Pourquoi les entreprises Traxys et Mine Terra sont-elles accusées de financer le M23 en exploitant les mines de Rubaya en RDC ?


### La Face Cachée de l’Exploitation Minérale en République Démocratique du Congo : Quand la Survie Économique Rime avec Conflit

Le 6 février 2025, la Ligue congolaise de lutte contre la corruption (LICOCO) a jeté un pavé dans la mare en affirmant que des entreprises internationales, notamment Traxys, Mine Terra et Sunrise, exploitent illégalement des minerais à Rubaya, au Nord-Kivu, via des mécanismes opaques reliant le Rwanda à des réseaux mafieux. Ce communiqué a des résonances qui dépassent le simple cadre d’une dénonciation. Cela soulève des questions fondamentales sur les équipements juridiques en place, la responsabilité des entreprises et les coûts humanitaires de cette exploitation.

#### Un Contexte Minier Exceptionnel

La République Démocratique du Congo (RDC) est l’une des nations les plus riches en ressources minérales au monde, disposant de vastes réserves de coltan, de cobalt et d’autres minerais précieux. Pourtant, il est paradoxal que cette richesse, au lieu de contribuer au développement socio-économique, semble alimenter la violence et la corruption. Selon des estimations de l’Organisation mondiale des Nations Unies, près de 3,3 millions de personnes ont été déplacées dans l’est du pays à cause des conflits liés aux ressources.

Il est crucial de rappeler que la réglementation européenne sur les minerais de conflit, entrée en vigueur en 2021, avait pour intention de restreindre le flux de minerais issus de zones de conflit. Malheureusement, la LICOCO déplore son manque d’opérationnalité, laissant le champ libre à des acteurs malveillants qui tirent profit des failles du système.

#### Entreprises face aux allégations : Transparence ou Distraction ?

Les entreprises incriminées, bien qu’ayant réfuté les accusations avec des déclarations d’intention sur leur engagement envers des pratiques d’approvisionnement responsables, se voient maintenant confrontées à un défi majeur : la perception publique de leur image. Les allégations d’exploitation de minerais par l’entremise de sociétés écrans illuminent une réalité peu reluisante où des pratiques douteuses se cachent derrière des façades d’intégrité.

Pour illustrer ce phénomène, on pourrait examiner le cas de certaines entreprises de la région de l’Afrique de l’Ouest qui ont réussi à naviguer dans les eaux troubles de la réglementation minière tout en préservant une image d’entreprise responsable. Par exemple, des initiatives telles que la « Certification Eco-Management » ont vite été adoptées pour dissuader les pratiques d’exploitation illicite. Ces exemples soulignent l’importance d’une vigilance accrue et d’une réglementation stricte pour pérenniser le développement d’une économie minière éthique en RDC.

#### Un Réseau Maffieux : Les Implications Géopolitiques

Le rôle du Rwanda dans cette affaire pose des questions géopolitiques complexes. La LICOCO insiste sur l’existence d’un « grand réseau maffieux international », et cela ne peut être pris à la légère. Les tensions entre la RDC et le Rwanda sont historiques, mais le fait que cette dernière ait réussi à se positionner comme un exportateur majeur de minerais comme le coltan, sans avoir de gisements significatifs, laisse penser qu’il existe des dynamiques d’exploitation clandestine en cours.

L’interconnexion entre les activités des corporations rwandaises et les groupes armés en RDC évoque des situations similaires observées dans d’autres parties du monde, comme au Venezuela ou en Libye, où la lutte pour le contrôle des ressources a exacerbé les conflits internes. Il est impératif que les acteurs internationaux, en particulier les pays ayant des intérêts économiques en RDC, prennent une position ferme contre ces pratiques, sous peine de devenir complices d’une situation tragique qui s’éternise.

#### Vers une Réforme Durable

La LICOCO appelle à une réforme systémique pour endiguer ces pratiques. Cela nécessite non seulement une application rigoureuse des règlements existants, mais aussi une transparence radicale au sein des chaînes d’approvisionnement. Une meilleure traçabilité peut être assurée par des technologies comme la blockchain, qui permettent de suivre les minerais de leur extraction à leur commercialisation.

Statistiquement parlant, il est à noter que les entreprises disposant de programmes de responsabilité sociale d’entreprise (RSE) voient une meilleure stabilité de leurs opérations. Cette stabilité se traduit souvent par une réduction des conflits et une augmentation de la confiance des investisseurs. En intégrant ces pratiques, les sociétés peuvent non seulement améliorer leur image, mais également contribuer à un changement positif sur le terrain.

#### Conclusion : Une Passerelle vers l’Avenir

L’affaire révélée par la LICOCO met en lumière les enjeux exacerbés du rapport entre ressources naturelles, corruption et violence en RDC. Ce dossier invite à une réflexion profonde sur le rôle des entreprises multinationales, ainsi qu’à une action concertée au niveau international pour rétablir la justice et la paix.

Pour mettre fin à cette spirale de violence et d’exploitation, il faut non seulement des réformes réglementaires, mais aussi un changement des mentalités tant au niveau des décideurs que des consommateurs. La prise de conscience collective pourrait devenir le ferment d’un futur où les ressources minières du Congo bénéficieront enfin à son peuple, transformant ce trésor caché en un moteur de développement durable et de prospérité partagée. La route est encore longue, mais elle commence par des décisions courageuses dès aujourd’hui.