Comment les derniers tirs à Lubero-Centre révèlent la fracture entre la population et les forces de sécurité en RDC ?


**Lubero-Centre : entre psychose et réalité, une exploration des tensions sécuritaires dans le Nord-Kivu**

Le jeudi 20 février, une série de coups de feu a retenti à Lubero-Centre, une localité du Nord-Kivu en République Démocratique du Congo, réveillant des échos de terreur au sein d’une communauté déjà éprouvée par des années de conflits armés. Ce qui est peut-être le plus frappant dans cette situation, c’est la rapidité avec laquelle la frayeur s’est propagée parmi les habitants, paralysant toutes les activités socio-économiques dans la région.

**La résonance des coups de feu : plus qu’un simple incident**

Il est crucial d’aborder ce moment d’angoisse non pas comme un simple incident isolé, mais plutôt comme un révélateur des fractures profondes qui traversent la société congolaise. La peur engendrée par les coups de feu, attribués à un groupe de militaires indisciplinés, reflète une dynamique plus complexe. Les conflits dans cette région sont souvent exacerbés par la méfiance envers les forces de l’ordre, une méfiance qui, dans plus d’un cas, a été alimentée par les abus de pouvoir. La répétition de tels événements incite les habitants à craindre non seulement les rebelles, comme ceux du M23, mais aussi ceux censés les protéger.

**Une lecture socio-historique du climat d’insécurité**

Pour comprendre pleinement la situation, il est essentiel de prendre du recul et de rappeler la situation historique dans le Nord-Kivu. Cette province a connu un cycle de violences qui remonte à des décennies, façonné par des guerres civiles, des interventions étrangères et des luttes ethniques. L’instabilité des forces armées et la présence persistante de groupes armés ont engendré une culture de méfiance. La déclaration du colonel Alain Kiwewa, administrateur du territoire de Lubero, s’inscrit dans un discours de banalisation des tensions. Sa tentative de rassurer la population est révélatrice d’un défi plus vaste : comment reconstruire une confiance quand l’expérience continue de contredire les promesses de sécurité ?

**Statistiques inquiétantes : une tendance alarmante**

Les statistiques de l’Institut Congolais pour la Protection et l’Étude des Droits de l’Homme montrent que près de 40 % des habitants du Nord-Kivu souhaitent quitter leur province en raison de l’insécurité. Cette colonne de mécontentement est alimentée par des épisodes comme celui de Lubero-Centre. L’absence de mécanismes transparents de responsabilité au sein des forces militaires et un manque de programmes de réconciliation renforcent les perceptions que la sécurité est un privilège, et non un droit.

**L’appel à la confiance et le rôle des ONG**

L’appel du colonel Kiwewa à la confiance envers les autorités actives et les « patriotes Wazalendo » s’inscrit dans un discours souvent entendu dans des contextes similaires, où des responsables cherchent à apaiser les craintes par des promesses vagues d’amélioration. Toutefois, ce discours doit être couplé avec des engagements tangibles vis-à-vis des droits humains et des mécanismes de contrôle. Des ONG comme Human Rights Watch et Médecins Sans Frontières travaillent inlassablement pour rappeler aux autorités nationales et internationales la nécessité d’une approche axée sur les droits humains et le soutien aux communautés pour restaurer cette confiance érodée.

**Perspectives d’avenir : un chemin chaotique mais potentiel**

Malgré l’efficacité du discours de réassurance, l’avenir de Lubero-Centre et du Nord-Kivu en général reste incertain. Les problèmes systémiques de gouvernance, de corruption et de mal-être social doivent être abordés de manière proactive pour éviter que des événements similaires ne se reproduisent. Une réflexion sur les programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR), adaptés à la réalité locale, pourrait offrir un chemin vers une plus grande stabilisation.

En somme, l’approche à adopter face aux événements de Lubero-Centre doit être une stratégie globale qui implique aussi bien des forces de sécurité que des initiatives communautaires. La route est semée d’embûches, mais avec une volonté politique sincère, un engagement des ONG et une implication des populations locales, il est possible d’aspirer à une coexistence pacifique. Lubero-Centre, comme tant d’autres baies de tension, pourrait devenir un miroir de résilience, une occasion pour transformer la peur en espoir.