Quelle est l’impact de la crise industrielle sur les conseils de négociation en Afrique du Sud et comment peut-on redresser l’économie manufacturière ?


**L’Industrie Sud-Africaine à la Croisée des Chemins : Défis, Opportunités et Réformes Nécessaires**

À l’aube de la conférence nationale de négociation de 2025 du National Union of Metalworkers of South Africa (Numsa), l’industrie sud-africaine se trouve à un carrefour critique. Tandis que des signes d’une légère reprise de l’emploi dans le secteur manufacturier semblent offrir un répit, une analyse plus approfondie de la réalité révèle un tableau empreint de défis structurels profonds. Les petites et moyennes entreprises, en particulier dans l’industrie des composants automobiles, sont confrontées à une tempête parfaite de coûts d’entrée en forte hausse, de coupures d’électricité imprévisibles, ainsi que d’une concurrence accrue des importations à bas prix.

Cette crise industrielle n’est pas seulement le résultat d’une conjoncture économique mondiale difficile. Elle résulte aussi d’une défaillance révélatrice des politiques industrielles nationales, telles que le Steel Masterplan, qui, malgré ses intentions louables, peine à favoriser une réelle transformation. En effet, la structure volontaire de cette politique offre aux entreprises la possibilité de se soustraire à leurs responsabilités sans aucune sanction, exacerbant ainsi la tendance vers le déclin de notre base productive.

### Une Économie Fragile dans un Monde en Mutation

Pour mieux comprendre cette situation, il est utile de la contextualiser dans le cadre plus large des tendances économiques et politiques mondiales. Alors que de nombreux pays émergents expérimentent une croissance rapide, l’Afrique du Sud est victime d’une stagnation de son industrie, aggravée par la dépendance excessive aux importations. Les statistiques récentes montrent une augmentation des tarifs d’électricité de plus de 500% depuis 2008, mettant une pression supplémentaire sur les entreprises qui sont déjà dans une situation précaire. La comparaison avec d’autres pays émergents, tels que le Brésil ou l’Inde, qui ont su mettre en œuvre des politiques industrielles efficaces et inclusives, souligne la nécessité d’une réforme en profondeur dans le secteur sud-africain.

### L’Automobile : Une Industrie au Bord du Gouffre

Le secteur automobile, qui était longtemps présenté comme un pilier de croissance dans l’économie sud-africaine, est aujourd’hui confronté à des défis rédhibitoires. Bien que le South African Automotive Masterplan 2035 prône une augmentation de la localisation à 60%, les données montrent que le contenu local stagne à moins de 40%. Parallèlement, les promesses de création d’emplois restent largement en deçà des attentes, ce qui crée un sentiment d’urgence parmi les travailleurs représentés par Numsa.

Ce constat se complique lorsque l’on considère l’ampleur des subventions gouvernementales accordées aux entreprises, souvent sans conditions strictes. Les enquêtes indiquent que beaucoup d’entre elles exploitent les avantages fiscaux tout en continuant à importer massivement des composants, une situation qui crée une perception d’injustice parmi les travailleurs qui peinent à joindre les deux bouts en raison de l’inflation alimentaire et des coûts de transport galopants.

### Une Nouvelle Stratégie : Rééquilibrer le Fardeau Fiscal

Dans ce contexte, Numsa a appelé à une approche de taxation progressive ciblant les grandes fortunes et les bénéfices des organisations. Une telle réforme fiscale pourrait servir de levier pour redéfinir les priorités économiques du pays, permettant de financer des programmes qui pourraient stabiliser l’économie tout en soutenant les travailleurs les plus affectés. Au-delà de la simple redistribution, cette politique pourrait également encourager les entreprises à s’aligner sur des normes de développement durable, favorisant ainsi un environnement économique plus résilient.

### La Nécessité d’un Revirement Politique et Social

Une autre dimension souvent négligée dans la discussion est celle des conseils de négociation nationale (NBC). Le fait que près de 40% des employeurs dans des secteurs couverts par des NBC ignorent ces structures souligne une fragilité au cœur des relations industrielles en Afrique du Sud. La diminution de l’autorité de ces conseils ne fait que renforcer l’atomisation du marché du travail, rendant ainsi plus difficile la défense des droits des travailleurs.

### Conclusion : Vision Pour Un Avenir Durable

La cohésion sociale et économique de l’Afrique du Sud dépend en grande partie de la capacité des acteurs politiques, économiques et syndicaux à redonner vie à un modèle industriel qui favorise la croissance inclusivité. En prenant en compte les erreurs du passé et en s’inspirant des réussites observées ailleurs dans le monde, il est crucial de construire un plan d’action qui non seulement protège les travailleurs, mais qui rénova également l’économie. Une telle démarche pourrait marquer un tournant dans l’histoire industrielle de la nation, offrant enfin une voie vers un avenir durable et juste pour tous.

Le temps presse, et il est impératif que toutes les parties prenantes s’engagent dans un dialogue constructif : la survie de l’industrie sud-africaine en dépend.