La nécessité d’un équilibre entre liberté d’expression et protection contre les fausses allégations en République Démocratique du Congo.

La question de la liberté d’expression en République Démocratique du Congo (RDC) revêt des enjeux multiples, notamment à travers le prisme de l
**Imputation Dommageable : Sensibilisation ou Répression ? Une Réflexion sur la Liberté d’Expression en RDC**

Le 15 avril 2025, à Kinshasa, une déclaration du barreau de Maï-Ndombe fait écho à un sujet sensible mais d’une importance capitale : les « fausses allégations » et l’infraction d’imputation dommageable, plus communément connue sous le terme de diffamation. L’avocat Me. Héritier Menga a ainsi exhorté la population congolaise à la prudence quant à ses paroles, soulignant que proferer de telles allégations peut avoir des conséquences juridiques sérieuses.

Cette exhortation, placée dans un contexte de tensions politiques et sociales, soulève des questions cruciales sur la liberté d’expression et ses limites. Historiquement, la RDC a connu une ample répression des discours jugés comme diffamatoires, souvent à l’encontre de figures politiques ou de personnalités publiques. Les lois sur la diffamation, bien que nécessaires pour protéger les individus des injustices, posent également le défi de balancer entre protection et censure.

Me. Menga a précisé les éléments constitutifs de l’infraction en question : une imputation d’un fait précis à une personne déterminée, ce qui nécessite non seulement une preuve tangible mais aussi l’intention malveillante de l’auteur. Cette définition, bien que claire sur le papier, peut-elle être appliquée avec rigueur dans un contexte où la désinformation est omniprésente, notamment sur les réseaux sociaux ?

### La Complexité des Imputations

L’avocat a identifié plusieurs formes d’imputations : positives, négatives et conditionnelles, chacune avec ses implications. Cela démontre une compréhension nuancée des différentes manières dont un fait peut être interprété ou relayé. Cependant, la difficulté réside dans la servabilité de ces classifications en pratique. La subjectivité de l’interprétation peut mener à des abus. Qui décide ce qui constitue une « fausse allégation » dans un environnement où les opinions et les faits peuvent se chevaucher ?

Dans cet esprit, il pourrait être utile de créer des espaces de dialogue où les citoyens pourraient exprimer leur opinion sans crainte de représailles judiciaires, à condition que cela se fasse dans le respect de l’autrui. Cela pourrait aussi passer par des campagnes de sensibilisation, comme celles préconisées par Me. Menga, visant à éduquer le public sur ses droits ainsi que ses responsabilités.

### Les Conséquences de la Répression

Il est crucial de se demander quelles pourraient être les conséquences de l’adoption stricte de lois contre l’imputation dommageable. Au-delà de la protection des individus, y a-t-il le risque d’étouffer le débat public ? Dans une société démocratique, la critique et le questionnement des figures d’autorité sont souvent révélateurs de la vitalité d’une communauté. La répression de la parole, lorsqu’elle est mal orientée, peut engendrer un climat de peur, inhibant l’engagement civique et réduisant les voix dissenties à un silence calculé. Ce point est particulièrement pertinent dans un pays avec une histoire de répression, où l’espace civique est déjà limité.

### Les Réseaux Sociaux : Un Défi Aggravant

L’impact des réseaux sociaux sur la difformité de l’information est indéniable. Me. Menga a évoqué l’utilisation imprudente de ces plateformes, où les individus peuvent facilement relayer des informations sans vérification préalable, exacerbant ainsi le phénomène d’imputation dommageable. De quelle manière pourrait-on orienter l’usage des réseaux sociaux vers une voie plus constructive ? La création de mécanismes d’autodiscipline et de vérification des faits, peut-être couplée à une sensibilisation de la population sur le respect de la vérité, pourrait être une approche bénéfique.

### Vers une Prise de Conscience Collective

L’appel à la responsabilité individuelle dans les déclarations publiques est légitime, mais il doit aussi être associé à une réflexion collective sur la manière de relayer la désinformation et d’encourager un discours respectueux et informé. Me. Menga conclut sur l’importance d’acquérir une meilleure compréhension de la loi pour éviter les abus. Cet appel ne doit pas se limiter à une simple exhortation ; il pourrait servir d’assise pour l’instauration d’une culture où l’information est traitée avec soin et où la liberté d’expression peut coexister avec la responsabilité.

La problématique soulevée par l’infraction d’imputation dommageable en RDC invite à une réflexion profonde sur l’équilibre fragile entre protection et liberté. En favorisant l’éducation, le dialogue et la responsabilité collective, il est possible de construire une société où chacun se sent entendu et respecté, tout en protégeant la dignité de tous. La route peut être longue, mais elle mérite d’être empruntée.

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