Comment la négligence policière contribue-t-elle à la recrudescence de la criminalité à Kinshasa ?


**L’Œil sur Kinshasa : La Négligence des Forces de l’Ordre face à la Résurgence de la Criminalité Urbaine**

Kinshasa, le 14 mars 2025 – Dans un contexte où la paix sociale est constamment mise à l’épreuve, la déclaration du commissaire supérieur Faustin Numbi a jeté une lumière crue sur la situation préoccupante de la criminalité urbaine dans la capitale congolaise. Ce discours, prononcé lors d’une causerie morale, souligne une problématique systémique qui mérite d’être examinée sous divers angles : la responsabilité des forces de l’ordre, la montée en puissance des groupes criminels comme les « Kuluna » et le rôle de la communauté dans la lutte contre cette délinquance.

### La Négligence à l’Épreuve des Faits

Le constat fait par Numbi est sans appel : la montée de la criminalité est, en partie, attribuée à la désinvolture des policiers. Ce diagnostic souvent difficile à entendre révèle en toile de fond une réalité encore plus complexe. Historiquement, les corps de police dans des pays à forte insécurité, comme la République Démocratique du Congo (RDC), souffrent de ressources insuffisantes, d’un manque de formation adéquate et parfois même d’une corruption endémique. En comparant la RDC avec d’autres nations émergentes, comme le Nigeria, on constate que, malgré des défis similaires, une approche plus intégrative et communautaire dans la police a permis d’obtenir des résultats significatifs dans la lutte contre la criminalité.

### Les « Kuluna » : Symbole d’une Société en Dérive

Les « Kuluna », ces groupes de jeunes délinquants souvent perçus comme une plaie dans la société, ne sont pas nés de nulle part. Ils sont souvent le reflet d’un désespoir social et économique. Selon des données de la Banque Mondiale, environ 70% de la population congolaise vit avec moins de 1,90 USD par jour, un indicateur alarmant de pauvreté. Dans des environnements où l’accès à l’éducation et à l’emploi est limité, ces jeunes trouvent souvent refuge dans des activités illégales. Ce phénomène n’est pas unique à Kinshasa. Des études menées en Amérique Latine ont démontré que dans des contextes similaires, la création d’initiatives socio-économiques a permis de canaliser les énergies des jeunes vers des activités positives. La question qui se pose ici est la suivante : comment la RDC peut-elle utiliser des leçons apprises ailleurs pour éviter de voir se reproduire le cycle de la criminalité ?

### L’Appel à l’Action : Une Police dans la Rue

L’incitation de Numbi à restaurer l’autorité de l’État en luttant activement contre la criminalité est un appel légitime. Cependant, la solution ne peut se limiter uniquement à la répression. Pour être efficace, la réponse policière doit être accompagnée de stratégies préventives. La mise en place de programmes communautaires de sensibilisation pourrait impliquer les citoyens dans la surveillance et la protection de leur environnement. Des initiatives comme les « polices de proximité » ont fait leurs preuves dans des pays comme le Canada, facilitant un dialogue constructif entre les forces de l’ordre et la population.

### Une Réflexion sur la Règle de Droit

La notion de responsabilité évoquée par le commissaire est également révélatrice des défis de la gouvernance en RDC. À chaque fois qu’un crime est commis, la question de la responsabilité doit effectivement se poser, mais cela ne doit pas conduire à blâmer les agents sur le terrain sans prendre en compte le contexte plus large. La formation, le soutien psychologique et la rémunération adéquate des policiers sont fondamentaux pour assurer qu’ils disposent des outils nécessaires pour agir efficacement. Dans un système où la corruption peut souvent entraver le bon fonctionnement des institutions, le défi est de bâtir une institution policière que la population respectera, non par crainte, mais par une véritable considération légitime de son rôle.

### Conclusion : Un Effort Collectif au Service du Bien-Être Commun

En définitive, la recrudescence de la criminalité à Kinshasa ne doit pas seulement être regardée à travers le prisme des défaillances des forces de l’ordre. C’est un problème qui requiert une réponse multisectorielle, impliquant tous les acteurs de la société, du gouvernement aux communautés. Si Kinshasa rêve d’un avenir où la sécurité n’est pas un luxe mais un droit fondamental, alors un nouvel engagement collectif est nécessaire. Le défi est gigantesque, mais l’histoire de chaque ville démontre qu’un changement est possible, souvent à travers la solidarité des citoyens et des forces de l’ordre. Fatshimetrie.org suivra de près les développements de cette situation, en espérant un renouveau pour la capitale de la RDC.