Affaire du pardon à José Filomeno Dos Santos en Angola : Quels enjeux pour la justice et la lutte contre la corruption ?


L’affaire du pardon accordé à José Filomeno Dos Santos, le fils de l’ancien président de l’Angola, pour fraude, a suscité de vives controverses et interrogations. Cette décision, prise par le président actuel Joao Lourenco, divise l’opinion publique et soulève des questions sur l’indépendance de la justice et la lutte contre la corruption dans le pays.

En 2020, Dos Santos a été condamné à une peine de cinq ans de prison pour son implication dans un scandale financier, impliquant le détournement de 500 millions de dollars du trésor public angolais vers un compte en Grande-Bretagne. Cette condamnation marquait une étape importante dans la lutte contre la corruption en Angola, lancée par Joao Lourenco depuis son accession au pouvoir.

Cependant, le récent pardon accordé à Dos Santos et à une cinquantaine d’autres prisonniers suscite des doutes quant à la sincérité et à la cohérence de cette politique anti-corruption. Certains y voient un signal contradictoire envoyé par le gouvernement, remettant en question la fermeté de sa volonté de lutter contre la corruption et l’impunité.

La justification avancée pour ce pardon repose sur le critère du « bon comportement » des détenus et l’absence de « danger social » qu’ils représenteraient. Toutefois, cette décision intervient dans un contexte politique tendu, marqué par des tensions et des rivalités au sein de l’élite dirigeante de l’Angola. Les partisans de Dos Santos affirment que sa condamnation et son emprisonnement font partie d’une campagne de persécution politique menée à leur encontre.

Le décret présidentiel annonçant le pardon met en avant la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Angola comme justification symbolique de cette mesure. Il évoque la volonté de promouvoir un climat de « harmonie, de clémence (…) et de fraternité » au sein de la société angolaise. Cependant, certains observateurs dénoncent une certaine opacité dans la prise de cette décision et appellent à plus de transparence et d’impartialité dans le traitement des affaires de corruption et d’abus de pouvoir.

En fin de compte, le pardon accordé à José Filomeno Dos Santos soulève des questions fondamentales sur l’avenir de la justice et de l’État de droit en Angola. Il met en lumière les défis auxquels est confronté le pays dans sa lutte contre la corruption et la préservation de l’intégrité des institutions. Dans un tel contexte, il est essentiel de garantir que la justice soit rendue de manière équitable et impartiale, sans aucune ingérence politique ou partisane.