Quelle stratégie mettre en place lors de la réunion SADC-EAC pour instaurer la paix en RDC ?

**Titre : Vers une paix durable en RDC : Les enjeux cruciaux de la réunion SADC-EAC à Harare**

Au cœur des tensions géopolitiques de l’Afrique de l’Est, la réunion prévue ce lundi 17 mars 2025 à Harare, entre les ministres des Affaires étrangères de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), revêt une importance capitale. Cette rencontre, initiée en réponse à l’urgence d’apaiser la situation dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), a le potentiel de redéfinir le paysage sécuritaire régional, mais elle fait aussi surgir des questions fondamentales sur la nature des engagements africains face à des crises récurrentes.

**L’arrière-plan de la réunion : Un contexte complexe**

L’Est de la RDC est un terrain de conflit depuis des décennies, et l’insurrection du Mouvement du 23 mars (M23), soutenue par le Rwanda, exacerbe une crise qui touche déjà des millions de civils. Alors que les récents rapports des chefs d’état-major de défense suggèrent des approches concrètes pour la cessation des hostilités, notamment par un cessez-le-feu et l’accès humanitaire, il est impératif de s’interroger sur la pérennité de ces initiatives. Des discussions de paix avaient déjà eu lieu par le passé, mais souvent éphémères, soulevant des inquiétudes quant à la volonté réelle des acteurs impliqués.

Cela nous mène à la réunion consultative présidée par M. Musalia W Mudavadi à Nairobi, où les ministres ont déjà donné leur accord sur des recommandations précédentes. Ces mesures, bien qu’encourageantes, s’inscrivent dans un cadre de consensus local qui doit être renforcé par la pression et le soutien international. L’impact de la stratégie diplomatique sur le fonctionnement des alliances régionales pourrait être décisif dans cette dynamique.

**Les enjeux régionaux et l’impératif de coordination**

L’interdépendance des États de la région rend nécessaire une réponse collective et mécanismes de coordination efficaces. La requête pour un cessez-le-feu inconditionnel et le retrait des forces rwandaises et du M23, comme insiste la RDC, témoigne d’une volonté de restaurer la souveraineté nationale. Toutefois, la question de la confiance entre les nations, gravement affectée par l’ingérence, nécessite des garanties.

Les enjeux de sécurité ne peuvent être dissociés des réalités économiques. Le développement d’initiatives économiques, qui favorisent la résilience locale, pourrait non seulement servir à bâtir la confiance, mais également à réduire significativement les motivations des groupes armés. On pourrait envisager, par exemple, l’établissement de zones économiques spéciales qui intègrent les ressources naturelles de l’Est de la RDC à une chaîne d’approvisionnement régionale.

**Une lueur d’espoir : dialogue et initiatives de paix**

Dans la foulée de ces rencontres, le président angolais João Lourenço a pris l’initiative d’appeler à la trêve pour préparer le dialogue entre le gouvernement congolais et le M23. L’importance d’un dialogue inclusif, facilités par des anciens chefs d’État africains, ne peut être sous-estimée pour créer un environnement favorable à des négociations constructives. Les leçons tirées d’initiatives passées doivent guider les négociations, en renforçant l’implication de la société civile et en intégrant diverses voix de la région.

Cela dit, il serait judicieux d’évaluer les mécanismes de mise en œuvre de résolutions précédemment adoptées par les instances régionales et internationales. L’analyse des précédents conflits en Afrique montre que des mesures de paix efficaces sont souvent mises en échec par un manque d’engagement post-conflit. La mise en place d’un suivi indépendant des décisions pourrait à cet égard s’avérer salutaire.

**Conclusion : Un appel à l’action collective**

La réunion de Harare représente plus qu’une simple rencontre diplomatique. Elle incarne un tournant potentiel pour la paix et la stabilité dans une région troublée par des conflits interethniques et des ingérences étrangères. L’unité des nations africaines face aux défis communs doit s’articuler autour d’initiatives concertées, qui prennent non seulement en compte les intérêts géostratégiques, mais également les aspirations légitimes des populations locales.

L’absence d’une telle démarche risque de rendre vaines les promesses d’une paix durable et d’une reconstruction régionale nécessaire. À l’aube de cette rencontre, les regards se tournent vers Harare, avec l’espoir que les décisions prises permettront de tourner la page sur des décennies de conflit en RDC, favorisant ainsi une prospérité partagée pour tous les acteurs de la région.

**Clément MUAMBA**
Fatshimetrie.org