Pourquoi la mutilation génitale féminine continue-t-elle d’augmenter malgré les efforts d’interdiction mondiale ?


**Titre : La Mutilation Génitale Féminine : Une Action Globale Est Nécessaire Face à Une Réalité Évolutive**

La mutilation génitale féminine (MGF), ou excision, représente un défi majeur en matière de droits humains, touchant des millions de femmes à travers le monde. Le récent rapport élaboré par le End FGM European Network, Equality Now et le US Network to End FGM/C révèle que cette pratique, bien que largement stigmatisée, se propage toujours dans des pays où elle n’était pas traditionnellement reconnue, illustrant la nécessité d’une approche mondiale et holistique pour éradiquer ce fléau.

### Une Étendue Insoupçonnée

Les données révèlent qu’au moins 94 pays sont concernés par la MGF, un chiffre alarmant qui dépasse les estimations précédentes. Avec plus de 230 millions de femmes et filles subissant les effets de cette pratique, il est crucial d’explorer les raisons sous-jacentes à cette propagation. Des pays comme l’Azerbaïdjan, le Cambodge, le Vietnam et les Philippines, souvent perçus comme en dehors de la portée de la MGF, émergent dans ce débat, remettant en question l’idée que les régions affectées se limitent à des contextes culturels spécifiques, principalement en Afrique.

### La Réponse des Gouvernements : Un Silence Assourdissant

Un aspect clé du problème est le manque de reconnaissance et d’interventions gouvernementales adéquates. Même si des pays comme le Soudan et l’Indonésie prennent des mesures pour interdire la MGF, la majorité des pays touchés n’ont pas encore légiféré sur cette pratique. Ce silence des gouvernements s’explique notamment par des facteurs socioculturels, où la MGF est perçue comme un symbole de culture et de tradition. Cela alimente l’idée que l’éradication de la MGF est une attaque contre les valeurs traditionnelles, provoquant ainsi une résistance au changement.

### La Montée de la MGF Médicalisée

Paradoxalement, alors que la prise de conscience norme la dénonciation de pratiques archaïques, un phénomène alarmant émerge : l’augmentation de la MGF médicalisée. Environ 66 % des cas récents auraient été effectués par des professionnels de santé, notamment en Égypte et en Indonésie. Cette pratique « médicalisée » est non seulement dangereuse, mais elle contribue également à la normalisation de la mutilation, créant une illusion de sécurité dans un processus qui n’apporte aucune réelle protection contre les conséquences néfastes. Cette situation révèle un besoin urgent d’éduquer les professionnels de santé sur les implications médicales et éthiques de ces procédures.

### Le Rôle Crucial des Données

Il est essentiel de mettre en lumière l’importance des données probantes dans la lutte contre la MGF. L’absence de données complètes dans de nombreuses régions permet aux gouvernements de se détourner de leurs responsabilités en matière de santé publique et de droits humains. L’UNICEF, en 2020, avait estimé que 200 millions de femmes et filles avaient subi cette pratique, un chiffre qui sous-estimait visiblement l’ampleur de la crise. Des stratégies basées sur des données récentes sont indispensables pour sensibiliser davantage les gouvernements et favoriser les investissements dans des programmes efficaces.

### Une Réaction Collective et Inclusive

Hélas, malgré les efforts de certains pays pour imposer des lois interdisant la MGF, certaines initiatives font face à une forte opposition. Les voix des militants des droits des femmes doivent se faire entendre dans les processus décisionnels pour s’assurer que les lois restent en faveur de l’élimination de cette pratique. La résistance à ces initiatives est souvent alimentée par des mouvements qui cherchent à minimiser les droits des femmes.

### Vers un Avenir sans MGF

L’Objectif de Développement Durable (ODD) 5.3 de l’ONU vise à éliminer la MGF d’ici 2030, mais pour y parvenir, un effort collectif et multidimensionnel est impératif. Non seulement les gouvernements doivent prendre des engagements politiques fermes, mais des campagnes de sensibilisation doivent également être mises en œuvre pour changer les mentalités et atténuer les stéréotypes nuisibles. La collaboration avec des organisations locales est essentielle pour garantir que les programmes s’adaptent aux réalités de chaque communauté.

### Conclusion : Un Appel à l’Action

Le déplacement du discours autour de la MGF vers une approche centrée sur les droits humains est fondamental. La lutte contre la MGF n’est pas seulement la responsabilité des pays directement concernés, mais bien un enjeu mondial requérant une mobilisation collective. Les femmes et les filles qui ont enduré cette expérience traumatique méritent un avenir débarrassé de la violence et de la stigmatisation. L’engagement transnational, à travers des politiques éclairées par des données réelles et le soutien des mouvements de base, peut finir par renverser la tide.

Il est temps que le monde reconnaisse l’ampleur de ce problème et travaille ensemble pour mettre fin à cette violation des droits humains au 21ème siècle. Il en va de la dignité et de l’intégrité des femmes et des filles du monde entier.