Comment l’attaque de l’ISWAP à Malam-Fatori révèle-t-elle l’urgence d’une approche holistique dans la lutte contre le terrorisme au Nigeria ?


### L’Infiltration Sombre dans le Nord-Est du Nigeria : Une Guerre Non Seulement sur le Terrain, mais dans les Esprits

Le récent assaut tragique des combattants du groupe État islamique Afrique de l’Ouest Province (ISWAP) sur un bataillon de l’armée nigériane à Malam-Fatori n’est pas qu’un simple événement de guerre : il est le reflet d’un conflit de longue durée, marquant une modification des dynamiques de pouvoir dans la région. Au-delà du décompte macabre de 20 soldats, dont un officier supérieur, meurtris par la brutalité inattendue de cet assaut, ce fait aggravé nous rappelle de manière choquante l’engrenage de violence qui assaille le nord-est du Nigeria depuis plus d’une décennie.

#### Un Conflit Non Linéaire

Depuis la scission de Boko Haram en 2016 pour créer ISWAP, la violence n’a fait qu’escalader. À la lumière de la situation actuelle, il semble que des cicatrices profondes, tant physiques que psychologiques, conditionnent la perception d’une guerre qui, en surface, pourrait sembler déplacée ou limitée à des enjeux territoriaux. En fait, cette violence est le résultat d’un écosystème de désespoir créé par la pauvreté, l’insécurité alimentaire, et un manque d’accès aux services de base. Un rapport de l’Union africaine indique que près de 7 millions de Nigérians souffrent de malnutrition sévère, un terreau fertile pour les idéologies extrémistes qui promettent une forme de pouvoir et de contrôle aux plus désespérés.

#### Une Réponse Militaire Insuffisante ?

L’anticipation du déploiement de forces militaires afin de contenir ISWAP pourrait tomber dans un piège de réactivité. Les soldats qui ont survécu à l’attaque ont souligné un élément crucial : l’impression écrasante d’être submergés, des combats acharnés où la puissance de feu de l’ennemi a pris le pas sur la formation et l’organisation des troupes. Cela souligne les lacunes stratégiques de l’armée nigériane, où le renseignement, la logistique et le soutien psychologique semblent faire défaut. Au lieu de demeurer uniquement dans le cadre d’opérations militaires, il serait peut-être temps de redéfinir la manière dont le gouvernement et la communauté internationale considèrent la réponse aux menaces terroristes.

#### La Dimension Psychologique du Conflit

L’infiltration progressive de l’idéologie terroriste dans les esprits et les cœurs des populations locales requiert une attention toute particulière. En effet, les jeunes hommes et femmes sont attirés non seulement par la promesse d’un salaire, mais également par un sens de communauté et d’appartenance. Voici un fait surprenant : une étude menée par l’Institute for Security Studies a révélé que près de 60% des jeunes ayant rejoint des groupes armés au Nigeria n’avaient pas pu accéder à l’éducation formelle depuis plusieurs années. Il est impératif, alors, de se concentrer non seulement sur des opérations militaires, mais aussi sur des interventions sociales et éducatives pour contrer la radicalisation.

#### Une Réflexion sur la Résilience

Face à une telle adversité, la résilience de la population civile ne peut être sous-estimée. Alors que des centaines de milliers de personnes ont été déplacées, les communautés locales se regroupent, créant des systèmes de soutien mutuel, témoignant d’une résistance face à l’adversité. Peut-être que le véritable combat à mener passe par la valorisation de ces efforts communautaires, par la provision de ressources et un soutien accru au développement local. Des initiatives innovantes comme l’éducation inclusive, la création d’emplois durables, et des programmes de réinsertion pour les anciens combattants pourraient renforcer non seulement la sécurité, mais aussi la stabilité à long terme.

#### Conclusion : Au-delà du Combat

Le massacre à Malam-Fatori met en évidence une tragédie qui dépasse le simple cadre militaire. Elle témoigne de l’échec collectif d’un système à protéger ses citoyens, d’un échec qui est multiforme et qui nécessite une approche intégrée, mobilisant les acteurs humanitaires, éducatifs et communautaires. La lutte contre le terrorisme dans le nord-est du Nigeria ne peut se limiter à une simple dynamique de force : elle doit embrasser une compréhension plus profonde des raisons sociopolitiques et économiques qui, alimentant les luttes, menacent non seulement la sécurité des régions affectées, mais aussi l’avenir de tout un pays. Fatshimetrie.org reste déterminé à suivre l’évolution de cette situation complexe, appelant à une lutte qui soit non seulement sur le champ de bataille, mais dans les cœurs et les esprits des Nigérians.