**Mbuji-Mayi : Vers une relance minière stratégique grâce à l’expertise botswanaise ?**
La récente visite d’une délégation d’experts d’une compagnie botswanaise dans le périmètre minier de la Minière de Bakwanga (MIBA) à Mbuji-Mayi, dans le Kasaï Oriental, marque un tournant potentiel pour l’industrie minière de la République Démocratique du Congo (RDC). Cette évaluation, bien que jugée positive par Mme Joëlle Kabena, coordonnatrice de l’unité de gestion du projet financier de l’État pour la relance de la MIBA, soulève plusieurs questions quant à la viabilité et à l’impact de cette initiative sur la population locale.
### Contexte historique et économique
La MIBA, en activité depuis 1932, a connu des périodes de prospérité et de déclin. Connue pour sa production de diamants, la société a souffert de décennies de mauvaise gestion, de conflits et d’un cadre socio-économique difficile. Les efforts de relance de la MIBA ont été sporadiques, et les attentes des Congolais en matière de création d’emplois et de retombées économiques demeurent élevées. Ainsi, la visite des experts botswanais s’inscrit dans une tentative de redynamisation à une échelle plus bénéfique pour la région et ses habitants.
### Une évaluation prometteuse, mais des défis à relever
Mme Kabena a souligné l’importance de l’évaluation réalisée par la délégation botswanaise : « Après cette visite, nous croyons qu’ils vont nous donner de très bons conseils… et un plan minier complet et global pour la relance ». Si cette évaluation crée des attentes positives, il est important de se rappeler que des conseils techniques et un plan stratégique ne garantissent pas à eux seuls le succès d’un projet de cette envergure.
Les communautés locales ont souvent été écartées des processus décisionnels concernant l’exploitation de leurs ressources naturelles. Ainsi, le défi consiste à s’assurer que ce programme d’accompagnement intègre non seulement des données techniques, mais aussi une réelle consultation auprès des populations locales. Comment les jeunes et les autres membres de la communauté seront-ils formés et inclus dans ce processus ? Quelles initiatives seront mises en place pour garantir que les retombées économiques profitent à tous et ne se limitent pas à un petit groupe d’actionnaires ?
### Formation et éducation : Une réelle opportunité ?
Dans ses déclarations, Mme Kabena a évoqué la possibilité de former les jeunes et la population pour qu’ils puissent bénéficier de cette relance. Cela soulève une question essentielle : quel type de formation sera proposé et comment sera-t-elle mise en œuvre ? La formation professionnelle dans le secteur minier pourrait constituer une opportunité précieuse pour améliorer les compétences locales et favoriser l’autonomisation. Cependant, il est crucial d’adopter une approche qui permette non seulement de répondre aux besoins immédiats de l’industrie, mais aussi d’assurer un développement durable à long terme.
### Vers un Congo fort ?
Le retour de la MIBA sur la scène minière pourrait renforcer l’économie locale et nationale, mais il est légitime de s’interroger sur la définition d’un « Congo fort », comme le suggère Mme Kabena. Un développement minier durable nécessite également des investissements dans l’infrastructure, la santé et l’éducation. Comment s’assurer que les bénéfices de l’exploitation minière contribuent à une amélioration globale de la qualité de vie des Congolais ? La gouvernance et la transparence dans la gestion des ressources naturelles seront des facteurs déterminants dans ce processus.
### Conclusion
La visite des experts botswanais représente une lueur d’espoir pour la relance de la MIBA, mais elle doit être considérée dans un cadre plus large. Pour réaliser un véritable impact sur la jeunesse et la population locale, il est nécessaire d’adopter une approche inclusive, axée sur la formation et la consultation des communautés. Les enjeux sont multiples et nécessitent une vigilance collective pour transformer ces promesses en réalité tangible. La réussite de cette relance dépendra de la capacité à construire un modèle de développement qui associe croissance économique et justice sociale, tout en prenant en compte les aspirations des Congolais.