Comment le prix des transports fluviaux à Kinshasa pourrait-il façonner l’avenir de l’accès à l’aéroport de N’djili ?


**Transport Fluvial vers l’Aéroport de N’djili : Vers une Nouvelle Réalité Urbaine et Environnementale à Kinshasa**

Dans un contexte où l’urbanité des grandes métropoles est de plus en plus mise à l’épreuve par des défis environnementaux, le cas de Kinshasa offre un éclairage révélateur sur les conséquences d’une gestion flottante – au sens propre comme au figuré – des infrastructures de transport. L’annonce de l’Office National des Transports (ONATRA) relative à la tarification des transports fluviaux vers l’aéroport international de N’djili vient illustrer à quel point la dynamique actuelle de la capitale congolaise reflète une interconnexion entre crise climatique, urbanisme défaillant et inégalités socio-économiques.

### La Tempête et ses Conséquences

Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur Kinshasa dans la nuit du 4 au 5 avril 2025, baignées de débordements chaotiques des rivières et de lacs environnants, ont provoqué non seulement des inondations dans les quartiers périphériques mais également une dégradation des axes de transport clés, dont le Boulevard Lumumba. En tant que principal accès à l’aéroport de N’djili, cet axe revêt une importance stratégique pour le désenclavement de la capitale et l’accès international. En conséquence, des milliers de voyageurs ont été contraints d’explorer de nouvelles modalités de transport, mettant en avant l’urgence d’options fluviales.

### Une Augmentation des Coûts et un Service Fluvial Stratégique

Alors que l’ONATRA a publié une grille tarifaire, instaurant des prix de 20 dollars pour le Grand bateau et 100 dollars pour le Canot Express, la réalité du marché est tout autre. Dans les jours suivant la crise, le tarif pour rejoindre l’aéroport par voie fluviale a grimpé jusqu’à 200 dollars, témoignant ainsi d’un phénomène bien connu dans l’économie de crise : le prix est souvent dicté par l’urgence et la rareté des ressources. Ce phénomène, bien que compréhensible, soulève des inquiétudes sur les pratiques commerciales, et libère un son de cloche désagréable sur la régulation du secteur par l’ONATRA.

### Fluvialisation : Un Modèle à Repensé

Il ne fait aucun doute que le transport fluvial, bien que de plus en plus une nécessité, doit être repensé comme un élément clé d’un projet de mobilité durable pour Kinshasa. La capitalisation sur l’infrastructure existante d’une voie d’eau proche est une opportunité inexplorée pour résoudre les problèmes de congestion routière et de pollution. En intégrant le transport fluvial dans un réseau de transport multimodal, combinant bus, taxis et transports en commun, Kinshasa pourrait améliorer son accessibilité tout en réduisant l’empreinte carbone de ses actifs de transport.

### Une Exemption pour l’Économie Informelle

Avec l’engouement pour les transports fluviaux, une question cruciale émerge : celle de l’économie informelle et des pratiques marginalisées dans le secteur. Alors que les services offerts par ONATRA sont réglementés, la majorité des acteurs informels dans le secteur fluvial, qui utilisent des pirogues et autres embarcations légères, souffrent d’un manque d’analyses de prix transparentes. Une balance entre réglementation et libertés économiques est cruciale pour structurer ce marché.

### Statistiques et Comparaisons

Pour mieux comprendre la situation, des études récentes mettent en lumière l’abondance de capitaines de navire non formés dans le secteur fluvial à Kinshasa, qui représentent environ 70 % des opérateurs. Cela conduit à des risques accrus pour la sécurité et un manque de fiabilité sur les horaires de départ. Des modèles comme celui de Porto Alegre au Brésil, qui a su transformer son réseau de transport fluvial en un système fiable et intégré pour ses citoyens, offrent des leçons précieuses.

### En Conclusion : Construire pour Demain

L’urgence d’une transformation du secteur fluvial à Kinshasa ne doit pas être sous-estimée. L’appel lancé par l’ONATRA pour privilégier les services de transport fluvial sécurisés est un pas en avant, mais le chemin est pavé de défis : régulation des prix, amélioration de la sécurité, et communication claire avec les usagers. Il est encore temps pour Kinshasa de transformer les crises environnementales en opportunités pour redéfinir et réinventer son infrastructure de transport, tout en engageant ses citoyens à participer à ce projet ambitieux.

Ainsi, face à un avenir incertain dicté par le climat et les exigences économiques, Kinshasa pourrait bien se réinventer comme une métropole durable, où le transport fluvial joue enfin un rôle fondamental non plus seulement en termes de transport, mais en tant que vecteur de progrès social et économique.