**Kinshasa : Un voyage à travers les nids-de-poule – Réalité et conséquences**
Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo (RDC), est souvent surnommée « la ville qui ne dort jamais ». Toutefois, cette réputation joyeuse est de plus en plus ternie par une problématique qui ronge ses artères : l’état lamentable de ses routes, gangrenées par des nids-de-poule omniprésents. Ce phénomène, bien plus qu’un simple désagrément, révèle une réalité poignante et complexe qui impacte non seulement le quotidien des Kinois mais également l’économie locale et le développement urbain.
### Les Routes : Miroir d’une Urbanisation Chaotique
Les routes de Kinshasa, notamment les boulevards emblématiques tels que celui du 30 juin et Lumumba, sont devenues un sinistre laboratoire de la dégradation urbaine. Les nids-de-poule, ces gouffres béants sur le parcours des Kinois, témoignent d’un manque d’entretien et d’un abandon progressif. Selon une étude de la Banque mondiale en 2022, près de 70% des infrastructures routières en RDC sont dans un état critique, freinant ainsi le développement socio-économique du pays.
Les impacts de cette dégradation se manifestent à plusieurs niveaux. D’abord, en matière de sécurité, les conducteurs et piétons doivent naviguer dans une jungle d’obstacles, occasionnant des accidents fréquents. Les témoignages d’étudiants comme Grâce Bipendu, qui risquent leur vie à se frayer un chemin entre des véhicules, illustrent le désespoir quotidien des usagers. Parallèlement, l’impact économique est non négligeable : le temps perdu dans les bouchons causés par les routes impraticables incarne une perte significative de productivité. Selon des données récentes, le coût économique de la congestion routière à Kinshasa pourrait atteindre jusqu’à 100 millions USD par an.
### Politique de Réhabilitation : Entre Promesses et Réalité
Face à cette situation alarmante, le gouvernement congolais avait engagé un projet ambitieux, « Kinshasa zéro trou », promettant la réhabilitation de 85,99 kilomètres de routes. Malheureusement, l’écart entre les promesses des autorités et la réalité reste flagrant. La phase générique a visiblement cessé de porter ses fruits, et la seconde phase semble patiner. L’ampleur des nids-de-poule qui continuent de jalonner les artères principales de la ville souligne une défaillance structurelle dans la gestion des infrastructures.
Un regard comparatif sur d’autres grandes métropoles de la région offre une perspective enrichissante. Par exemple, Lagos au Nigeria, bien que confrontée à des défis similaires, a récemment initié un programme de modernisation routière qui, au lieu de simplement colmater les nids-de-poule, incarne une approche intégrée alliant technologie et planification urbaine. Les démarches proactives face aux routes endommagées, par le biais de partenariats public-privé, pourraient offrir des solutions à Kinshasa.
### Une Vision Urbaine à Redéfinir
Pour aborder la crise routière de Kinshasa, il est impératif d’adopter une approche systémique qui ne se limite pas à la simple réhabilitation des voies, mais qui considère l’ensemble des défis urbains. La mise en place d’un système de transport public intégré, la promotion de l’utilisation des transports alternatifs tels que le vélo ou la marche, ainsi qu’une politique stricte de gestion des déchets pourraient contribuer à améliorer la situation. En outre, l’intégration de la population locale dans les décisions relatives à la planification et à l’entretien des infrastructures est cruciale.
L’éducation des citoyens sur l’importance de la préservation de l’espace public, notamment en matière de propreté des voies, pourrait également soutenir les efforts de réhabilitation. Par exemple, des campagnes de sensibilisation menées par des ONG locales pourraient sensibiliser les Kinois à leur rôle dans la préservation de leurs routes.
### Une Roadmap Urgente
En conclusion, la situation des routes à Kinshasa est un microcosme des enjeux plus larges auxquels fait face la RDC : développement urbain, gestion des infrastructures et qualité de vie. Alors que la ville a le potentiel de rayonner en tant que centre économique en Afrique centrale, la réparation des nids-de-poule ne pourra constituer qu’un premier pas vers une transformation plus profonde.
Pour que Kinshasa retrouve un semblant de fluidité dans ses déplacements, il est temps que la mobilisation devienne collective : gouvernement, secteur privé et citoyens doivent unir leurs efforts. L’avenir d’un Kinshasa funk de son histoire prestigieuse dépend de notre capacité à bâtir une ville où l’accès à des routes praticables ne soit plus un luxe, mais une réalité pour tous.
**Samyr LUKOMBO**