Quelle est l’ampleur du scandale de corruption autour du contrat d’électricité au Gabon et quelles en seront les conséquences sur la gouvernance ?


**Gabon : Ombres et Lumières – Une Affaire de Contrat Électrique qui Révèle les Failles du Système**

L’ombre d’un scandale de corruption plane sur le ciel déjà chargé de préoccupations économiques du Gabon. Au cœur de cette tempête, deux figures du gouvernement prennent des flèches de la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite : Mays Mouissi, ancien ministre de l’Économie devenu ministre de l’Environnement, et Charles Mba, l’actuel ministre du Budget. L’affaire concerne un contrat de fourniture d’électricité passé avec la société turque Karpowership, dont les implications soulèvent des questions fondamentales sur la gestion des ressources publiques et la transparence gouvernementale.

### Un Contrat Sous Surveillance

Avec un budget colossal de 12 milliards de FCFA par mois, ce contrat ne passe pas inaperçu. Il est destiné à résoudre les graves problèmes de délestage qui affectent Libreville, la capitale gabonaise, depuis plus d’un an. Dysfonctionnements récurrents de l’approvisionnement électrique, promesses de solutions temporaires par le biais de bateaux-usines… Le tableau est complexe. À première vue, l’accord avec Karpowership se justifie par l’urgence d’une situation critique. Cependant, les sommets des coûts et les conditions floues attaquent la légitimité de cette solution. La fourniture de fuel à la société destinée à faire fonctionner ces installations rajoute une pression financière qui pourrait s’avérer insoutenable pour les finances publiques gabonaises.

### Les Conséquences pour la Population et l’Économie

Les délestages ont un impact direct non seulement sur le quotidien des citoyens, mais aussi sur l’économie nationale. Les entreprises, notamment dans le secteur des services, traînent des pieds face à une demande sans cesse croissante mais entravée par des coupures d’électricité imprévisibles. Selon des ratios économiques récents, les pertes potentielles dues à cette instabilité énergétique pourraient atteindre les 3% du PIB, un chiffre alarmant pour un pays où la croissance est déjà fragile.

### Une Réaction Sociétale Élargie

La réaction de la société civile est tout aussi significative. Les dénonciations et les mises en garde proviennent non seulement de groupes de défense des droits humains, mais aussi d’un large éventail d’organisations non gouvernementales. L’inquiétude croissante face aux montants engagés et aux conditions souvent opaques souligne un mécontentement général vis-à-vis d’un gouvernement qui, jusqu’ici, a souvent été perçu comme inactif face à la corruption. Dans une ère de climat politique tumultueux, ces protestations peuvent s’apparenter à une nouvelle dynamique de défiance qui pourrait renverser des années de passivité politique.

### Une Commission sur le Feu

L’action de la Commission nationale de lutte contre la corruption s’inscrit dans un récit plus vaste, celui d’un Gabon à la recherche de sa crédibilité à l’international. En adressant une lettre au Procureur de la République, la commission signale son intention d’étendre son enquête à d’autres personnalités, allant jusqu’aux dirigeants de la Société des patrimoines, du Fonds gabonais des investissements stratégiques, et d’autres organismes. Une telle démarche implique un désir de sérieux et de transparence, mais elle soulève aussi des interrogations sur l’impartialité des processus de contrôle et de sanction en place.

### L’Éveil d’une Nouvelle Conscience Civique

Ironiquement, ce scandale pourrait revêtir des traits d’une forme de catharsis pour le pays. Si les mines des citoyens montrent une frustration croissante, ces émotions peuvent également se transformer en une pression positive pour susciter des réformes. À travers des discussions sur la révision des contrats à long terme et la transparence des processus d’attribution, il pourrait émerger des opportunités pour établir de nouvelles normes éthiques.

### En Conclusion

Le Gabon se trouve à un carrefour délicat. En révélant des anomalies potentielles dans la gestion des contrats publics, cette affaire pourrait bien incarner une opportunité d’éveil face à un passé souvent entaché de pratiques corrompues. La lumière qui est aujourd’hui projetée sur ces membres du gouvernement pourrait, finalement, être le prélude à une gouvernance plus responsable, réclamée par un peuple fatigué de l’opacité et d’un système qui semble, par moments, davantage servir des intérêts privés que l’intérêt public. Ce processus de transformation sera certainement long et ardent, mais dans ce combat pour l’intégrité et la transparence, chaque voix compte, chaque pas est essentiel. Au Gabon, le temps est désormais à la vigilance et à l’engagement civique.