Le malaise du Kasaï : la magouille et l’immobilisme freinent son développement.

Le Kasaï, cette région de la République Démocratique du Congo enclavée et pauvre, souffre d’un manque d’oxygène depuis maintenant cinq ans. Si le président Félix Tshisekedi a initié plusieurs projets pour la redynamiser, il semblerait que leur avancement peine à atteindre les objectifs fixés. En particulier, la route Mbuji-Mayi-Kananga, longue de 188 km, est au point mort, tandis que la société égyptienne SAMCRETE a déjà reçu 27 millions de dollars américains pour son développement.

Dans ce dossier, la magouille serait présente de toutes parts. Des officiels seraient suspectés de pratiques peu scrupuleuses. Face à l’immobilisme, il est difficile de trouver des boucs-émissaires, tant le ver est dans le fruit. Le projet 100 jours pour la construction de la route Kananga-Mbuji-Mayi est représentatif de la magouille qui semble influencer les décisions. Les individus impliqués ont fait leur affaire de l’argent investi, sans être inquiétés. Carte blanche pour les auteurs de ces pratiques douteuses est un constat pathétique.

Plus globalement, le retard est observable dans l’exécution de nombreux projets, tels que la construction de l’université de Mbuji-Mayi, du port de Ndomba, de la centrale solaire de Tshipuka ou encore de la route Kananga-Kalamba-Mbuji menant vers l’Angola.

Le gouverneur du Kasaï central, John Kabeya Shikayi, n’a pas hésité à rappeler à l’ordre le ministre des Travaux publics, Alexis Gisaro, lors du lancement des travaux au village Matamba. Gisaro, un ovni au sein de l’UDPS, le parti au pouvoir, souhaite attribuer un autre tronçon à SAMCRETE, ou sectionner celui sur lequel les Égyptiens travaillent déjà.

Le ministre des Finances, Nicolas Kazadi Kadima, est quant à lui reconnu pour ses compétences dans le secteur financier et les institutions internationales. Cependant, en tant que « Warrior » dans le gouvernement de la RDC, ses choix semblent douteux. Ainsi, il a signé une lettre de confort pour SAMCRETE, puis s’est ravisé un mois plus tard. Pire encore, le contrat a été approuvé par le Premier ministre via la Cellule de passation des marchés publics. L’establishment a accusé Nicolas Kazadi Kadima de bloquer beaucoup de dossiers sans justification, ce qui lui a valu le surnom de « Mr 10% ». Il a récemment été agressé par des fonctionnaires de l’État, témoignant de l’impopularité de ses décisions.

Mathias Kabeya, gouverneur du Kasaï oriental, en difficulté à cause de malversations financières, a interdit les travaux de la route Kananga-Mbuji-Mayi. Son parti, l’UDPS, l’a même désavoué depuis la découverte de comptes bancaires occultes gelés par l’Inspection générale des finances. Peter Kazadi, le vice-Premier ministre de l’Intérieur, a dû intervenir pour le ramener dans le droit chemin.

En somme, le développement de la région du Kasaï semble freiné par des pratiques douteuses et des tergiversations des acteurs politiques et économiques. Il est donc urgent de revoir les pratiques et les politiques pour donner une chance à cette région de se développer pleinement.