Quelle stratégie Jules Banza devra-t-il adopter pour revitaliser les FARDC face aux menaces du M23 ?


**Entrée en fonction de Jules Banza Mwilambwe : un tournant stratégique pour l’armée congolaise ?**

Ce lundi 6 janvier 2025 marque une nouvelle étape pour les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) avec l’arrivée de Jules Banza Mwilambwe à la tête de l’État-major général. Nommé en décembre dernier, Mwilambwe succède à Christian Tshiwewe dans un contexte particulièrement chaotique en raison des récentes offensives menées par les rebelles du M23 dans la province du Nord-Kivu. Ce changement à la tête des forces armées s’inscrit non seulement dans une dynamique de renouvellement, mais soulève également des questions sur la pertinence des choix stratégiques du gouvernement face à une situation sécuritaire tumultueuse.

### Une nomination dans un climat tendu

Le choix de Jules Banza, qui occupait précédemment le poste de chef-adjoint à la Maison militaire du Président, n’est pas anodin. En tant que responsable des opérations et des renseignements, il a eu l’occasion d’observer de près les défis auxquels les FARDC sont confrontées sur le terrain. Sa nomination pourrait être perçue comme un signal fort de la volonté du Président Félix Tshisekedi de réagir face à ces menaces de manière plus efficace. Toutefois, cette transition engendre de nombreuses interrogations sur l’identité des structures militaires congolaises et leurs priorités.

### Un nouvel État-major face à des défis persistants

La situation sécuritaire au Nord-Kivu, où le M23 a intensifié ses activités, est symptomatique d’un mal plus profond. En dépit des promesses d’une réforme significative des forces armées, les FARDC continuent de lutter contre l’inefficacité, la corruption et une logistique souvent défaillante. Les statistiques montrent que, depuis le début de l’année 2023, les attaques conduites par les groupes armés ont entraîné un nombre alarmant de déplacés, dépassant les 600 000 personnes selon les dernières données fournies par l’Organisation internationale pour les migrations.

Mwilambwe, tout en étant connu pour son expérience, se trouve donc dans une situation où il doit non seulement gérer une institution militaire déstabilisée, mais également faire face à des facteurs régionaux complexes. Les relations parfois tendues avec les pays voisins et l’implication d’acteurs extérieurs rendent l’approche militaire de la RDC d’autant plus délicate. Reconstituer la confiance du peuple envers l’armée dans ce contexte où les abus sont fréquemment rapportés représentera l’un de ses plus grands défis.

### Une stratégie à l’épreuve : le retour aux sources

L’un des enjeux majeurs pour Mwilambwe sera de bâtir une nouvelle stratégie militaire qui intègre davantage le renseignement et les opérations de renseignement. Les succès des opérations congolaises passées se sont souvent heurtés à la difficulté d’obtenir des informations précises et exploitables. Le développement d’une approche centrée sur le renseignement pourrait permettre d’anticiper les mouvements des groupes rebelles, mais également d’améliorer la coordination entre les différentes unités de l’armée.

Un accès amélioré aux technologies modernes de surveillance et de communication pourrait jouer un rôle crucial dans la réorganisation des opérations militaires. Une telle transformation nécessitera non seulement des ressources financières, mais aussi un engagement politique fort et une volonté de collaboration avec des partenaires internationaux.

### Vers une réforme plus large ?

La nomination de Jules Banza ne doit pas uniquement être perçue dans le cadre d’un simple remplacement. Elle est aussi un appel à l’occasion d’une réforme plus étendue des forces armées, qui devrait inclure une évaluation des structures existantes et un effort de revitalisation des ressources humaines. L’intégration de femmes et de jeunes dans des rôles clés au sein des FARDC offrirait non seulement une vision plus diversifiée mais aussi une représentation plus équitable d’une population souvent lésée par les décisions liées à la sécurité.

### Conclusion : espoir et scepticisme

Le changement à la tête des FARDC représente une lueur d’espoir pour beaucoup de Congolais, mais l’apathie historique des structures militaires face aux défis sécuritaires laisse sceptique. Alors que Jules Banza Mwilambwe prend le relais, il devra naviguer à travers un paysage complexe, marqué par l’instabilité régionale, les attentes croissantes des citoyens et la nécessité d’une véritable réforme. Le soutien du président Tshisekedi sera crucial, mais il ne fera pas de miracles. La véritable question que tous se posent est de savoir si cette nomination pourra se traduire par des résultats tangibles sur le terrain. seul le temps nous le dira, mais une chose est certaine : la vigilance et la volonté d’action doivent prévaloir pour engendrer un changement significatif.