Pourquoi un gouvernement d’union nationale en RDC pourrait-il ne pas résoudre les défis de gouvernance persistants ?


### République Démocratique du Congo : L’illusion d’un gouvernement d’union nationale face à des défis structurels

L’initiative du président Félix Tshisekedi d’instaurer un gouvernement d’union nationale en RDC, peu après son annonce, semble être un appel à la paix dans un contexte marqué par des tensions politiques croissantes et des crises humanitaires sans précédent. Cependant, cette proposition est rapidement devenue une source de controverses et de scepticisme, tant chez ses partisans que chez ses détracteurs. Que nous cachent réellement ces batailles entre parties prenantes dans ce vaste pays ?

#### Un contexte politique et sociétal complexe

La RDC est souvent décrite comme un pays riche en ressources naturelles et pourtant ultra pauvre en termes de développement et de gouvernance. Des études ont démontré que des ressources telles que le coltan, le cobalt et l’or, qui pourraient alimenter le développement économique, ont plutôt alimenté les conflits, les innombrables violences et les corruptions au sein de l’État. Le pays figure parmi les plus mal classés de l’indice de corruption de Transparency International et souffre d’un manque criant d’infrastructures et de services de base.

Dans cet environnement, l’idée d’une union nationale pourrait sembler séduisante. Cependant, l’histoire récente du pays nous enseigne que les gouvernements d’union nationale ont souvent été des tapis où les conflits de pouvoir se cachent plutôt que des solutions durables. La dernière tentative, sous le gouvernement d’union sacrée, a été marquée par des accusations de trahison et des luttes de pouvoir internes. Les anciennes blessures politiques semblent cicatriser très lentement, si elles cicatrisent même.

#### Un dialogue avec une exclusion préoccupante

Dans ce cadre, l’intransigeance de Tshisekedi vis-à-vis du groupe terroriste M23/AFC est loin d’être innocent. La guerre dans l’Est du pays, exacerbée par le contexte géopolitique rwandais, transfigure la RDC en un champ de bataille international pour les ressources. Le refus de dialogue avec les acteurs armés, bien qu’il semble être une position de fermeté, pourrait en réalité aboutir à l’isolement du pays. Au lieu d’adopter une position de vainqueur qui pourrait rappeler les erreurs du passé, il serait peut-être plus sage de rechercher des solutions inclusives qui intègrent tous les acteurs concernés, même ceux au passé tumultueux.

#### Une méfiance systémique

La méfiance qui domine le paysage politique congolais est alimentée par des promesses non tenues et des échecs passés. Par exemple, l’élection présidentielle de 2018, marquée par des accusations de manigances et de fraudes, a laissé des cicatrices profondes. Cela souligne un paradoxe : plus les dirigeants tentent de consolider leur pouvoir, moins ils semblent réussir à obtenir la confiance populaire.

Dans de telles conditions, les leaders de l’opposition comme Martin Fayulu ou Jean-Marc Kabund, qui décrivent l’initiative de Tshisekedi comme une « tactique » pour minimiser les dissensions plutôt qu’une volonté manifeste de réconciliation, sont des acteurs cruciaux. Leur scepticisme peut, contre l’apparence, favoriser un vrai mouvement vers la transparence politique s’ils parviennent à engager un véritable dialogue.

#### Vers une solution durable ?

L’éventualité d’un gouvernement Suminwa II ne peut être envisagée comme une simple continuité des erreurs passées. Il faut, au contraire, que cette nouvelle structure engage un premier pas vers de vraies réformes économiques, politiques et sociales. Des gouvernements compétents et intègres sont essentiels, bien plus que des technocrates valables, pour apporter des solutions durables. Cela signifie une redistribution équitable des ressources, une vraie décentralisation, et l’implication active de la société civile.

Des expériences d’autres pays de la région, notamment celles de l’Afrique du Sud et du Rwanda post-conflit, pourraient offrir des leçons précieuses. L’inclusion, la réconciliation, mais aussi l’éducation des masses autour des enjeux politiques et civiques sont des conditions sine qua non pour construire un État viable.

#### Conclusion

La création d’un gouvernement d’union nationale, au-delà des discours et des promesses, doit se traduire par des actes concrets. Les Congolais, de toute tendance politique, méritent un leadership éclairé, capable de transcender les clivages opportunistes, et concentré sur le véritable bien-être de la nation. En définitive, la quête pour la paix et la réconciliation en RDC ne peut se satisfaire de mesures temporaires et superficielles. Elle doit impérativement se fonder sur un dialogue sincère, une gouvernance inclusive, et une justice sociale tangible pour espérer bâtir un avenir plus serein et stable.