Le festival Cocobulles à Abidjan met l’accent sur le rôle des dessinateurs dans la lutte contre les fake news.

Le Festival international du dessin de presse et de bande dessinée, Cocobulles, qui se déroule tous les deux ans à Abidjan, se révèle être un espace d
**Cocobulles : Un Festival D’Art en Réponse aux Défis de la Désinformation en Côte d’Ivoire**

Depuis sa création, le Festival international du dessin de presse et de bande dessinée, Cocobulles, qui se tient tous les deux ans à Abidjan, est devenu un lieu d’échanges et d’enrichissement culturel important. Cette 8ème édition, qui se déroule à la maison N’Zassa à Treichville, rassemble des dessinateurs de divers pays africains, dont la République Démocratique du Congo, la Tunisie et le Sénégal, autour d’un thème d’importance cruciale : le rôle du dessin de presse face aux fake news.

L’importance d’un tel événement ne peut être sous-estimée, surtout dans un contexte où la désinformation prolifère, alimentée par la rapidité et l’omniprésence des réseaux sociaux. Ces plateformes, bien qu’elles offrent des opportunités de partage d’information, posent également des défis majeurs en termes de véracité des contenus diffusés. Le festival devient ainsi un espace de réflexion sur la responsabilité des dessinateurs et des journalistes, comme l’a exprimé Mendosa, le superviseur de Cocobulle : « Les dessinateurs de presse qui utilisent les dessins comme outils ont vraiment une grande responsabilité dans les messages qu’ils portent. »

### Une Mobilisation en Temps de Crise

L’un des aspects marquants de cette édition est le retour sur les mobilisations des dessinateurs durant la pandémie de Covid-19. Willy Zekid rappelle comment les artistes ont su s’unir pour contrer la désinformation qui entourait la maladie, faisant preuve d’une créativité qui a su capter l’attention du public tout en dissipant la peur. Cette approche humoristique, combinée à un message sérieux, montre comment l’art peut être un vecteur d’éducation et de sensibilisation efficace.

Cependant, cette lutte contre la désinformation ne doit pas occulter les défis liés à l’émergence de la technologie moderne, comme l’intelligence artificielle (IA), qui pose des questions éthiques et pratiques. Carlos Guédégou, un des participants, a souligné sa réticence par rapport à l’utilisation de l’IA, insistant sur les risques d’excès et de déformation qui pourraient nuire à l’intégrité de l’information.

### Former les Générations Futures

Outre les débats passionnants, Cocobulles propose aussi des ateliers destinés à initier les jeunes à l’art de la bande dessinée et au dessin de presse. Ce désir de former les générations futures à un usage responsable des médias mérite d’être salué. En effet, dans un monde où l’information est accessible à tous, il est essentiel de développer un esprit critique. L’initiative de l’association Cartooning of Peace, qui a présenté un manuel de fact-checking illustré, s’inscrit parfaitement dans cette démarche éducative.

### Réflexions Élargies

Néanmoins, il est opportun de se demander si des événements comme Cocobulles, bien que précieux, suffisent à enrayer la montée des fake news. La question de l’éducation aux médias, intégrée de manière systématique dans les programmes scolaires, pourrait-elle renforcer l’impact de ce type de festival ? Les jeunes, en particulier, ayant grandi dans un environnement saturé d’informations, pourraient bénéficier d’une formation plus structurée sur la vérification des faits.

### Vers une Responsabilité Collective

Au-delà des ateliers et des débats, l’enjeu est d’engager une réflexion plus large sur la responsabilité collective face aux défis contemporains. Comment chaque acteur, qu’il soit dessinateur, journaliste, ou simple citoyen, peut-il contribuer à un discours informé et construit ? La collaboration entre artistes, éducateurs et institutions pourrait offrir des perspectives nouvelles pour lutter efficacement contre la désinformation.

En somme, Cocobulles constitue un espace vital de créativité et d’échanges, propice à la mise en lumière des enjeux contemporains liés à la vérité et à l’information. Ce festival ne se limite pas à une simple célébration du dessin de presse ; il pose les fondations d’un dialogue essentiel sur la manière dont nous interagissons avec l’information, un dialogue que chaque participant, à divers niveaux, a la possibilité de porter au-delà des murs de la maison N’Zassa. Finalement, c’est en cultivant cette conscience collective que l’on pourra espérer voir émerger une société plus éclairée, résiliente face aux défis de la désinformation.

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