équipe parviennent à faire de la transparence, de la durabilité et de l’inclusion les piliers de leur administration, le pays pourrait envisager un avenir où la richesse minière se traduira enfin par une prospérité partagée.

Nadine FULA