### Une journée sans cours : une opportunité d’engagement citoyen au sein de l’ESU en RDC
Le paysage universitaire congolais se trouve à un tournant avec la décision récente de la ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire, Marie-Thérèse Sombo, d’instaurer une journée sans cours le jeudi 30 janvier 2025, dédiée aux activités patriotiques. Cette initiative, qui se décline comme une réponse à l’insécurité grandissante dans l’est du pays liée à la menace des rebelles du M23/AFC, pose une question essentielle : comment l’éducation peut-elle jouer un rôle mobilisateur face à une crise humanitaire et sécuritaire ?
Au-delà de la simple annulation des cours, cette journée devient un espace d’échange et de solidarité qui pourrait transformer la dynamique de la communauté académique. Cette approche met en avant un aspect souvent négligé de l’éducation : son potentiel à forger un sens de responsabilité civique et de solidarité nationale. Les étudiants, loin d’être de simples récepteurs de savoir, sont appelés à devenir des acteurs du changement social et à contribuer activement à leur société.
### Une mobilisation nécessaire
La note de la ministre Sombo appelle à une mobilisation collective. La création d’un fonds de solidarité dans chaque établissement et l’engagement du personnel académique pour fournir des solutions concrètes au gouvernement national soulignent l’importance d’une approche collaborative. Si l’on considère les défis auxquels le pays fait face, un tel effort pourrait s’avérer essentiel non seulement pour le soutien aux forces armées, mais également pour répondre aux besoins des populations déplacées, en particulier dans l’est du pays où des millions de Congolais sont en difficulté.
D’ailleurs, selon des statistiques récentes, plus de 5 millions de personnes sont actuellement déplacées en RDC en raison des violences persistantes. Mobiliser la jeunesse étudiante autour de ces enjeux pourrait non seulement faire ressortir leur potentiel créatif, mais aussi renforcer leur engagement civique à long terme. En leur offrant des opportunités de participation citoyenne, on pourrait observer une transformation positive des mentalités, un phénomène déjà observable dans d’autres pays en proie à des conflits.
### Angles d’analyse : comparaison et inspiration
En examinant des initiatives similaires, il est intéressant de se pencher sur des mouvements étudiants qui ont eu un impact significatif dans d’autres contextes africains. Par exemple, la mobilisation étudiante contre le régime de Joseph Kabila au Congo et les manifestations en faveur de la démocratie en Algérie montrent comment la jeunesse peut devenir un moteur de changement lorsque mobilisée autour d’un objectif commun. Dans ces cas, l’engagement citoyen et la solidarité ont permis d’unir des voix contre des injustices sociales et politiques.
De même, les pays comme le Kenya ont également vu des étudiants s’engager massivement dans des activités de soutien aux populations touchées par des crises. Cette tendance pourrait inspirer la RDC à développer des programmes de sensibilisation qui ne se limitent pas à une journée, mais qui s’inscrivent dans un processus durable de formation des citoyens.
### Une précieuse opportunité de dialogue
La proposition de la ministre concernant l’organisation de conférences, de journées de sensibilisation et d’émissions médiatiques pourrait également jouer un rôle clé dans la promotion d’un dialogue constructif sur la paix et la résilience. Ces initiatives représentent une occasion unique de rassembler diverses parties prenantes, y compris des praticiens, des universitaires et des acteurs de la société civile, pour réfléchir aux enjeux de sécurité et aux stratégies de développement local.
Cela dit, réussir à transformer une journée sans cours en une véritable plateforme d’engagement citoyen nécessitera une planification minutieuse et une intégration des retours d’expériences des étudiants afin qu’ils se sentent parties prenantes de cette dynamique. Des ateliers d’innovation sociale, par exemple, pourraient permettre aux jeunes de développer des solutions adaptées aux enjeux locaux tout en renforçant leur esprit d’initiative.
### Conclusion : vers un avenir éclairé et engagé
La déclaration de cette journée sans cours inscrite dans un cadre patriotique et solidaire pourrait bien représenter une opportunité précieuse pour les étudiants de réenvisager leur rôle dans une société en crise. Une telle initiative pourrait faire germer des graines de changement, où l’éducation ne serait pas seulement perçue comme un passage obligé, mais comme un vecteur d’engagement et de transformation sociale.
Ainsi, au-delà du soutien immédiat aux FARDC et aux populations déplacées, il serait judicieux que cette journée devienne le point de départ d’une réflexion plus large sur le rôle des universitaires dans le développement d’un pays et la promotion de la paix. En intégrant l’éthique du soin pour autrui au cœur de l’éducation, le Congo pourrait non seulement préserver son avenir, mais le façonner positivement pour les générations à venir.
Dans cette optique, l’évolution des mentalités et la prise de conscience des enjeux sociopolitiques passent à travers l’éducation, et ce, idéalement, soutenue par l’engagement collectif. Le parcours reste long et difficile, mais chaque pas en avant, aussi petit soit-il, mérite d’être célébré.