Pourquoi le refus de dialogue de Félix Tshisekedi face au M23 pourrait-il compromettre la paix en RDC ?


### Tensions Régionales : Vers un Écoulement des Quêtes de Paix en RDC ?

Le 18 janvier 2025, lors d’une cérémonie de vœux marquant le début de l’année, Félix Tshisekedi, le président de la République Démocratique du Congo, a exprimé une position ferme envers le Rwanda, en appelant à des sanctions contre son voisin, tout en excluant le dialogue avec le M23, un groupe armé soutenu, selon Kinshasa, par Kigali. Cette déclaration s’inscrit dans un contexte déjà tendu dans l’est du pays, où la communauté internationale cherche une solution durable à une crise qui perdure depuis des décennies.

#### L’Exclusion du Dialogue : Une Stratégie Risquée

L’affirmation de Tshisekedi selon laquelle engager la discussion avec le M23 reviendrait à légitimer ses « actions illégales » suscite des interrogations quant à la viabilité de cette stratégie. Bien que le rejet du dialogue puisse donner l’impression d’une position ferme face à l’ingérence étrangère, il pourrait également entraîner une escalade des hostilités sur le terrain. Pour comprendre les implications de cette démarche, il est pertinent d’examiner des cas similaires sur le continent africain.

Prenons exemple sur le processus de paix en République Centrafricaine, qui, malgré des accords intermittents entre les autorités et les groupes rebelles, n’a fait qu’exacerber les tensions et prolonger la violence. Par conséquent, l’absence de dialogue pourrait aussi mener à des ramifications imprévisibles, non seulement pour la RDC, mais aussi pour toute la région des Grands Lacs, déjà fortement instable.

#### Procès d’Influence : L’arène Diplomatique Africanisée

Dans ce contexte, la référence au processus de Luanda, censé rétablir le dialogue entre Kinshasa et le M23, pose une question fondamentale : ce mécanisme reste-t-il un médiateur crédible en dépit du refus de Tshisekedi de l’utiliser ? Les retombées de cette dynamique diplomatique sont à évaluer de manière critique. Si l’on s’intéresse aux précédents de médiation en Afrique, il convient de se rappeler que souvent, les dialogues qui ont facilité la paix étaient ceux qui incluaient tous les acteurs concernés, y compris ceux qui sont perçus comme illégitimes.

L’évolution des tensions entre le Rwanda et la RDC peut également être éclairée par les récents événements sur le terrain. L’intensification des combats à Kalehe, dans la province du Sud-Kivu, signale une aggravation de la situation sécuritaire qui pourrait compromettre, non seulement le bien-être des populations locales, mais aussi l’efficacité des efforts de paix entrepris à l’échelon international.

#### Des Statistiques Alarmantes

Des données récentes montrent qu’en 2023, près de 5 millions de personnes ont été déplacées à cause de la violence dans l’Est de la RDC. Cette dynamique de déplacement contraint le pays à mobiliser des ressources déjà limitées et à faire face à une crise humanitaire alarmante. L’impossibilité de mettre un terme à ce cycle de violence soulève une incertitude sur la possibilité d’un rétablissement rapide de la paix, une évaluation qui gagnerait à être au cœur des réflexions des décideurs congolais et de leurs partenaires internationaux.

#### Réflexions Alternatives : Une Pluralité d’Approches

Pour une meilleure avancée vers la paix, il est crucial de repenser le cadre des négociations. Plutôt que de s’en tenir à un schéma binaire – dialogue ou non-dialogue –, il pourrait être pertinent de développer des approches innovantes qui impliquent la société civile, les groupes de jeunes, les femmes et même les acteurs économiques. À cet égard, des initiatives de paix locales, portées par la société civile, ont montré leur potentiel à instaurer un rapport de force favorable à la paix en impliquant les communautés directement affectées.

Par ailleurs, la création d’une commission indépendante et neutre, associée aux membres de la diaspora congolaise, pourrait apporter un éclairage nouveau sur les enjeux sous-jacents qui alimentent le conflit. Les réflexions autour de la restitution des territoires, des compensations économiques ou des programmes de réintégration des anciens combattants pourraient constituer des volets complémentaires à une démarche diplomatique.

#### Conclusion : Vers une Réflexion Dépassionnée

Alors que le contexte régional est marqué par le poids croissant des tensions, il devient essentiel d’imaginer des solutions qui dépassent le simple rejet du dialogue avec des groupes qui posent problème. L’histoire récente nous rappelle que le refus d’engager des discussions pourrait ne faire que prolonger des souffrances déjà insupportables pour des millions de Congolais. Dans cette quête d’une paix durable, l’ouverture à des solutions alternatives et l’implication de tous les acteurs, y compris les plus sceptiques, pourrait se révéler être la clé pour une sortie de crise pérenne.

Il demeure crucial de garder à l’esprit que la paix ne se décrète pas : elle se construit, se cultive et se nourrit de la volonté collective de pacification et de réconciliation. Sur ce chemin difficile, chaque voix, chaque initiative compte et doit être entendue, pour que l’avenir de la RDC et de ses habitants puisse enfin s’écrire sous le signe de l’espoir.