La dette publique en République Démocratique du Congo dépasse 5 000 milliards de Francs congolais, soulevant des questions sur sa durabilité et son impact économique.


**Analyse de la dynamique de la dette publique en République Démocratique du Congo : une opportunité à saisir ou un risque à mesurer ?**

Au 2 avril 2025, l’encours global des titres publics émis par le Gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) a franchi un seuil symbolique, atteignant 5.027,0 milliards de Francs congolais (CDF), soit environ 1,7 milliard de dollars américains au taux rémunérateur de 2954,4 CDF pour 1 dollar. Cet état des lieux, communiqué par la Banque Centrale du Congo (BCC), soulève des questions sur la stratégie de financement du Trésor public, sa durabilité ainsi que ses implications sur l’économie congolaise.

### Une stratégie de mobilisation accrue des ressources

La volonté du gouvernement de diversifier les instruments de financement sur le marché intérieur et extérieur est manifeste. En 2025, les émissions de titres se sont intensifiées, avec un calendrier d’opérations ambitieux pour le deuxième trimestre, incluant des adjudications d’Obligations du Trésor indexées et en devises. L’objectif affiché est clair : soutenir les besoins budgétaires d’un État en quête de développement.

Le succès des récentes adjudications, avec un taux de couverture de 132,9 % lors d’une opération de levée de fonds en dollars, témoigne d’un intérêt soutenu des investisseurs. Cela pourrait indiquer une confiance relative dans la capacité du gouvernement à gérer sa dette et à poursuivre des réformes économiques.

### Des taux d’intérêt en phase avec les attentes du marché

Les taux d’intérêt proposés, oscillant autour de 9 % à 10 % pour des maturités de 1 an et 6 mois, soulèvent également des interrogations. Ils semblent s’aligner sur les niveaux de rendements souhaités par les investisseurs, dans un contexte où le risque pays, bien que présent, est peut-être atténué par des opportunités de rendement. Toutefois, ces taux ne doivent pas être considérés isolément : ils doivent être évalués à la lumière de l’évolution de l’inflation, des taux directeurs et des prévisions économiques.

### Les avantages d’un marché des titres structuré

Une des réussites notables est la structuration croissante du marché des titres publics congolais. La dynamique observée pourrait engendrer des bénéfices sur plusieurs fronts : elle pourrait renforcer l’inclusion financière, dynamiser le secteur privé en mobilisant des ressources pour des projets d’investissement, et améliorer graduellement la gouvernance des finances publiques. En outre, une liquidité accrue et des pratiques d’investissement transparentes peuvent alléger des retombées à long terme sur le développement économique.

Cependant, cet enthousiasme doit être tempéré par la nécessité d’une gestion prudente. Le développement d’un marché des titres robustes est un équilibre délicat entre l’opportunité d’accroître les financements et le risque de surendettement.

### Les défis à relever

L’interrogation sur la soutenabilité de cette stratégie se pose avec acuité. Comment garantir que les niveaux de dette, déjà significatifs, ne dépassent pas les capacités de remboursement du Gouvernement ? Quelles mesures seront mises en œuvre pour s’assurer que les ressources levées par la vente de titres donnent lieu à des investissements productifs, susceptibles de générer des revenus pour le pays et ainsi rembourser cette dette ?

L’inclusion de mécanismes de suivi et d’évaluation des projets financés par ces titres pourrait se révéler indispensable afin de s’assurer que la dynamique engagée ne souffre pas de dérives, et pour renforcer la confiance des investisseurs.

### Conclusion

L’évolution de la dette publique en RDC est à la croisée des chemins. Les récentes émissions de titres témoignent d’une volonté d’impulser une politique de financement proactive, mais elles exigent une vigilance accrue. L’approche adoptée pourrait se révéler enrichissante pour l’économie congolaise si elle est accompagnée d’une solide gouvernance économique et d’un engagement à prévenir les risques d’une sudation excessive de la dette.

À travers l’optimisation de son système de titres publics, la RDC a l’opportunité de stimuler son développement tout en veillant à la santé à long terme de ses finances publiques. Les défis demeurent, mais avec une approche réfléchie et inclusive, le pays pourrait construire un avenir économique durable.

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