Quelle réponse humanitaire face à l’épidémie de rougeole et ses 7 décès au Sud-Kivu ?

### Sud-Kivu : Une Épidémie de Rougeole dans un Conflit Oublié

Le Sud-Kivu, région souvent médiatisée pour ses tensions armées, se trouve à nouveau sur le devant de la scène, mais cette fois-ci pour des raisons sanitaires. Alors que les conflits entre les forces armées congolaises et les groupes rebelles, notamment le M23, semblent principalement occuper l’attention, la véritable tragédie se déroule dans l’ombre des combats : une flambée d’épidémie de rougeole qui touche essentiellement la population déplacée, déjà fragilisée par des années d’instabilité.

### Une Marée Montante de Maladie

Le recent rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaires en République démocratique du Congo (OCHA) fait état de 224 cas et de 7 décès liés à la rougeole parmi les déplacés du Sud-Kivu depuis le début de la recrudescence des affrontements. La zone de santé de Kalole, avec 101 cas et quatre décès sur une période d’une semaine, illustre de manière fulgurante la crise qui s’est amplifiée dans le contexte du chaos. La rougeole, une maladie évitable par la vaccination, devient ici un symbole tragique de l’échec des efforts humanitaires dans une région où les premiers secours sont entravés par la violence.

### Comparaison Épidémiologique et Historique

Épidémiologiquement, la situation actuelle rappelle les pics d’épidémies de rougeole dans le pays, notamment celle de 2019, qui avait causé 6 000 décès en raison d’une couverture vaccinale insuffisante. En 2022, l’OMS a signalé une hausse alarmante des cas dans plusieurs provinces, tandis que la RDC peine à atteindre les 95% de couverture vaccinale recommandés pour assurer l’immunité collective. L’avenir s’annonce sombre si l’on considère que les conflits persistants engendrent non seulement des déplacements, mais également un afflux de populations vulnérables ne bénéficiant pas d’un accès adéquat à la prévention et aux soins.

### Un Multiplex de Défis Sanitaires

Parallèlement à cette marée de rougeole, un autre danger silencieux se profile : le Mpox. Avec 590 cas suspects et un décès noté dans la même période que celle concernée par la rougeole, la RDC voit ses ressources de santé, déjà limitées, submergées par une double menace épidémique. Le Mpox, qui a touché 79.579 personnes depuis le début de son épidémie, fait partie des maladies négligées en raison de l’absence de visibilité médiatique et de l’insuffisance des infrastructures de santé.

Les répercussions des conflits sur les soins de santé sont d’une ampleur dramatique : trois centres de traitement Mpox ont été détruits dans les attaques, ce qui prive une partie de la population du traitement dont elle a besoin. Les conséquences de cette destruction ne se limitent pas à la perte de patients, mais s’étendent à la dégradation des infrastructures déjà précaires.

### Mesures Urgentes et Responsabilité Collective

Face à cette situation, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a tenté d’agir, mais restera limitée tant que les conflits persistent. Distribution de kits d’eau, d’hygiène et programmes de traitement font partie des mesures prises, mais il est évident qu’un effort collectif est nécessaire pour contrer cette tendance. La mission humanitaire doit être réaffirmée, non seulement par les agences internationales, mais aussi par le gouvernement congolais, qui doit prioriser la santé publique dans son agenda.

La vaccination contre la rougeole, un acte simple mais vital, doit devenir une priorité immédiate. Il s’agit d’une démarche qui nécessite la coopération non seulement des acteurs humanitaires mais aussi de la communauté internationale, prête à s’investir dans une conjoncture où les préjugés et les idées reçues concernant les vaccinations doivent être déconstruits.

### Conclusion : Une Appel à la Mobilisation

En fin de compte, la tragédie sanitaire qui apparaît dans le Sud-Kivu doit servir de signal d’alarme. Au-delà des tensions belliqueuses, il y a des vies en jeu qui méritent une attention urgente. Il est temps pour la communauté internationale, les ONG et le gouvernement congolais de faire front commun pour un combat qui va bien au-delà des frontières du conflit physique. La santé est un droit fondamental, et il est impératif que la voix des populations vulnérables, malades et déplacées, soit enfin entendue.

Le Sud-Kivu mérite une chance de renaître de ses cendres, non seulement par des efforts sécuritaires, mais aussi par des actions humanitaires solides et durables. Le temps des paroles est révolu ; place à l’action.