Le M23 impose une taxe d’assainissement à Goma, suscitant des inquiétudes sur la gestion des ressources municipales.


### Taxe d’assainissement à Goma : Une mesure controversée en temps de crise

La récente annonce de la mairie de Goma, sous administration du M23, concernant une nouvelle taxe d’assainissement a suscité un débat important parmi les opérateurs économiques locaux. Établie le 8 mai, cette taxation, qui touche des soixante-six secteurs d’activités différentes, comprend des montants variant de 5 000 à 600 000 francs congolais, en fonction de la nature de l’activité. Cette initiative est perçue par certains comme une tentative de répondre aux besoins financiers d’une administration en crise, mais elle soulève également des questions de justice fiscale et de soutien aux populations déjà affectées par des difficultés économiques considérables.

#### Une taxe qui interpelle

Les montants imposés, en particulier ceux ciblant les établissements comme les hôpitaux, les banques et les hôtels de luxe, semblent exorbitants, surtout dans un contexte où de nombreux habitants luttent pour satisfaire leurs besoins fondamentaux. Au moment où des entreprises locales se battent pour rester à flot face à une économie fragilisée, la question qui se pose est : comment cette nouvelle taxe peut-elle contribuer à un environnement économique sain ?

La diversité des sommes à verser selon les activités pourrait conduire à des perceptions d’inégalité. Par exemple, alors que les grandes entreprises sont soumises à des redevances élevées, les petits commerces ne sont pas exempts d’une pression financière qui pourrait menacer leur viabilité. Les petits salons de coiffure et kiosques, bien que soumis à une taxe moins élevée, opèrent également dans une économie où chaque sou compte.

#### Un cadre juridique ambigu

Il est important de noter que l’ordonnance-loi n° 18/004/2018 donne aux entités territoriales décentralisées, comme la ville de Goma, certains prérogatives en matière de fiscalité. Toutefois, l’absence d’une cohérence apparente entre les lois en vigueur et les nouvelles taxes imposées attire l’attention. Les acteurs économiques considèrent que cette initiative ne respecte pas pleinement les droits des contribuables et pourrait même être interprétée comme une prise de décision unilatérale dépourvue d’une véritable consultation avec les acteurs concernés.

Dans ce cadre juridique flou, il devient essentiel d’explorer les raisons de cette nouvelle taxation. Serait-ce une conséquence directe de la nécessité de financer des services municipaux en déliquescence, notamment les services d’assainissement et de collecte des ordures, ou s’agit-il d’une réponse à une crise de gestion plus profonde ?

#### Conséquences d’une telle taxe

Si d’une part la mairie semble chercher à augmenter ses ressources financières, il est crucial de se demander quelles seront les retombées d’une telle politique sur la population locale. La capacité des habitants à s’acquitter de ces taxes est mise à mal par les effets persistants de l’instabilité économique dans la région, notamment depuis l’occupation de Goma par l’AFC/M23.

Il est donc légitime de questionner l’impact que cette pression fiscale pourrait avoir sur la consommation locale, le pouvoir d’achat et, de manière plus large, sur la résilience économique de Goma. Une charge fiscale supplémentaire pourrait conduire à une réduction de l’activité commerciale, avec des effets en chaîne sur l’emploi et l’accès aux biens et services.

#### Vers une solution concertée ?

Envisager des solutions pourrait nécessiter un dialogue ouvert entre les autorités locales et les acteurs économiques. Une plate-forme de discussion permettant de concilier les impératifs financiers de la mairie et les réalités économiques des habitants pourrait contribuer à établir un cadre de taxation plus équitable et soutenable.

Il pourrait également être approprié de considérer des approches alternatives à la taxation, telles que des programmes de sensibilisation sur la gestion des déchets, ou encore des incitations pour ceux qui participent activement à l’amélioration de l’environnement urbain.

### Conclusion

La question de la taxe d’assainissement à Goma appelle à une réflexion approfondie sur la nature des services municipaux, le rôle des collectivités dans l’optimisation des ressources et l’importance d’un dialogue constructif entre les différentes parties prenantes. Dans un contexte économique fragile, il est impérieux de promouvoir des mesures qui équilibrent les besoins financiers des collectivités avec la réalité quotidienne des citoyens. Avoir un cadre fiscal juste et transparent pourrait non seulement renforcer la confiance des citoyens envers leur administration, mais aussi favoriser un climat propice à la relance économique locale.

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