**Grève des avocats au Cameroun : Quand la défense de la loi tourne à la révolte face à la répression**
Depuis le mercredi 5 mars 2025, une grève sans précédent mobilise les avocats camerounais, qui ont décidé de suspendre leurs activités judiciaires pour une durée de trois jours. Ce mouvement d’humeur n’est pas simplement une question de mécontentement passager ; il est le reflet d’une crise plus profonde qui touche le système judiciaires du pays. À l’origine de cette grève, une vidéo virale montrant un avocat agressé par des forces de l’ordre, mettant en lumière les abus de pouvoir qui semblent se multiplier au fil des mois.
Le bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Mbah Eric Mbah, s’érige en porte-parole d’une profession qui, au-delà de la robe, devient symbole de résistance face à une violence institutionnelle. En déclarant que la manière dont les avocats sont souvent traités dans les unités de police et de gendarmerie est « horrible », il soulève une question brûlante : si ceux chargés de défendre la loi deviennent des cibles, quel en est l’impact sur le citoyen lambda ?
### Une tendance inquiétante
Les incidents rapportés d’avocats maltraités ne sont pas isolés. Diverses organisations de défense des droits humains signalent une montée préoccupante des abus commis par les autorités envers les professionnels du droit. Selon une étude de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), le nombre d’agressions physiques et verbales à l’encontre d’avocats a augmenté de 30 % au Cameroun ces deux dernières années. Parallèlement, des observations similaires ont été faites dans d’autres pays d’Afrique centrale, où les avocats font face à des pressions croissantes dans l’exercice de leurs fonctions.
### Une profession en péril
Cette grève, bien plus qu’une simple pause dans les affaires judiciaires, agit comme un cri de ralliement pour une profession « en péril ». Elle appelle à une réflexion plus vaste sur l’état de l’État de droit au Cameroun. Les avocats, en tant que garants de la justice, se retrouvent dans une position précaire où leur rôle de protecteurs des droits des citoyens est compromis. Il n’est pas exagéré de dire que ces professionnels font désormais face à un dilemme éthique : continuer à défendre une justice fragile, où les abus se normalisent, ou s’opposer à ce quotidien devenu insupportable.
### Communiquer autrement : l’impact des réseaux sociaux
L’utilisation des réseaux sociaux dans cette lutte pour la justice ne peut être sous-estimée. Ce nouveau mode de communication permet non seulement de sensibiliser la population, mais aussi d’exercer une pression sur les autorités. Le partage de la vidéo incriminée a provoqué un véritable choc social, réveillant les consciences sur des violences souvent passées sous silence. C’est également l’opportunité pour les avocats de présenter leur combat au-delà des murs des tribunaux, utilisant des plateformes telles que Fatshimetrie.org pour mobiliser une opinion publique souvent muette.
### Vers un changement nécessaire
Le ministre de la Défense et d’autres autorités ont déjà manifesté leur volonté d’ouvrir le dialogue. Les discussions en cours avec les gendarmes et les forces de police peuvent ouvrir la voie à des réformes nécessaires dans le traitement des avocats par les forces de sécurité. La résonance de ce mouvement pourrait encourager des actions concrètes, telles que des protocoles de coopération entre avocats et autorités, pour garantir la sécurité des praticiens du droit.
Cependant, il est crucial que cette grève ne soit pas qu’un instantané de protestation, mais plutôt le début d’une transformation durable pour le système judiciaire camerounais. Il est impératif que l’État prenne ces préoccupations au sérieux et établisse des mesures efficaces pour protéger ceux qui défendent la justice. Paradoxalement, le succès de cette grève dépendra en partie de la capacité des avocats à maintenir la pression tout en construisant des ponts avec les institutions.
### Conclusion
La grève des avocats camerounais met en lumière non seulement les abus dont ils sont victimes, mais elle interpelle aussi chaque citoyen sur l’état de la démocratie dans le pays. En plaçant leur robe noire sur le banc, ces avocats lancent un appel pressant à l’action. Plus qu’un simple acte de défi, c’est un engagement pour un avenir où la justice ne sera pas une cible, mais un droit fondamental inaliénable pour tous. Le silence est désormais brisé, et il appartient à chacun de contribuer à la construction d’un système juridique plus respectueux et plus digne.