Comment l’initiative du maire de Matadi pour soutenir les jeunes en formation militaire pourrait-elle transformer l’engagement citoyen face au chômage?


### Matadi : Une initiative citoyenne pour soutenir les jeunes en formation militaire

Le maire de Matadi, la capitale provinciale du Kongo-Central, a récemment dévoilé une initiative qui vise à renforcer l’unité et la solidarité au sein de sa communauté. Dans un communiqué de presse daté du 21 février 2025, il a annoncé l’organisation de cultes œcuméniques prévus pour le 23 février, ainsi qu’une collecte de fonds dédiée aux jeunes hommes et femmes en formation militaire à Kitona, près de Muanda. Cette décision, qui intervient dans un contexte social et économique complexe, mérite d’être examinée sous plusieurs angles.

#### Un contexte socio-économique délicat

La République Démocratique du Congo (RDC), et plus particulièrement le Kongo-Central, fait face à des défis économiques significatifs. Le chômage reste élevé, particulièrement chez les jeunes, qui représentent une grande partie de la population. En organisant ces cultes, le maire ne se limite pas à un acte de solidarité envers les jeunes en formation militaire ; il interpelle également la population sur les réalités de l’emploi et de l’engagement civique.

Dans un pays où le taux de chômage des jeunes est estimé à environ 30% selon la Banque Mondiale, il est crucial de créer des opportunités. La formation au sein des forces armées peut être perçue comme une technique d’insertion professionnelle. Toutefois, il est nécessaire de s’interroger sur les conditions de cette insertion : est-elle véritablement bénéfique ou constitue-t-elle un simple palliatif à un manque de perspectives ? La collecte de fonds pourrait donc également servir de levier pour aborder des routes alternatives d’insertion.

#### Une démarche œcuménique : un symbole d’unité

Le choix d’une approche œcuménique, impliquant toutes les confessions religieuses, souligne la volonté du maire d’unir la population autour d’une cause commune. En prenant cette initiative, il invite la population à se rassembler non seulement autour de la prière, mais également autour d’un projet collectif porteur d’espoir. Ce type d’événement peut créer un sentiment d’appartenance qui dépasse les clivages religieux et ethniques, un véritable défi dans une nation marquée par des divisions historiques.

Les cultes de prière pour la nation peuvent également servir de catalyseur pour un dialogue citoyen sur la paix et la réconciliation. Dans le contexte actuel, où la RDC a souvent été le théâtre de conflits, ces moments de recueillement peuvent inciter la population à réfléchir sur la nécessité d’un avenir pacifié et solidaire.

#### Une collecte de fonds : pour quelle finalité ?

L’aspect le plus concret de cette initiative réside dans la collecte de fonds. Voici une opportunité de réfléchir aux mécanismes de financement des activités militaires et éducatives au pays. Pourquoi solliciter directement la population pour soutenir une institution de l’État ? Cela soulève des questions sur la capacité du gouvernement à assurer la formation militaire de ses ressortissants sans dépendre de l’initiative citoyenne.

Cette collecte pourrait également être perçue comme un test pour jauger l’engagement de la société civile. Dans quelle mesure les habitants de Matadi sont-ils prêts à investir financièrement dans la formation d’une jeunesse qui, pour beaucoup, n’a pas d’autre choix que d’adhérer à des programmes de pouvoir où l’esprit de service civique est mis en avant ?

#### Vers un avenir plus inclusif ?

En conclusion, l’initiative du maire de Matadi ne doit pas simplement être considérée comme un acte isolé, mais comme un témoin d’une dynamique sociale en mouvement. En mobilisant la communauté autour des cultes et de la collecte de fonds, il offre une plateforme pour une discussion plus large sur l’éducation, l’engagement civique, et la réinsertion professionnelle des jeunes.

Si ces efforts se révèlent fructueux, ils pourraient cimenter un précédent pour d’autres provinces et collectivités du pays, illustrant que la solution aux défis sociaux réside non seulement dans les politiques gouvernementales, mais aussi dans la mobilisation active de la société civile. Les yeux de la nation sont désormais rivés sur Matadi, et l’impact de cette initiative pourrait bien résonner bien au-delà des frontières de la province du Kongo-Central.