Quelle leçon devons-nous tirer de la tragédie de l’effondrement d’un mur à Kinshasa pour améliorer la sécurité des infrastructures urbaines ?


**Les Dangers Cachés de l’Infrastructures Congolaises : Une Tragédie Évoque des Problèmes Plus Profonds**

Le 14 janvier 2025, la capitale de la République Démocratique du Congo, Kinshasa, a été le théâtre d’un drame tragique : l’effondrement d’un mur dans le quartier Musey, emportant la vie de quatre membres d’une même famille, dont trois enfants. Alors que les pleurs et les lamentations résonnent encore dans les rues de Ngaliema, cette tragédie met en lumière une problématique plus vaste, celle de l’infrastructure et de l’urbanisation chaotique au sein de la ville.

Les événements de cette nuit fatidique rappellent que les pluies torrentielles, fréquentes à Kinshasa, ne sont pas l’unique cause des tragédies qui frappent les habitants de cette métropole. Dans un contexte où 60% de la population vit dans des habitats précaires, les constructions non réglementées et la qualité des matériaux utilisés soulèvent des questions cruciales sur la sécurité des infrastructures. La plupart des constructions dans les quartiers périphériques sont réalisées sans suivi technique, laissant place à des dérives préoccupantes.

Les témoignages des rescapés, attestant que le mur se serait effondré en raison d’une construction mal exécutée, soulignent un problème infrastructurel profondément ancré. Selon une étude de la Banque Mondiale, moins de 15% des constructions à Kinshasa respectent les normes de sécurité, et les incidents comme celui-ci sont malheureusement de plus en plus courants. En comparaison, à Nairobi (Kenya), des réglementations de construction rigoureuses, combinées à un contrôle des matériaux, ont permis de réduire considérablement le nombre d’accidents liés à des effondrements.

La responsabilité de tels drames ne peut être attribuée seulement aux ouvriers. Elle commence par un manque de planification urbaine et de réglementation efficace de la part des autorités locales. Peut-on réellement s’étonner qu’un mur construit à la hâte avec des matériaux de mauvaise qualité ne puisse pas résister à une tempête ? Ce qu’il faut, c’est une réglementation stricte accompagnée d’un système de contrôle des constructions et de sensibilisation des habitants sur les méthodes de construction sécurisées.

Dans un pays où les catastrophes naturelles mélangent leurs effets avec des pratiques de construction irresponsables, la mise en place de programmes de sensibilisation pourrait changer la donne. En 2020, lors de la mise en œuvre de l’Initiative « Kinshasa sans tranchées », les autorités avaient tenté de sensibiliser les habitants à l’importance de suivre les standards de construction. Malheureusement, ces efforts se sont heurtés à un manque de financement et à l’absence de soutien technique.

L’exode rural vers les villes, encouragé par l’idée d’un meilleur futur, accroît la pression sur des infrastructures déjà précaires. Selon les statistiques, la population de Kinshasa a doublé en vingt ans, atteignant près de 15 millions d’habitants. Cette urbanisation rapide nécessite des réponses adaptées en matière de logement, mais aussi une vision urbanistique pragmatique intégrant les réalités climatiques.

Les autorités doivent reconnaître que ces tragédies ne sont pas simplement des accidents isolés, mais le reflet d’une ville en pleine mutation, confrontée à des défis structurels. Pour éviter que des drames comme ceux survenus à Ngaliema ne se reproduisent, il est impératif d’agir avec diligence et responsabilité.

En somme, cette tragédie pourrait servir de catalyseur pour une réflexion plus vaste sur la régulation des constructions en milieu urbain. Il ne s’agit pas seulement de réparation d’infrastructures, mais d’une véritable transformation de l’urbanisme à Kinshasa pour garantir la sécurité et le bien-être des habitants. La lutte contre la précarité des logements ne peut plus être différée ; elle doit devenir une priorité pour les responsables politiques afin d’éviter que la prochaine pluie ne transforme de nouveau des maisons en tombeaux.

Cette réflexion autour des infrastructures et de la sécurité doit être menée en concert avec la population locale, intégrant ses luttes, mais aussi ses initiatives pour bâtir une kinshasa où le droit à la vie et à un habitat sûr deviendra enfin une réalité. Le moment est venu de prendre action avant que la ville ne soit à nouveau frappée par une tragédie évitable, une action qui exige non seulement des lois, mais surtout les moyens de les appliquer.