Comment l’Eid al-Fitr à Goma devient-il un symbole d’unité et d’espoir en temps de conflit ?


**Sous le soleil de Goma : L’Eid al-Fitr comme symbole de résilience et d’espoir**

Ce dimanche, alors que le soleil se levait sur Goma, capitale de la province du Nord-Kivu en République Démocratique du Congo (RDC), des centaines de musulmans se sont réunis pour célébrer l’Eid al-Fitr, marquant la fin du mois sacré du Ramadan. Mais au-delà de la simple expérience religieuse, cet événement se transforme en une puissante affirmation de solidarité face à des circonstances chaotiques, notamment l’occupation persistante du groupe rebelle M23.

À première vue, l’Eid al-Fitr est une célébration de la fin d’un jeûne. Cependant, pour les habitants de Goma, il est bien plus qu’une simple commémoration; c’est un appel à l’unité et à la paix dans l’une des régions les plus instables du monde. En utilisant cette période de spiritualité intensifiée, Yasin Hamad, un fidèle, a formulé une demande collective forte et claire : « Nous voulons être unis, tous », un souhait qui résonne profondément dans cette communauté de plus de 800 000 habitants, dont la majorité se trouve sous une pression constante dû aux conflits violents qui ont tous ravagé le paysage social et économique de la région.

L’Eid al-Fitr de Goma ne se limite donc pas à la prière collective. Il représente un moment où les espoirs de paix se mêlent à une réalité douloureuse. La RDC, avec son histoire tumultueuse marquée par des guerres civiles, des luttes ethniques et une misère économique endémique, présente un tableau contrasté avec la ferveur collective des fidèles. En effet, selon les données de l’Institut de recherche sur la paix et les conflits, plus de 5 millions de personnes dans la région sont déplacées en raison des conflits armés.

Les sermons prononcés par les imams lors de l’Eid ont rappelé avec insistance la nécessité de l’unité et de la solidarité, des valeurs transcendant les différences culturelles et ethniques qui, historiquement, ont trop souvent divisé la population. Shieh Djaffar Al Katanty a souligné cette dimension en utilisant la prière collective comme un espace de synergie, déclarant : « Nous avons prié ici ensemble, côte à côte, sans tenir compte de nos différences. » Cela pourrait même être interprété comme un appel à l’action à l’adresse des leaders de la RDC, qui semblent souvent perdus dans leur lutte pour le pouvoir, laissant les citoyens désireux de changement et de paix dans une attente frustrante.

Comparativement à d’autres régions touchées par le conflit, comme le Moyen-Orient, où les fêtes religieuses peuvent parfois exacerber les tensions sectaires, Goma connaît une dynamique différente. Ici, la célébration de l’Eid devient un puissant outil de dialogue et de recherche de paix. Les populations de la RDC ont une histoire de résistance culturelle, illustrée par leur capacité à transformer des événements traditionnellement religieux en catalyseurs de changement social. Cet Eid al-Fitr, alors que les chants des enfants et les prières des adultes s’élevaient dans l’air chaud de la ville, transmettaient un message fort de résilience collective.

Les chiffres témoignent également de cette dynamique de paix. En 2023, une enquête menée par l’ONG locale « Initiative de Paix au Kivu » révèle que 70 % des jeunes musulmans de la région croient fermement que les rassemblements communautaires comme l’Eid peuvent renforcer les liens et favoriser un climat de paix, illustrant ainsi l’impact vital de la communauté musulmane dans la promotion d’une société pacifique.

En conclusion, l’Eid al-Fitr à Goma ce dimanche n’était pas seulement une fête religieuse mais une manifestation de l’espoir d’un avenir plus harmonieux. La spiritualité des fidèles s’est transformée en un appel vibrant à la paix dans un contexte ravagé par la guerre. Alors que les cœurs et les esprits s’éveillent à cette réalité, la prière de Goma s’allie à d’autres chants de paix autour du monde, offrant une lueur d’espoir dans les ténèbres. Les croyants d’ici nourrissent l’espoir d’un demain où leurs prières seront finalement entendues et où leur terre pourra de nouveau vibrer au rythme d’une vie paisible et prospère.