**La Mobilisation Populaire à Lisala : Un Appel à l’Unité Face à l’Agression Rwandais**
Le 30 janvier 2025, Lisala, capitale de la province de la Mongala, a résonné au son des pas d’une population unie, rassemblée derrière son gouverneur, Jean Collins Makaka Pap’ekaka. Dans un climat d’insécurité persistante, aggravé par la violence du M23 et l’influence rwandaise en République Démocratique du Congo (RDC), les citoyens ont pris d’assaut les rues pour manifester leur solidarité envers le chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi, et soutenir les Forces Armées de la RDC (FARDC).
Cette dynamique de mobilisation populaire n’est pas simplement un acte symbolique, mais le reflet d’un contexte sociopolitique préoccupant. La RDC, riche en ressources naturelles, fait face à des enjeux géopolitiques complexes et une instabilité interne profonde, exacerbée par une série de conflits régionaux. Les allégations récurrentes de soutien rwandais au M23, groupe armé accusé d’attaques sur le sol congolais, soulèvent des questions sur la souveraineté nationale et l’efficacité des mesures de sécurité prises par le gouvernement.
Le discours du gouverneur Makaka a résonné avec force : l’assertion d’un « non » catégorique aux interventions rwandaises et aux violences subies par la population des provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri s’inscrit dans une stratégie plus large de renforcement du nationalisme congolais. La demande de retrait immédiat des forces étrangères, ainsi que la réclamation de sanctions internationales contre les acteurs responsables de violations des droits humains, constitue une détermination à restaurer la dignité du peuple congolais.
Cependant, cette mobilisation populaire révèle aussi des dimensions plus profondes. D’une part, elle souligne un besoin urgent de solidarité interne face à un ennemi perçu. D’autre part, elle interroge sur l’absence de réponse efficace de la communauté internationale, souvent vue comme ambiguë ou même complice dans cette crise. De nombreux observateurs s’accordent à dire que le soutien international à la RDC, en particulier dans des moments cruciaux, a été défaillant, donnant l’impression que le devenir du pays pourrait être sacrifié sur l’autel des intérêts géopolitiques.
Il convient également d’examiner le rôle des jeunes et des élites, comme le suggère le gouverneur. La jeunesse congolaise représente une force vigoureuse, avec près de 60% de la population ayant moins de 25 ans. Pourtant, leur engagement politique est souvent modéré par le désespoir face à un avenir incertain. Le message du gouverneur pourrait donc revitaliser cette population cruciale qui pourrait apporter un changement significatif si elle s’organise autour d’un projet national.
Sur le plan scientifique, une analyse des données montre que la région de l’Est de la RDC a connu une hausse alarmante des conflits armés depuis 1996. Selon le Rapport du Global Peace Index 2023, la RDC est l’un des pays les moins pacifiques au monde, la violence armée étant le principal facteur de cette instabilité. En parallèle, les richesses naturelles telles que l’or, le coltan et le diamant continuent d’être pillées, souvent par des acteurs étrangers qui exploitent la situation pour leurs propres bénéfices.
Les manifestations à Lisala ne peuvent donc être considérées comme un simple fait divers. Elles incarnent un appel à l’unité, une dénonciation des injustices et une revendication pour un avenir plus stable et prospère. Certes, les slogans hurlant « non à l’agression rwandaise » peuvent sembler simplistes, mais ils sont chargés d’une histoire de résistance et de désespoir face à des décennies d’exploitation et de violence.
Au final, l’issue de cette mobilisation dépendra de la capacité de la RDC à transformer cette énergie collective en action politique tangible. Les défis sont immenses, mais l’engagement visible des Congolais à Lisala témoigne d’une résilience indéniable qui, si elle est canalisée, pourrait très bien être le premier pas vers une nouvelle ère de responsabilité et d’autodétermination pour cette nation qui mérite d’écrire son propre avenir, loin des ingérences extérieures. Les regards doivent désormais se tourner vers le gouvernement congolais et la communauté internationale, qui doivent répondre avec des actions concrètes à ces appels pressants de justice et de paix.