Pourquoi le harcèlement judiciaire en République Démocratique du Congo menace-t-il l’avenir démocratique du pays ?


**Les échos d’un passé troublé : Le harcèlement judiciaire et la mémoire des luttes politiques en République Démocratique du Congo**

Le lundi 10 mars 2025 restera gravé dans l’histoire politique de la République Démocratique du Congo (RDC), alors que trois figures éminentes de l’ancien parti au pouvoir, le PPRD, ont été convoquées par l’auditorat militaire pour des soupçons d’accointance avec des forces négatives. Ces événements rappellent inévitablement les sombres chapitres de l’histoire politique du pays, où le harcèlement judiciaire a longtemps été utilisé comme un instrument de pouvoir.

Dans la lettre ouverte de Moïse Moni Della, porte-parole du peuple et ancien vice-ministre honoraire de la presse, se dessine un parallèle saisissant entre les périodes révolues et les agissements contemporains. Della évoque son propre parcours et les persécutions qu’il a subies pour avoir défendu des idéaux démocratiques dans un pays où la justice est souvent instrumentalisée. Cette continuité historique soulève une question cruciale : pourquoi la RDC semble-t-elle condamnée à répéter les erreurs du passé en ce qui concerne le traitement de l’opposition politique ?

### Une lutte pour l’État de droit

L’analyse des discours politiques et des systèmes judiciaires en place dans la RDC depuis l’ère Mobutu jusqu’à nos jours révèle une dynamique cyclique et troublante. Lorsque le PPRD était au pouvoir, le traitement de l’opposition était souvent empreint de répression, de dénigrement et d’abus du système judiciaire. Aujourd’hui, alors que le pouvoir actuel se trouve sous les projecteurs, les actes similaires révèlent un paradoxe : la même arme peut être retournée contre ceux qui, jadis, la manœuvraient. Les leaders politiques, qu’ils soient d’hier ou d’aujourd’hui, semblent oublier que le respect des droits de l’homme et la préservation de la justice sont les bases d’une démocratie durable.

### Statistiques : Le poids de l’histoire

D’après le Rapport 2022 du Human Rights Watch, la RDC a connu plus de 100 cas documentés de harcèlement judiciaire entre 2020 et 2022, impliquant des membres de l’opposition et des défenseurs des droits humains. Ce chiffre représente une augmentation de 40 % par rapport à la période précédente. Cette tendance alarmante illustre non seulement la fragilité des institutions judiciaires, mais soulève également une inquiétude quant à l’avenir de la démocratie dans le pays. La question n’est pas seulement celle de la justice, mais également celle de la confiance du peuple envers ses dirigeants et le système.

### Un appel au dialogue

Le message de Della à la classe politique pourrait servir de catalyseur pour un revirement nécessaire : le dialogue. Les recommandations faites par les confessions religieuses, telles que la CENCO (Conférence nationale des évêques du Congo) et l’ECC (Église du Christ au Congo), doivent être prises au sérieux. Un dialogue inclusif et sincère apparaît comme une nécessité impérative pour restaurer la confiance, non seulement dans les institutions, mais aussi dans le tissu social du pays. Peut-être que l’exemple du Rwanda, qui sous la conduite de Paul Kagame a su reconstruire son paysage politique après le génocide, pourrait servir d’inspiration. Si le Rwanda a réussi à instaurer un climat de réconciliation par l’écoute et le partage, pourquoi la RDC ne pourrait-elle pas aspirer à une évolution similaire ?

### Une mémoire à préserver

Il est aussi pertinent de souligner que la mémoire des luttes politiques passées devrait être préservée pour éclairer le présent. La lutte pour des droits fondamentaux et la résistance contre les abus de pouvoir sont des témoins silencieux d’une société en quête d’identité. Les Leçons du passé, comme le note Della, doivent être mises en exergue non pas pour attiser un sentiment de rancœur, mais pour construire des ponts entre les générations politiques. La chronologie des abus devrait être une balise pour prévenir les dérives futures.

### Conclusion : Vers une responsabilité collective

Il est impératif que les acteurs politiques congolais comprennent que chaque mandat a une fin, mais aussi que chaque mandat est une opportunité de façonner l’avenir d’un pays. À l’époque où les tensions politiques sont de plus en plus palpables, il est vital de prôner une gouvernance qui respecte la diversité et le droit à l’opposition. L’Etat de droit ne devrait pas être un luxe, mais un droit inaliénable de chaque citoyen.

La RDC mérite mieux que d’être le théâtre de luttes de pouvoir. Ensemble, par le dialogue, le respect et la justice, elle peut tirer un trait sur des pratiques anciennes pour construire un avenir prometteur. Le destin institutionnel et social du pays dépend désormais de la capacité de ses dirigeants à agir en faveur de l’intérêt collectif et à embrasser le changement. C’est là que réside la véritable quintessence de la démocratie.