Comment les femmes de l’Ituri revendiquent-elles leur rôle essentiel dans la paix face aux atrocités des groupes armés ?


**Les Femmes de l’Ituri: Entre Résilience et Appel à la Paix**

Le 8 mars, à Bunia, en Ituri, une des provinces les plus instables de la République Démocratique du Congo (RDC), des voix féminines s’élèvent pour clamer le droit à la paix. Dans un contexte où les atrocités perpétrées par les groupes armés sèment le désespoir parmi la population, les organisatrices de la Journée internationale des droits des femmes rappellent la nécessité d’une protection et d’un soutien accrues pour les femmes dans cette région frappée par la violence.

Ce qui pourrait, au premier abord, sembler être un simple événement de commémoration s’inscrit en réalité dans une dynamique complexe de luttes sociales et politiques. Les voix des femmes de l’Ituri prennent ici une dimension critique : elles ne se contentent pas de souligner les violations de leurs droits, elles invitent également à une réévaluation de la manière dont les politiques de paix et de sécurité sont conçues et mises en œuvre. En effet, elles déclarent que la paix ne peut être atteinte sans leur engagement actif et leur inclusion dans le processus décisionnel.

Marie Kabazaire Baguma, point focal du mouvement « Rien sans la femme en Ituri », évoque cette nécessité d’un retour de la paix, mais cela soulève une question plus large : jusqu’à quel point les voix féminines sont-elles actuellement intégrées dans les processus de paix? À travers le monde, les études et rapports indiquent que lorsqu’elles sont incluses, les femmes permettent d’atteindre des solutions de paix plus durables. Selon une étude de l’ONU de 2015, la présence de femmes dans les équipes de négociation augmente de 35% les chances d’un accord de paix durable. Mais dans des provinces comme l’Ituri, cette inclusion demeure souvent théorique.

L’intervention de Jean-Marc Mazio du Bureau Genre en Ituri souligne un besoin crucial : celui d’un soutien institutionnel aux organisations féminines locales. Actuellement, la plupart de ces dernières fonctionnent avec des moyens limités, souvent dépendantes des financements étrangers qui ne garantissent pas une pérennité à long terme. De plus, les statistiques montrent que les initiatives portées par des femmes sont souvent sous-évaluées, malgré leur potentiel d’impact.

En fin de compte, ces initiatives portent un message fort : l’implication des femmes dans la dynamique de paix va au-delà de la simple représentation. En luttant contre les violences basées sur le genre, elles établissent un cadre de réconciliation qui inclut tous les membres de la société. La création de réseaux de solidarité féminin pourrait considérablement renforcer les efforts de paix tout en offrant un soutien psychologique indispensable dans un contexte où la psychose règne à cause des violences des groupes armés.

Par ailleurs, la collecte de fonds pour soutenir les forces armées au front contre l’agression extérieure est une décision stratégique, mais elle interpelle également sur la nécessité d’un équilibre délicat : comment soutenir une réponse armée tout en promeuvant un dialogue pacifique dès les premières étapes de la crise? Les exemples des conflits en Afrique montrent que la militarisation des réponses est souvent une solution à court terme qui peut engendrer une escalade des violences et ne pas s’attaquer aux racines du problème.

En synthèse, la Journée internationale des droits des femmes 2023 à Bunia n’est pas seulement une commémoration mais plutôt une résurgence des aspirations et des espoirs des femmes d’Ituri. Elles représentent une force capable de transformer les dynamiques de conflit en espérances de paix. Pour ce faire, il est crucial que la communauté internationale et les décideurs soutiennent non seulement les structures féminines mais aussi l’inclusion systématique des femmes dans les processus de paix. Ce besoin d’équité et de reconnaissance, pour les femmes en Ituri et ailleurs, est un appel à agir pour un avenir où la paix serait à la fois le droit et la réalité de toutes.

En alors, la lutte pour les droits des femmes en Ituri pourrait bien devenir un modèle pour d’autres régions affectées par le conflit. Car, en fin de compte, ce n’est pas seulement une question de genre, mais de justice fondamentale pour tous.