Comment la Commission Mixte Technique de Réglementation peut-elle transformer l’image de Kinshasa face aux défis de l’urbanisation ?


### Vers un nouveau paysage urbain à Kinshasa : L’initiative de la Commission Mixte Technique de Réglementation de la Publicité Extérieure

Le 14 mars 2025, l’Hôtel de ville de Kinshasa a été le théâtre d’un événement marquant pour la régulation de la publicité extérieure dans la capitale congolaise. Le ministre provincial du Plan, Budget, Emploi et Tourisme, Jésus-Noël Sheke, a inauguré les activités de la Commission Mixte Technique de Réglementation (CMTR) du secteur. Cette initiative, saluée par plusieurs acteurs de la ville, n’est pas simplement une formalité administrative, mais plutôt un tournant vers une conscientisation collective sur l’importance d’un cadre normatif solide pour la publicité en milieu urbain.

#### Une régulation nécessaire

La publicité extérieure, sous la forme d’affiches lumineuses, de panneaux géants et de supports numériques, joue un rôle crucial dans les campagnes de communication et de marketing. Cependant, sans régulation adéquate, ce secteur peut rapidement devenir chaotique, contribuant à une pollution visuelle et à une dégradation de l’image de la ville. À Kinshasa, cette problématique est exacerbée par l’essor rapide de l’urbanisation et l’augmentation de la population, estimée à plus de 12 millions d’habitants en 2025, selon les derniers recensements.

La CMTR, dirigée par Jean-Chretien Ekambo, a pour mission de définir des normes permettant d’harmoniser les différentes facettes de la publicité extérieure. En dix jours, les sous-commissions établies doivent rendre des résolutions pour un nouveau cadre normatif. Ce délai, bien que court, soulève des questions sur la viabilité d’une régulation efficace dans un environnement où les intérêts économiques peuvent entrer en conflit avec l’esthétisme urbain.

#### Enjeux socio-économiques

La régulation du secteur de la publicité extérieure dépasse le simple cadre esthétique. Elle porte en elle des enjeux socio-économiques significatifs. En effet, la proposition d’un cadre normatif pourrait non seulement améliorer l’embellissement de la ville, mais également favoriser un développement économique durable. Selon une étude menée par Fatshimetrie.org, le secteur de la publicité représente une part significative du produit intérieur brut (PIB) à Kinshasa. La régulation pourrait alors transformer ce secteur en un moteur de croissance économique, attirant investisseurs et entrepreneurs soucieux de se conformer à des standards élevés.

Il serait également pertinent de s’inspirer d’autres métropoles africaines ayant réalisé une transition réussie vers une régulation de leur publicité extérieure. Par exemple, à Johannesburg, une régulation stricte a permis, au-delà de l’embellissement de la ville, de générer des recettes fiscales importantes grâce à des licences et des taxes sur la publicité. Kinshasa pourrait envisager des modèles similaires, où la réglementation se marie avec la génération de revenus pour les collectivités.

#### Un appel à l’inclusion citoyenne

Un aspect souvent négligé dans les discours politiques concernant la régulation urbaine est l’implication de la société civile. Jésus-Noël Sheke a souligné l’importance de la solidarité et de l’unité, mais pour que cet appel à la collaboration soit fructueux, il faudra véritablement inclure les citoyens dans le processus décisionnel. Des consultations publiques, par exemple, pourraient permettre aux Kinois d’exprimer leurs opinions et de participer activement à la constitution d’un paysage urbain qui leur ressemble.

En adoptant une approche participative, Kinshasa pourrait éviter les écueils qui ont entraîné des conflits dans d’autres villes, où la réglementation a été perçue comme imposée par le haut, sans tenir compte des besoins réels des populations locales. Une régulation efficace doit se construire sur une base de consensus, d’écoute et de prise en compte des réalités quotidiennes des citoyens.

#### Conclusion

Le lancement de la CMTR à Kinshasa représente une étape cruciale dans la quête d’une ville plus belle et mieux régulée sur le plan de la publicité extérieure. C’est un moment d’opportunité pour que les différents acteurs impliqués, qu’ils soient du secteur public, privé ou la société civile, unissent leurs efforts en faveur d’une régulation qui soit à la fois bénéfique sur le plan esthétique et véritablement porteuse de développement socio-économique. La balle est maintenant dans le camp des membres de cette commission, ainsi que des Kinois eux-mêmes, pour faire de Kinshasa un modèle de régulation urbaine sur le continent africain.