Comment Lecoeur Mutshipayi appelle-t-il à l’unité pour instaurer la paix en RDC face à l’indifférence ?


**Réflexion sur l’Inertie et la Mobilisation Collective : L’Appel de Lecoeur Mutshipayi pour la RDC**

La République Démocratique du Congo (RDC), blessée par des décennies de conflits armés, fait face à une nouvelle crise, cette fois à l’est du pays. Lecoeur Mutshipayi, fonctionnaire et journaliste, interpelle la nation sur la nécessité d’une mobilisation collective face à l’agression rwandaise, un appel qui met en lumière des problématiques bien plus profondes au cœur de la société congolaise.

### Une Tragédie Ignorée

Il est indéniable que la guerre dans l’est de la RDC a trop duré, avec des conséquences désastreuses sur une population déjà fragilisée. Selon le rapport des Nations Unies, plus de 5 millions de Congolais ont perdu la vie depuis le début des conflits à la fin des années 1990. Toutefois, l’indifférence du reste du pays face à cette tragédie soulève des interrogations inquiétantes. Pourquoi, par exemple, les activités festives à Kinshasa continuent-elles comme si de rien n’était, alors que des compatriotes souffrent jour après jour dans le Nord-Kivu ?

### Un Appel à la Solidarité : Une Mobilisation Réciproque

L’appel à la mobilisation de Mutshipayi trouve écho dans une réalité sociopolitique complexe. Historiquement, la solidarité au sein des communautés congolaises a fluctué selon les périodes de paix et de crise. Aujourd’hui, cette solidarité paraît menacée par une fragmentation sociale exacerbée par des rivalités politiques et ethniques. Pour aller au-delà de cet état de fait, il serait nécessaire d’étudier les mécanismes qui favorisent ou freinent cette mobilisation. Comment créer une dynamique où l’ensemble des Congolais se sent concernés par les souffrances vécues à l’Est ?

Une étude menée par le Centre d’Etudes de la Paix de l’Université de Kinshasa montre que les initiatives de paix locales rencontrent souvent des obstacles en raison de la méfiance envers les autorités et des luttes de pouvoir. Il est donc essentiel d’adopter une approche communautaire, utilisant les acteurs de la société civile pour sensibiliser et mobiliser les populations autour des valeurs de paix et de cohésion. Ce type d’implication peut servir de force motrice pour changer les mentalités et amener l’athmosphère de solidarité à Kinshasa.

### Au-delà du Silence : Le Rôle des Institutions et du Clergé

Le silence que Mutshipayi attribue à l’Église catholique mérite une attention particulière. Historiquement, l’Église a joué un rôle crucial dans la cohésion sociale en RDC. Cependant, sa position incertaine face aux réalités de conflit peut s’expliquer par une volonté de rester neutre pour éviter la polarisation ou, plus cyniquement, par une protection de ses propres intérêts institutionnels. L’apathie manifeste des institutions, y compris les politiques, face à l’urgence de la situation est alarmante.

Les églises doivent réévaluer leur rôle et agir comme des catalyseurs de paix plutôt que de simples observateurs. Au-delà des sermons, une initiative de dialogue intercommunautaire pourrait donner naissance à des solutions concrètes et renforcer le tissu social.

### Responsabilité Collective et Engagement des Leaders

Mutshipayi souligne également la responsabilité des leaders et des journalistes dans la narration de cette crise. Un journalisme engagés, qui informe sans tomber dans le sensationnalisme, peut être puissant pour mobiliser l’opinion publique et créer un mouvement de soutien aux efforts des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC). Cependant, les médias congolais se retrouvent souvent piégés entre la nécessité d’informer et la peur de répercussions politiques.

Il est essentiel d’encourager une couverture responsable de la situation sur le terrain. Parallèlement, les leaders politiques doivent se rendre compte qu’un discours unificateur, qui prône la paix et l’entraide plutôt que les divisions, est essentiel pour prévenir une nouvelle spirale de violence. L’indifférence actuelle n’est pas juste une tragédie personnelle, mais un échec collectif.

### Vers une Vision Partagée pour l’Avenir

Comme le signale Mutshipayi, la RDC a le potentiel d’un avenir meilleur, mais cela ne peut se réaliser qu’à travers un engagement collectif et sincère. Les statistiques d’une enquête de l’Institut National de Statistique indiquent que plus de 60 % des Congolais souhaitent une guerre éclair d’unité pour mettre fin à la violence. Ce chiffre montre qu’il existe une majorité prête à investir dans la paix, mais qui a besoin d’être guidée et structurée.

Ce chemin vers l’unité et la paix doit aussi inclure un dialogue constructif avec les acteurs internationaux, souvent en position de force, pour qu’ils jouent le rôle de médiateurs auxquels l’Afrique des Grands Lacs aspire. La RDC ne peut pas s’en sortir seule; les relations internationales et l’intervention des ONG sont cruciales pour véritablement envisager un retour à la stabilité.

### Conclusion : L’Engagement Commun comme Sanction du Droit à la Paix

Finalement, la paix ne doit pas être considérée comme une simple absence de conflit, mais comme un état d’harmonie dans lequel tous les Congolais peuvent s’épanouir. L’appel de Lecoeur Mutshipayi n’est qu’un cri du cœur qui doit résonner à tous les niveaux de la société. Il est temps de sortir de l’inertie, d’affronter les réalités troublantes de la RDC et de bâtir ensemble un avenir où la paix n’est plus une utopie, mais une garantie pour chaque Congolais. Le cœur a effectivement parlé; il ne reste plus qu’à écouter et agir.