Comment la République Démocratique du Congo peut-elle améliorer la prise en charge du cancer pédiatrique pour sauver des vies ?


### La lutte contre le cancer pédiatrique en RDC : un combat contre les inégalités et l’ignorance

Le 4 février, le monde entier se mobilise pour la journée mondiale de lutte contre le cancer. En République Démocratique du Congo (RDC), cette journée prend une résonance particulière, notamment à travers le regard du Dr René Ngiyulu, professeur d’oncologie pédiatrique aux cliniques universitaires de Kinshasa. La situation du cancer en RDC, surtout chez les enfants, met en exergue non seulement les défis médicaux mais également les barrières sociales et économiques qui entravent l’accès à des soins de qualité.

#### Une prise en charge médicale complexe

Selon Dr Ngiyulu, traiter le cancer, notamment chez les enfants, nécessite une combinaison de compétences médicales, d’infrastructures adéquates et de ressources financières suffisantes. En RDC, ces éléments souffrent d’un manque flagrant. Alors que les statistiques mondiales montrent que les taux de survie au cancer pédiatrique s’élèvent à près de 80 % dans les pays développés, la RDC demeure à la traîne. Des études estiment que moins de 30 % des enfants atteints de cancer en RDC reçoivent un traitement adéquat, en grande partie en raison de l’absence de diagnostics précoces et d’un manque d’accès aux soins.

L’infrastructure sanitaire en RDC, souvent vieillissante et mal financée, ne permet pas de réaliser des examens fondamentaux à un stade précoce. Ce constat est illustré par le parcours difficile d’Espervie, qui a dû jongler avec plusieurs diagnostics erronés avant d’être correctement soignée. Cette situation soulève une question alarmante : combien d’autres enfants, dans l’ombre de ce système, souffrent silencieusement d’une pathologie qui aurait pu être traitée efficacement si elle avait été détectée à temps ?

#### Les barrières sociales et éducatives

Le témoignage poignant d’Espérance Manako, la grand-mère d’Espevie, révèle également les freins à la prise en charge du cancer : l’ignorance des parents et le dépistage tardif. Dans un pays où l’éducation et l’information sur la santé restent limitées, de nombreux parents ne savent pas reconnaître les symptômes annonciateurs du cancer. Ce manque de sensibilisation est aggravé par des croyances culturelles qui peuvent détourner l’attention des mesures nécessaires et des soins médicaux.

D’un autre côté, l’aspect financier reste un obstacle majeur. Dans une nation où la majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté, le coût des soins médicaux — même simples, comme une biopsie ou une chimiothérapie — est un luxe inaccessibile. Les familles doivent souvent choisir entre se nourrir et accéder à des soins médicaux pour leurs enfants, un dilemme tragique qui devrait faire réfléchir la communauté internationale et les gouvernements locaux.

#### Vers une amélioration systémique

Pour qu’un véritable changement se produise, il ne suffit pas de sensibiliser la population. Il faut également reconsidérer et réformer le système de santé congolais. Cela passe par une formation continue des professionnels de santé, des investissements massifs dans l’infrastructure médicale, ainsi que l’instauration de programmes de couverture santé adaptés à la population. Des exemples en Afrique, tels que le modèle de soins intégrés en oncologie pédiatrique en Afrique du Sud, montrent que des solutions peuvent être mises en place pour améliorer les taux de survie au cancer grâce à un meilleur dépistage précoce et à un accès aux traitements.

Les ONG et les institutions internationales jouent également un rôle vital en apportant des ressources et en soutenant des campagnes de sensibilisation. Le partenariat entre le secteur public et des organisations non gouvernementales pourrait permettre de développer des programmes de dépistage et de traitement qui prennent en compte les réalités locales.

#### Conclusion : l’espoir demeure

Malgré des défis colossaux, le message de résistance et d’espoir émanant d’Espervie est révélateur de la force de ces enfants et de leurs familles. Leurs luttes devraient toucher le cœur de notre société et encourager un élan collectif pour lutter contre cette maladie cauchemardesque. Chaque journée où nous ignorons les défis auxquels les enfants malades font face est une journée durant laquelle nous laissons la stigmatisation et l’inefficacité des soins s’étendre. La sensibilisation, l’éducation et la mobilisation des ressources sont dès lors indispensables pour transformer le paysage du traitement du cancer pédiatrique en RDC.

En réunissant ces éléments, la RDC peut commencer à apporter l’espoir aux familles en leur offrant un accès digne à la santé. Le combat contre le cancer pédiatrique ne peut se faire dans l’ombre; il doit briller de tout son éclat dans les discussions publiques et les politiques de santé.