Comment l’ingérence rwandaise aggrave-t-elle la crise sécuritaire à Goma et quelles solutions peuvent être envisagées ?


**La Situation Sécuritaire à Goma : Réflexions sur un Conflit Persistant et ses Répercussions Socio-Politiques**

En ce début d’année 2025, la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu en République Démocratique du Congo (RDC), se trouve une fois de plus au cœur de l’actualité, marquée par des tensions militaires et une instabilité persistante. La récente déclaration de Patrick Muyaya, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement congolais, souligne la présence de l’armée rwandaise dans la région, une situation qui n’est pas simplement une anomalie sur la carte géopolitique, mais un miroir révélateur des fractures politiques et sociales qui rongent la RDC depuis plusieurs décennies.

### La Chronique d’un Conflit Annoncé

La région des Grands Lacs, incluant le Rwanda et la RDC, est l’une des zones les plus instables du monde. Les rivalités ethniques, les guerres pour le contrôle des ressources naturelles et l’ingérence militaire étrangère font partie du quotidien des habitants de cette région. Le groupe rebelle M23, soutenu selon certaines sources par le Rwanda, est accusé d’avoir pris le contrôle de Goma, soulignant une fois de plus l’échec des stratégies sécuritaires congolaises.

Les voyants sont au rouge. Selon les statistiques d’organisations humanitaires, plus de 5 millions de personnes ont été déplacées à cause de la violence persistante dans l’est du pays. Parmi elles, un grand nombre sont des familles qui fuient les combats, cherchant désespérément à trouver refuge et sécurité. Cette situation humanitaire désastreuse est exacerbée par des conditions de vie précaire et l’accès limité aux services essentiels.

### L’impact psychologique sur la population

La déclaration de Patrick Muyaya, dans laquelle il appelle les Congolais à rester chez eux et à se mobiliser contre la propagande, révèle une stratégie de communication gouvernementale qui, tout en cherchant à rassurer la population, minimise la gravité de la situation. Ce type de discours peut entraîner un sentiment d’inefficacité et d’abandon chez les habitants de Goma, qui se trouvent pris entre les feux croisés des conflits armés et l’incapacité d’un gouvernement perçu comme distant.

Le climat de peur et d’incertitude engendré par la violence militaire a des répercussions psychologiques profondes sur la population. Des études montrent que les traumatismes psychologiques sont à l’origine d’une variété de problèmes de santé mentale, de l’anxiété aux troubles de stress post-traumatique. Les enfants, en particulier, sont durement touchés, leur développement étant entravé par un environnement instable.

### Une Réflexion sur la Diplomatie Régionale

Dans ce contexte, la diplomatie régionale apparaît comme une nécessité incontournable. Le rôle du Rwanda dans la crise du Nord-Kivu ne sera pas résolu par des méthodes militaires seules, mais nécessite un dialogue constructif entre les nations de la région. Le soutien international, y compris les pressions diplomatiques sur le Rwanda, pourrait jouer un rôle clé. Le retour à la paix durable passe inévitablement par un engagement sincère à traiter les causes profondes des conflits, telles que la pauvreté, l’exclusion et l’injustice.

### Vers une Réforme Structurale en RDC

Il est essentiel que le gouvernement congolais envisage une réforme structurelle de ses institutions militaires et de sécurité, tout en mettant l’accent sur la construction de la confiance entre la population et les forces de l’ordre. Les programmes de formation axés sur les droits de l’homme et la protection des civils devraient être une priorité. La renforcer la gouvernance locale et l’implication communautaire dans la sécurité contribuera à une réponse plus efficace et humaine face à la violence.

### Conclusion

La situation actuelle à Goma est le reflet d’une crise systémique qui ne se limite pas à un conflit armé, mais qui englobe des dimensions économiques, sociales, psychologiques et politiques. En ces temps critiques, il est impératif que les différents acteurs – gouvernement, société civile, communautés internationales – collaborent pour forger un chemin vers la paix. L’espoir de la RDC ne peut reposer que sur une mobilisation collective, une vision éclairée et une détermination à surmonter les héritages douloureux du passé. Face aux défis que pose la présence de forces armées étrangères et aux aspirations légitimes d’une population, il est temps d’imaginer une RDC autonome, dynamique et résiliente.