Pourquoi les inondations à Kinshasa mettent-elles en lumière les échecs de la gestion urbaine et de la lutte contre la corruption ?


### Kinshasa sous les Eaux : Un Cataclysme Annoncé et une Urgence Humanitaire

Le 6 avril 2025, Kinshasa a de nouveau été frappée par des inondations dévastatrices, conséquences directes de pluies torrentielles qui se sont abattues sur la ville les 4 et 5 avril. Les quartiers tels que Salongo et Ndanu, historiques dans leur vulnérabilité face aux aléas climatiques, ont subi une submersion alarmante, entraînant l’évacuation de nombreuses familles vers des refuges provisoires, notamment le site des Jeux de la Francophonie au Stade Tata Raphaël. Ce phénomène n’est ni nouveau ni isolé mais s’inscrit dans un schéma récurrent de catastrophes auxquelles la capitale de la République Démocratique du Congo est de plus en plus confrontée.

#### Un État en Réaction

Le gouverneur de Kinshasa, Daniel Bumba, a réagi rapidement, lançant un appel à la solidarité pour soutenir les sinistrés. Son intervention souligne à la fois la réactivité des autorités locales mais aussi l’ampleur croissante des défis climatiques. Les moyens mobilisés pour secourir les familles, tels que des pirogues et des hors-bord, sont une réponse immédiate à une crise qui semble devenir la norme. Toutefois, cette intervention soulève également des interrogations sur la planification urbaine à long terme et l’urbanisation inappropriée dans la ville.

#### Les Risques d’Éboulement et la Gestion Urbaine

Daniel Bumba a également mis en garde les habitants des zones non aedificandi, alertant sur les risques d’éboulement qui menacent ces lieux. La question fondamentale ici est celle de la régulation et du contrôle de l’urbanisme à Kinshasa. Les infiltrations d’eau, exacerbées par l’imperméabilisation des sols due à une construction anarchique, accentuent le danger des glissements de terrain. En 2021, une étude sur les changements climatiques et leur impact sur l’urbanisation a révélé que près de 60 % de la population urbaine vit dans des zones à risque élevé d’inondation. Ce chiffre est particulièrement préoccupant et appelle à une réflexion urgente sur la gestion des territoires.

#### Les Défaillances Administratives et les Récits de Corruption

La mention par Bumba de fonctionnaires corrompus délivrant des titres fonciers inappropriés met en lumière une problématique nuisible au développement durable de la ville. L’urgence n’est pas seulement celle d’un soutien humanitaire immédiat pour les victimes, mais aussi d’une restructuration fondamentale des institutions responsables de l’urbanisme. Selon Transparency International, la RDC est l’un des pays où la corruption reste profondément ancrée dans les pratiques administratives. Cela complique la mise en œuvre de politiques de développement efficaces, posant ainsi un véritable obstacle à la prévention de catastrophes futures.

#### Un Bilan Inéluctable

Alors que le niveau des eaux commence à descendre, les dégâts matériels et humains doivent encore être évalués. La déclaration du gouverneur sur la poursuite des aides humanitaires s’inscrit dans un contexte où les institutions doivent non seulement répondre à l’urgence, mais aussi penser des solutions durables. Statistiquement, les inondations dans la région de Kinshasa pourraient coûter plusieurs millions de dollars aux autorités, entre réparations d’infrastructures, aides aux sinistrés et frais de gestion des crises.

#### Une Réflexion pour l’Avenir

La situation actuelle soulève donc des questions cruciales : comment mieux préparer Kinshasa face à ces catastrophes naturelles récurrentes ? Quels mécanismes mettre en place pour garantir une urbanisation responsable et durable dans le contexte des changements climatiques ? Les récits de solidarité et d’entraide sont certes essentiels, mais ils doivent être accompagnés d’une vision cohérente de prévention des risques. Le changement climatique n’est pas un phénomène isolé, mais une réalité avec laquelle il faut apprendre à coexister.

Kinshasa, forte de sa résilience, a l’opportunité de tirer des leçons de ces catastrophes. Avec des politiques de gestion des risques renforcées, une approche rigoureuse de l’urbanisme et une lutte promptement mise en œuvre contre la corruption, la métropole pourrait non seulement surmonter ses crises, mais aussi établir un modèle de gouvernance urbaine durable pour l’avenir. Les mois à venir seront cruciaux, non seulement pour la reconstruction d’un Kinshasa dévasté, mais pour la définition d’un cadre de vie aussi sûr que viable pour ses habitants.