Pourquoi Jean-Claude Katende appelle-t-il à une réforme gouvernementale urgente en RDC pour répondre à la crise sécuritaire à l’Est ?


### État d’urgence à l’Est de la République Démocratique du Congo : Appel à la concertation et à l’action

Le 23 janvier 2025, la République Démocratique du Congo (RDC) est à un tournant critique. Jean-Claude Katende, président de l’Association des Droits de l’Homme (Asadho), a lancé un appel pressant au président Félix Tshisekedi pour qu’il convoque une rencontre des leaders politiques et des forces vives du pays. Cette initiative survient dans un contexte de détérioration alarmante de la situation sécuritaire dans l’Est, où la population souffre de conflits récurrents, d’instabilité et d’une crise humanitaire grandissante.

Katende ne se contente pas de dénoncer la situation ; il fait également des recommandations fermes. Il exhorte le président à abandonner son projet de révision constitutionnelle, considérant que le contexte actuel nécessite une action immédiate et concrète plutôt que des débats institutionnels qui pourraient sembler déconnectés des réalités sur le terrain. Cette analyse appelle à une réflexion sur le rôle des institutions dans la gestion des crises, rappelant que parfois, des actions audacieuses et symboliques peuvent avoir un impact plus significatif que de longues procédures bureaucratiques.

### Réflexion sur l’identité politique et militaire

L’appel à réduire le nombre de politiciens au sein du gouvernement soulève une question plus profonde : celle de l’identité et de la fonction des dirigeants dans un contexte de crise. De nombreux gouvernements à travers le monde ont eu recours à des gouvernements de crise, formés d’experts plutôt que d’hommes politiques. Pourquoi la RDC ne pourrait-elle pas envisager une telle approche, permettant ainsi à des technocrates et des agents de changement mobilisés sur le terrain d’aborder les problèmes sous un autre angle ? De plus, la suggestion de Katende de ramener les militaires associés aux groupes armés proches du Rwanda vers l’ouest et le centre du pays devrait également inviter à une réflexion sur la nécessité de réformer l’armée congolaise, souvent perçue comme étant secouée par des allégeances conflictuelles.

Cette proposition s’inscrit dans un cadre plus large, celui de la gestion intégrée des forces de sécurité et des intérêts politiques. Dans un contexte où les conflits sont souvent alimentés par des rivalités ethniques et géopolitiques, un mouvement vers la réconciliation pourrait renforcer la cohésion nationale et doter les forces congolaises d’une plus grande légitimité.

### Les déplacements massifs : un signe de détresse

La situation dans l’Est de la RDC est, hélas, exacerbée par des déplacements massifs de la population, avec des milliers d’habitants fuyant Sake vers des camps de déplacés déjà surpeuplés. Ce type de crise humanitaire devrait éveiller l’attention de la communauté internationale, qui a souvent été critiquée pour sa lenteur à agir dans des situations similaires. En effet, l’UNHCR estime qu’environ 5,5 millions de personnes sont actuellement déplacées en RDC, faisant de ce pays l’un des plus touchés par des crises de déplacement interne au monde.

Sake, qui se retrouve au cœur de cette tourmente, illustre la vulnérabilité des zones rurales face à des conflits armés. Le phénomène de l’urbanisation des camps de déplacés, où les défis de la pauvreté et de l’accès à l’eau potable se conjuguent avec des tensions ethniques et des actes de violence, met en lumière le besoin urgent d’une stratégie humanitaire et de développement à long terme.

### Appel à l’unité régionale

Enfin, ce contexte engage à élargir la discussion vers une coopération régionale. La RDC ne peut pas vivre isolée des dynamiques sous-régionales. Il serait judicieux d’envisager des rencontres avec les pays voisins, incluant le Rwanda, sur des questions de sécurité, de politique migratoire et de réinsertion des groupes armés. Un tel dialogue serait significatif pour réduire les récurrences des tensions et favoriser une paix durable.

En somme, l’intervention de Jean-Claude Katende ne doit pas être vue seulement comme une réaction à une crise immédiate, mais comme une opportunité pour repenser l’architecture politique et sécuritaire de la RDC. Ce moment pourrait devenir un catalyseur pour une réforme radicale, là où des voix lucides se heurtent à des bouleversements urgents. Au-delà des politiques institutionnelles classiques, la volonté d’inclure diverses voix et vécus dans les discussions pourrait devenir le fondement d’une nouvelle vision congolais viable, durable et inclusive. L’heure est à l’action, mais aussi à la vision.