« Quand le deuil et le commerce se rencontrent : la prospérité des marchés autour des cimetières de Kinshasa »

Les petits commerces prospèrent autour des cimetières de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Malgré le contexte funéraire, les familles endeuillées et les personnes venues accompagner les défunts n’hésitent pas à faire leurs achats auprès des vendeurs présents sur place.

Les cimetières de Kinshasa, tels que celui de Mbenseke et de Mingadi, sont devenus de véritables marchés où les vendeuses proposent une variété de produits, tels que le vin de palme, les fruits et bien d’autres articles. Les vendeuses apprécient cet emplacement, car elles évitent les tracas administratifs et les taxes présentes sur les marchés traditionnels. De plus, les prix pratiqués autour des cimetières sont souvent plus abordables, ce qui attire une clientèle locale.

Les acheteurs quant à eux voient cette proximité avec les cimetières comme une opportunité d’acheter des produits difficiles à trouver ailleurs, tout en bénéficiant de prix plus avantageux. Malgré le deuil, certains considèrent cette occasion comme une aubaine pour se ravitailler et prendre soin de leurs besoins alimentaires.

Cette prolifération de petits commerces autour des cimetières n’est pas propre à Kinshasa, elle est observée dans plusieurs autres sites funéraires de la capitale congolaise. Des fruits, des légumes, du poisson frais, des arachides grillées, de la viande boucanée et du poisson fumé ou salé sont vendus, créant une atmosphère animée autour des lieux de repos éternel.

Cette nouvelle réalité contraste avec les décennies passées, où les activités aux cimetières se limitaient à l’enterrement proprement dit, dans un respect strict envers les défunts. Aujourd’hui, la scène est différente, avec des danses et des chants obscènes, une consommation d’alcool et de la nourriture, donnant parfois l’impression de célébrations festives plutôt que de moments de recueillement.

Parmi les clients fréquentant ces marchés émergents, on retrouve également les fossoyeurs, qui profitent de l’occasion pour se restaurer autour des cimetières. Certains propriétaires de cimetières, initialement réticents, ont finalement accepté d’allouer un espace pour ces activités commerciales, reconnaissant ainsi la possibilité pour les vendeuses de subvenir aux besoins de leurs familles.

Cette situation pose des questionnements sur la préservation de la dignité des lieux de repos final, ainsi que sur la nécessité de maintenir une certaine décence lors des cérémonies funéraires. L’équilibre entre les traditions et l’évolution des pratiques commerciales reste un défi à relever pour la société congolaise.

En conclusion, les cimetières de Kinshasa sont devenus des lieux de commerce vivants, où les familles endeuillées et les accompagnateurs trouvent des produits à des prix abordables. Cette nouvelle réalité soulève des questions sur le respect dû aux défunts et sur la nécessité de préserver la dignité des lieux de repos éternel.